vendredi 22 avril 2011

A qui profite le crime ?

Dans cette vidéo, on dénonce le non-respect de la déontologie journalistique par certains acteurs des médias.
« C'est une alchimie compliquée que de marier des faits, la critique de l'information et la réflexion elle-même. [...] le journaliste [...] ne doit pas être un porteur de rumeurs mais le serviteur des faits [...] », disait François Mitterrand.


vendredi 15 avril 2011

Côte d’Ivoire : Rude tâche pour Alassane Ouattara

Les images de l'arrestation de Laurent Gbagbo n'augurent rien de bon
pour la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire.

Depuis l'arrestation, lundi 11 avril, de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de son épouse Simone, les chaînes de télévision du monde entier passent en boucle des images humiliantes du couple. Ces images ont un effet dévastateur, en particulier sur les Ivoiriens qui considèrent encore Gbagbo comme leur champion.
Certes, il était important de montrer que le couple Gbagbo était en vie. Mais rien ne pressait. Il eut été préférable de prendre le temps de réfléchir à la gestion de cet événement, non pas dans l'intérêt de quelques revanchards, mais dans la perspective du temps long, dans lequel s'inscrit inévitablement le projet de réconciliation qu'Alassane Ouattara appelle de ses vœux.
Malheureusement, la précipitation, l'amateurisme, voire les enjeux politiciens semblent avoir pris le pas sur tout le reste. Pourtant, la chute de Gbagbo n'annonce pas la fin de la crise ivoirienne. S'il veut être le président de tous les Ivoiriens, ce qui est un minimum, au vu du très large soutien dont il a bénéficié à travers le monde, Alassane Ouattara devra inévitablement donner des gages d'équité et d'impartialité. La tâche sera rude! Car, dans ce pays gangrené par des haines recuites, Alassane Ouattara devra dépasser ses rancœurs ou celles des membres de son camp, pour remettre la Côte d'Ivoire sur les rails.
S'il est à ce jour un peu prématuré de parler de gouvernement d'union nationale, le président Ouattara devra obligatoirement donner de la place à ses adversaires d'hier, après une douzaine d'années douloureuses, destructrices et meurtrières. Toute la question est de savoir comment. Et là rien n'est gagné! Car, au sein de son propre parti, le Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire (RDR), tous ses compagnons de route, qui ont longtemps courbé l'échine, qui ont lutté parfois au péril de leur vie, ne voudront pas jouer les seconds rôles.
Il y a l'allié inattendu, Henri Konan Bédié. Celui-là même qui a tout fait pour empêcher Ouattara d'être candidat à l'élection présidentielle en instrumentalisant le concept d'ivoirité. Aujourd'hui, leur alliance au sein du Rassemblement des Houphouétistes leur a permis de remporter la présidentielle. Et, ce qui n'est pas un moindre avantage, cette union a permis à Ouattara de moins paraître comme le candidat du Nord de la Côte d'Ivoire, voire le candidat de l'étranger, pour tous ceux qui considèrent qu'il n'est pas Ivoirien mais Burkinabè.
Bédié voudra probablement bénéficier des gains légitimes de ce soutien décisif. Et l'on peut aisément imaginer que les exigences de Bédié et de son Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) seront nécessairement importantes.
Et puis il y a Guillaume Soro. Actuel Premier ministre de Ouattara, après avoir servi aux côtés de Gbagbo au même poste, Soro est aussi le chef politique quasiment incontesté des Forces nouvelles, les anciens rebelles qui contrôlaient la moitié Nord du pays. Ils se sont mis à la disposition de Ouattara et ont été rebaptisées Forces républicaines de Côte d'Ivoire. Mais dans les rangs de ces anciens rebelles, il existe aussi des haines tenaces.
Déjà, certains crient à la gestion ethnique du pouvoir, au vu des nominations auxquelles a procédé Ouattara jusqu'à présent. A l'évidence, la Côte d'Ivoire n'est pas encore totalement sortie de l'ornière. Et surtout, il ne faut pas oublier qu'en principe, quel que soit le pouvoir, il devrait être au service du peuple qui l'a choisi. Espérons qu'il en sera désormais ainsi pour l'ensemble des populations ivoiriennes.
                                                    Robert Kongo, correspondant en France

© Le Potentiel

mardi 12 avril 2011

Grande Marche contre les violations des droits fondamentaux en République Démocratique du Congo, 3ème ACTE

Samedi 30 avril de 13 h 30 à 19 h 00
De Château Rouge (métro) à la place de la République

- NON au tripatouillage électoral ;
- NON aux massacres des populations ;
- NON à l'impunité ;
- NON aux arrestations arbitraires ;
- STOP aux violences faites à la femme congolaise.


samedi 9 avril 2011

La caution de l’exclusion

100.000 USD pour la présidentielle, 5.000 pour les législatives


Qui a dit qu’en RDC, les élections étaient ouvertes à tout le Congolais ? Le projet de loi électorale, bientôt en examen, planterait le décor de l’exclusion aux prochains scrutins. Pour prétendre au poste de candidat président de la République, les candidats doivent payer une caution non remboursable de 100.000 USD, contre 50.000 en 2006. Des candidats députés nationaux, il sera exigé 5.000 USD de caution, contre 250 en 2006, soit une augmentation de 2.000 %.

Après le coup réussi de la révision constitutionnelle, le Parlement prépare une nouvelle bombe. Depuis quelques jours, un projet de loi électorale circule en sous le manteau dans les couloirs du Parlement. Selon certaines indiscrétions, le projet, enregistré depuis le 11 mars 2011 sous le n° 0856 au secrétariat du cabinet du président de l’Assemblée nationale et à la direction des séances le 14 mars sous le n°015, serait déjà transmis au gouvernement pour d’éventuels amendements avant d’être présenté au débat général en plénière. Au niveau du Parlement, la discrétion est telle que tous les députés n’ont pas eu connaissance du projet. L’affaire se négocierait en haut lieu et dans les grands cercles politiques.
Sur le principe, c’est un projet de loi taillé sur mesure qui, dans ses dispositions les plus pertinentes, fait la part belle aux élus en fonction. Il aurait, renseigne-t-on, déjà franchi toutes les étapes de toilettage «politique» et n’attendrait plus que le moment propice pour être soumis à la sanction de la plénière.
Pendant ce temps, l’heure serait au conditionnement des députés et sénateurs pour un passage en douceur du projet de loi dans les deux Chambres du Parlement. De toute façon, les initiateurs du projet pensent faire usage de la stratégie mise en œuvre lors de la révision constitutionnelle. Ils compteraient battre un nouveau record en apprêtant le projet - examiné et adopté- en quelques jours seulement [lire la suite].

© Le Potentiel

mardi 5 avril 2011

Des Congolais en guerre contre Kabila et la pornographie musicale

Fally Ipupa, Werrason et Papa Wemba ont vu leurs concerts annulés en Europe


Constitués en groupes d’activistes politiques opposés au pouvoir du président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, de nombreux Congolais vivant en Europe veulent réinstaurer les bonnes mœurs chez leurs compatriotes. Ils ont pour noms « Bana Congo », « Patriotes combattants » ou encore « Bakolo Congo ». Pour ce faire, ils ont pris pour cible des chanteurs doublement accusés de faire allégeance au pouvoir de Kinshasa et d’attentat à la pudeur, à travers leur production musicale. Werrason, Papa Wemba et récemment Fally Ipupa ont vu leurs concerts annulés en France et en Belgique, suite aux pressions et manifestations [lire la suite].

René Dassié

© Afrik.com

samedi 2 avril 2011

Face à l’action des « Combattants »

Papa Wemba : « Fumons le calumet de la paix »

Depuis le début de l’année, ceux qui se désignent à Paris sous l’appellation des « Combattants » font annuler les concerts des artistes musiciens congolais dans l’Hexagone. Initié par les Congolais de Grande-Bretagne, ce mouvement de protestation s’est étendu dans toute l’Europe. Soupçonnés de soutenir le régime Kabila qualifié d’autoritaire, d’inciter la jeunesse congolaise au libertinage et à la débauche, les artistes musiciens congolais semblent avoir perdu le nord. Le chanteur Papa Wemba, qui a reçu notre correspondant à son domicile parisien, évoque avec un brin d’amertume cette actualité qui fait couler beaucoup d’encre.


Que reprochent les «Combattants » aux artistes musiciens congolais ?
On nous reproche un certain nombre de choses, notamment notre soutien à Joseph Kabila qui, selon eux, est Rwandais, et dont le régime serait dictatorial. Cette histoire a déclenché tellement de vagues qu’il est inutile d’y revenir.

L’actualité est importante …
Ne perdons pas la tête. Nous somme tous des Congolais. Et lorsque dans une famille il y’a un ou des problèmes, il faut se réunir sous l’arbre à palabre pour réfléchir aux moyens et aux synergies à déployer pour y mettre fin. Je dis à mes frères « Combattants » : arrêtons de nous taper dessus et fumons le calumet de la paix.

Les « Combattants » ne refuseront peut-être pas votre approche de choses…
Les « Combattants » sont des hommes et des femmes intelligents. Je peux compter sur eux. Et c’est être de mauvaise foi que de refuser cette main tendue.

Alors, pourquoi n’organisez-vous pas une rencontre avec eux comme l’a proposé le chanteur Dona Mobeti ?
C’est mon souhait. Il faut que nous mettions tout en œuvre pour que cette rencontre ait lieu car je ne veux pas que mes frères et sœurs « Combattants » aient à l’esprit que les artistes musiciens congolais roulent pour le pouvoir en place à Kinshasa. Ce n’est pas vrai. Nous ne collaborons ni avec la majorité présidentielle, ni avec l’opposition. Nous ne sommes pas des hommes politiques, encore moins leurs larbins.

Vous voulez dire par là que Papa Wemba ne soutient pas Joseph Kabila…
J’ai beaucoup de respect pour le président de mon pays. C’est dans ce sens que je soutiens Joseph Kabila et je l’assume. Si c’était Jean-Pierre Bemba, Etienne Tshisekedi ou un des « Combattants » à sa place, je l’aurai soutenu de la même manière. Il faut dire aussi que Kabila n’est pas l’homme que l’on vous dépeint dans les médias et sur des réseaux sociaux. L’avenir du Congo le préoccupe autant que les autres. Il veut travailler pour faire avancer le Congo. S’il y’a quelque chose de mauvais en ce président, cela vient peut-être de son entourage. Le vrai problème, à mon avis, c’est qu’on a inculqué aux « Combattants » que Kabila est un Rwandais. Tout le monde s’est focalisé là dessus !

Vous voulez dire que les « Combattants » sont manipulés…
J’ai tendance à le croire.

Par qui, selon vous ?
Par certains opposants en mal de pouvoir qui utilisent les réseaux sociaux pour répandre leurs mensonges. Honoré Ngbanda est de ceux-là.

Les artistes musiciens congolais ont-ils conscience de la misère dans laquelle vit la population ?
Bien sûr que nous en sommes conscients. Nous vivons avec le peuple au quotidien. Nous sommes donc bien placés pour en parler et chacun de nous compatit à sa manière. Werrason s’occupe avec sa fondation de plus de 200 enfants de rue. Voilà une action qui mérite d’être soulignée. J’entends dire que l’artiste musicien Congolais ne défend pas suffisamment la cause du peuple à l’instar de leurs pairs des autres pays d’Afrique. Sommes-nous obligés de faire du mimétisme ? Au Congo, on ne pratique pas une musique engagée.

On vous reproche également de véhiculer les obscénités dans vos chansons et les danses sont indécentes, sachant que vous êtes dans l’obligation de servir d’exemple pour la jeunesse congolaise…
L’artiste musicien puise son inspiration dans son environnement immédiat et chante les choses de la vie de tous les jours, parce qu’il vit dans une société dans laquelle il est profondément enraciné. Il partage beaucoup de valeurs de cette société. Quant à la recrudescence des danses obscènes sur le petit écran, je dirai que ces danses ont toujours existé au Congo.

N’appartient-il pas aux médias de savoir raison gardée et de ne pas tout faire passer ?
Dans les sociétés traditionnelles africaines, ces danses, encore une fois, ont toujours existé. Alors que diriez-vous de la danse des jumeaux quand on célèbre leur naissance considérée comme un événement ?

On peut aussi demander aux danseuses de travailler dans la créativité tout en évitant de divulguer certaines parties de leurs corps…

Le problème est que ce genre de danses ne convient pas à certains esprits mal intentionnés.  

Pourquoi l’action des « Combattants » a-t-elle un tel impact, selon vous ?
C’est parce qu’il s’agit de l’artiste musicien congolais. Notre musique comme tout le monde le sait domine l’Afrique depuis les années 50. Comme je l’ai toujours dit, nous sommes la cellule créatrice ou la matrice de la musique africaine. Au Congo, nous regorgeons de talents sans cesse renouvelés. Nous sommes respectés de par le monde pour notre savoir faire. Nous sommes fiers de cela. Donc, tout ce qui touche l’artiste musicien congolais ne peut qu’intéresser le commun des mortels. Et notre renommée, nous l’avions avant Joseph Kabila.

Avez-vous un message à transmettre aux « Combattants » ?
Encore une fois, fumons le calumet de la paix. C’est dans l’intérêt de notre pays. Nous souhaitons tous que notre pays aille de l’avant, qu’il soit compétitif sur le plan africain et mondial. Restons unis. Ne laissons pas le choix à l’ennemi qui cherche à nous opposer. Nous sommes frères et compatriotes, battons-nous pour reconstruire notre cher et beau pays, le Congo.

Comment se porte l’album « Notre Père » ?
Très bien. Actuellement, il est l’un des meilleurs albums congolais qui se vendent le mieux sur le marché du disque. J’en suis satisfait.

PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE.

© Le Potentiel 2005