samedi 25 juillet 2009

Dérive autoritaire du régime Kabila dénoncée à mi-mandat



La FIDH a réservé la primeur de son rapport aux autorités congolaises, dont plusieurs ministres, auquel il a été présenté au cours de la visite de sa délégation à Kinshasa. "Les autorités congolaises parlent d'exagérations", a conclu M. Van Der Meerschen.

La Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH) a dénoncé vendredi la "dérive autoritaire du régime" du président congolais Joseph Kabila, accusant le pouvoir de Kinshasa de mener une "politique systématique du harcèlement des voix dissidentes". Des les premiers mois qui ont suivi les élections de 2006 - les premiers scrutins démocratiques en 40 ans dans l'ex-Zaïre -, "la dérive autoritaire du régime était perceptible et celle-ci n'a depuis lors fait que s'accentuer", indique un rapport rédigé après une mission d'enquête sur place en avril et présenté vendredi à Bruxelles. "Les autorités gouvernementales ont radicalisé leurs positions vis-à-vis des voix contestataires, qu'elles soient politiques, associatives, syndicalistes", ajoute ce rapport, publié à la mi-mandat du président Kabila, élu fin 2006 à la tête de la République démocratique du Congo (RDC).

Alors que les premières élections multipartites organisées en 2006 étaient porteuses d'espoir quant à l'établissement de l'Etat de droit en RDC, le rapport démontre que les premières années d'exercice du pouvoir légitime ont été marquées par des entraves importantes aux libertés fondamentales et l'étouffement, en toute impunité, de certaines voix contestataires par des moyens contraires aux dispositions nationales et internationales de protection des droits de l'Homme. "Ceux qui osent s'élever (contre le régime et ses pratiques) et contester sont systématiquement visés par le pouvoir en place", a souligné au cours d'une conférence de presse à Bruxelles le président de la ligue belge francophone des droits de l'Homme, Benoît Van Der Meerschen, rentré en début de matinée de Kinshasa, où le rapport a déjà été présenté jeudi par la FIDH et ses organisations membres, l'Association africaine de défense des droits de l'Homme (ASADHO), le Groupe Lotus et la Ligue des Electeurs.

M. Van Der Meerschen a ainsi évoqué "un parfum de mobutisme" qui recommence à fleurir à Kinshasa. Ce rapport se base à la fois sur des faits et des témoignages précis et circonstanciés de victimes. Il présente notamment les derniers cas de répression contre les défenseurs des droits de l'Homme.

Ces derniers font, selon la FIDH, l'objet d'arrestations et de détentions arbitraires par les forces de sécurité et subissent très souvent des mauvais traitements. Les conditions de détention s'apparentent également à des mauvais traitements contraires aux dispositions garanties par plusieurs conventions internationales. Les forces de l'ordre, souligne le rapport, "confortées dans leurs agissements illégaux par l'impunité totale dont elles jouissent jusqu'à présent".

Quant à la justice, elle est "faible et corrompue" face à "un exécutif de plus en plus fort" qu'elle est censée contrôler, a souligné M. Van Der Meerschen, faisant notamment référence à la décision récente de M. Kabila de révoquer, de mettre à la retraite et de nommer quelque 300 magistrats - dont deux promus qui étaient en détention -, au nom précisément de la lutte contre la corruption. Selon un magistrat de la Cour suprême cité dans le rapport, le budget de la Justice ne représente que 0,16% de celui de l'Etat.

La présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, a pour sa part dénoncé la généralisation de la pratique du viol en RDC. Autrefois présenté comme lié à la situation de guerre dans l'est, le viol s'est généralisé, aussi à Kinshasa, a-t-elle souligné en expliquant que 60% des femmes qui portaient plainte finissaient par la retirer en raison de pressions en sens divers. "Les lois sont bonnes, mais elles ne sont pas appliquées", a dit Mme Belhassen devant la presse.

Elle a également déploré l'abandon, par les bailleurs de fonds internationaux, de projets sur la réforme de la justice, de la police et de l'armée, sans laquelle l'instauration d'un Etat de droit est impossible, au profit d'infrastructures.

La FIDH a réservé la primeur de son rapport aux autorités congolaises, dont plusieurs ministres, auquel il a été présenté au cours de la visite de sa délégation à Kinshasa. "Les autorités congolaises parlent d'exagérations", a conclu M. Van Der Meerschen.

Source : AFP

La Libre Belgique

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