vendredi 24 février 2012

De la spiritualité en politique ?

L'avenir de la République Démocratique du Congo relève-t-il en partie de la spiritualité ? Telle est la question que l'on est amené à se poser à la lecture des belles pages du livre que publiera prochainement Gaspard-Hubert Lonsi Koko chez L'Harmattan. En effet, cet ouvrage intitulé Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique est dédié en premier lieu au Dieu tout puissant et aux forces de l'esprit ; ensuite aux ascendants de l'auteur – les Nlasa Ngandu, les Vuzi di Nkuwa, les Kimuakasa et les Nsala Nkanga – et enfin à son père, sa petite sœur et son petit frère décédés.

Au fil des chapitres, à travers le territoire de Madimba dans le Bas-Congo et les autres contrées de la République Démocratique du Congo, les héros congolais – tels que Kimpa Vita, M'Siri, Simon Kimbangu, Joseph Kasa Vubu, Patrice Lumumba... – côtoient des illustres Gaulois d'obédience socialiste comme Jean Jaurès, Léon Blum et François Mitterrand. Ainsi la dimension internationale de l'auteur consolide-t-elle la vision mystique qui a toujours habité les grandes personnalités.

S'appuyant avec habilité sur l'ironie du peintre et la culture du savant, Gaspard-Hubert Lonsi Koko démontre qu'une victoire, la vraie, s'obtient à travers les batailles qui se déroulent à la frontière entre l'eau et la savane, l'invisible et le visible... Si les peuples ont des chefs qu'ils méritent, une élection doit surtout servir à leur conscientisation et non au simple bourrage d'urnes pour des intérêts personnels.

Antoine Ndontoni

RD Congo : Ousmane Paye confirme la tenue à Kinshasa du 14ème sommet de la Francophonie »

Ousmane Paye : « Au nom de l’Organisation, je vous confirme la tenue à Kinshasa, du 12 au 14 octobre 2012, du 14ème sommet de la Francophonie ». Cette déclaration a été faite au cours d’une interview qu’il a acceptée d’accorder à notre correspondant en France. Le Conseiller spécial du secrétaire général de la Francophonie chargé de l’organisation des sommets, M. Ousmane Paye, confirme ainsi le déroulement à Kinshasa du sommet de la Francophonie 2012. Optimiste, il croit en la volonté des acteurs politiques congolais, toutes tendances confondues, de voir leur pays organiser le Sommet francophone et à la capacité technique de la République démocratique du Congo de le réussir.

- Interview.

Confirmez-vous la tenue à Kinshasa en octobre prochain du 14ème sommet de la Francophonie ?

Au nom de l’Organisation, je vous confirme la tenue à Kinshasa, du 12 au 14 octobre 2012, du 14ème sommet de la Francophonie. Les travaux de préparation sont bien avancés. Depuis le début de l’année 2011, après la désignation de Kinshasa comme ville hôte du 14ème sommet de la Francophonie et la confirmation de celle-ci en 2010 à l’occasion du sommet de Montreux, les missions que j’ai eues à conduire à Kinshasa ont servi d’abord à évaluer la capacité technique de la RDC d’organiser ce sommet, ensuite à voir la mise en place d’un comité congolais d’organisation en charge de la préparation de cette rencontre.
A l’issue des travaux de la 27ème Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) qui s’est tenue ici à Paris les 1er et 2 décembre 2011, la RDC, représentée par M. Raymond Tshibanda, ministre de la Coopération internationale et régionale, président du Comité national d’organisation du sommet de Kinshasa, a repris le flambeau de la présidence de la CMF après Mme Micheline Calmy-Rey, présidente de la Confédération Helvétique. Lors d’une mission à Kinshasa, j’ai eu à remettre officiellement à M. Tshibanda les pré-requis techniques pour l’organisation du sommet en vue de l’élaboration du cahier des charges. Depuis cette date, à l’occasion des réunions de la Commission politique, les émissaires du Comité national d’organisation nous rendent compte régulièrement de l’avancement de leurs travaux de préparation.

Comment expliquez-vous cette rumeur persistante autour d’un report, voire d’une annulation de la tenue de ce sommet en RDC ?

Puisque je n’en suis pas l’auteur, je ne peux pas me l’expliquer et elle ne m’est même pas parvenue. Moi je suis le président du Comité de pilotage en charge pour l’OIF d’organiser le sommet en partenariat avec le Comité national congolais. Et nous sommes au travail.

Certains pays voisins envisagent déjà le transfert du sommet chez eux…

C’est possible, mais c’est vous qui me l’apprenez.

Dans l’hypothèse où il y aurait report, annulation du sommet ou transfert dans un pays tiers, quelles pourraient en être les vraies raisons ?

Je suis très optimiste quant à la tenue à Kinshasa du 14ème sommet de la Francophonie, car il me paraît que c’est la volonté de tous les Congolais d’organiser cette grande rencontre chez eux. J’en déduis donc que ce sommet aura bel et bien lieu. J’ai eu l’avantage de rencontrer beaucoup de responsables politiques congolais, toutes tendances confondues, il n’y en a pas un seul qui remet en question cette opportunité qui s’offre à la RDC de recevoir sur ses terres les 75 délégations francophones. Je voudrais vous rappeler que la RDC est le pays francophone le plus important sur le continent africain, autant sur le plan démographique que géophysique. Et vous savez quelle place occupe la langue française dans ce pays. Donc, il est tout à fait légitime, aujourd’hui, que la RDC ait son sommet et à travers elle l’Afrique centrale. C’est la volonté clairement affichée par le président de la République, le gouvernement ainsi que tous les acteurs politiques congolais que j’ai eus l’honneur de rencontrer.

La RDC est-elle prête pour organiser un tel sommet, selon vous ?

Oui, parce que les Congolais en ont la volonté et la RDC en a la capacité technique. J’ai visité des lieux où peuvent se dérouler les travaux ; des lieux où les délégations peuvent se loger ; des capacités de transport des délégués ; autant d’instruments indispensables à l’organisation d’un sommet qui fondent mon optimisme.

Vous semblez très optimiste, non ?

Du point de vue de l’organisation technique, tout se passe comme nous l’avons toujours fait dans la préparation de tous les sommets. De ce point de vue, tout se déroule selon nos prévisions. Si vous voulez faire allusion à la tension postélectorale qui prévaut en RDC, je vous dis tout de suite que cela relève de la gestion des acteurs politiques congolais qui n’en sont pas à leur première difficulté de politique intérieure. C’est une situation qu’ils ont toujours pu surmonter par le biais du dialogue ou de la médiation. Mais là n’est pas ma responsabilité en tant que président du Comité de pilotage. Je suis, pour ma part, totalement dans mon chronogramme. Voilà la raison objective pour laquelle j’affiche cet «optimisme de la volonté» comme aime à le dire souvent le secrétaire général de la Francophonie, le président Abdou Diouf.

La tension postélectorale qui prévaut en RDC ne pourrait donc compromettre la tenue de ce sommet…

La stabilité politique et sociale est indispensable pour organiser de grands rendez-vous. Et connaissant relativement bien l’histoire de ce pays, mon optimisme m’emmène à penser que les Congolais trouveront une solution consensuelle pour surmonter les difficultés politiques qu’ils rencontrent et ils en sont capables.

N’êtes-vous pas inquiet de la situation politique en RDC ?

Inquiet, non mais plutôt attentif à tout ce qui s’y passe. En raison de cette importante échéance que nous avons devant nous.

Quel regard portez-vous sur le déroulement des élections du 28 novembre 2011 en RDC ?

Je n’étais pas au Congo, notre organisation non plus. Donc, je ne peux porter un jugement quelconque sur le déroulement du processus électoral. J’en ai simplement eu des échos. Des observateurs sur le terrain ont constaté et dénoncé, ici et là, des dysfonctionnements voire des irrégularités. Les résultats définitifs de la présidentielle ont été publiés et le chef de l’Etat a été officiellement investi. Maintenant que les résultats provisoires des législatives sont également publiés et que la session parlementaire vient de s’ouvrir, l’heure est à l’examen des recours déposés. Je vous rappelle que dans un communiqué publié à l’issue des élections du 28 novembre 2011 en RDC, le secrétaire général de la Francophonie a demandé d’user des voies légales pour toute contestation pour déposer des recours en recommandant leur examen objectif et minutieux par la Cour suprême de justice avant la proclamation des résultats définitifs. Et ceci en écartant toute violence et en privilégiant le dialogue et le respect de la légalité.

Concrètement, quel rôle entend jouer l’OIF pour apaiser la tension postélectorale en RDC ?

Le secrétaire général le dit à maintes occasions : l’OIF est à la disposition de tous ses pays membres, y compris la RDC qui peut comme tout autre solliciter son expertise, sa facilitation et sa médiation.

Pensez-vous que le dialogue est possible entre la majorité présidentielle et l’Opposition, notamment l’UDPS d’Etienne Tshisekedi ?

Oui, je le pense profondément, et j’en parle depuis le début de notre entretien.

Les autorités congolaises ne sont-elles pas en train de commettre la même erreur qu’en 1991 lorsque le sommet de la Francophonie prévu en RDC, Zaïre à l’époque, avait été délocalisé pour des raisons politiques ?

Ce n’est pas vraiment la même situation. En 1991, j’étais moi-même conseiller du président de la République et secrétaire général de la Commission de la Francophonie du Sénégal. En cette qualité, j’ai eu le privilège de faire partie de la délégation qui a œuvré dans le transfert du 4ème sommet de Kinshasa à Paris pour d’autres raisons que celles que vous évoquez aujourd’hui et en parfait accord avec les autorités congolaises.

Les Congolais ne risquent-ils pas de déchanter cette fois-ci encore ?

Je ne le pense pas, car au moment où je vous parle, je travaille harmonieusement avec le comité préparatoire en charge du 14ème sommet. Ici à l’OIF, nos services, notamment les conférences internationales, œuvrent à la préparation de différents schémas protocolaires, logistiques et d’accréditation. Et je vous redis ma foi dans la capacité des hommes politiques de la RDC à surmonter leurs divergences par le biais de la concertation et du dialogue. Ils savent tous que ce dialogue sera la source d’une stabilité politique susceptible de créer les conditions et le cadre du développement économique et social dont ce peuple congolais a tant besoin.

Le peuple congolais peut donc continuer à y croire ?

Je le pense bien sincèrement.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

vendredi 17 février 2012

La République Démocratique du Congo, une victoire à la Pyrrhus

Après une épreuve de force entre l’opposition thisekediste et la majorité kabiliste, le président sortant, en l’occurrence Joseph Kabila, est reconnu par la plupart des partenaires de la République Démocratique du Congo et par la communauté internationale comme étant le vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. Entre temps, plus de 350 députés nationaux ont assisté, le jeudi dernier, à la première session extraordinaire de la nouvelle Assemblée nationale convoquée par le secrétaire général de cette institution conformément à l’article 114 de la Constitution congolaise. La participation des députés de l’opposition, parmi lesquels figuraient quelques membres de l’Union pour la Démocratique et le Progrès Social (UDPS) d’Étienne Tshisekedi, dont l’un d’eux a d’ailleurs assuré la présidence du bureau provisoire en qualité de doyen d’âge, ne fait que légitimer les résultats, pourtant contestés, dudit scrutin.

Minoritaire nationalement mais plus ou moins majoritaire au parlement

À l’issue d’une élection présidentielle à un seul tour, le président Joseph Kabila a été finalement désigné vainqueur avec 48,95 % contre 51,05 % capitalisés par les dix prétendants qui avaient clamé haut et fort leur appartenance à l’opposition. Celle-ci, faute d’une candidature unique, s’est-elle-même privée d’un succès électoral qui était à sa portée. Quant aux élections législatives, la mouvance présidentielle est parvenue à rassembler sous sa bannière, dans un pays où l’esprit de lucre prime sur la conscience politique, une majorité hétéroclite qui volerait en éclats à la première occasion. Ainsi est-on en droit de s’interroger sur la longévité du gouvernement qui sera mis en place. D’aucuns savent qu’il est très difficile de gouverner en toute sérénité lorsqu’on est minoritaire sur le plan national. La situation devient davantage kafkaïenne quand on espère s’appuyer sur une majorité qui plus est hétéroclite.
En politique, on n’est souvent trahi que par les siens. Le nouveau parlement congolais – compte tenu de sa composition, de la crise économique que traverse le pays et des tensions socio-politiques en cours – finira-t-il par devenir une sorte d’épée de Damoclès suspendu au cou du président Joseph Kabila ? Il est donc nécessaire de trouver dans l'urgence des solutions efficaces aux causes déstabilisatrices de la victoire à la Pyrrhus que constitue la réélection de Joseph Kabila à la présidence de la République Démocratique du Congo.

Un futur incertain

« Rien n’est acquis d’avance à Kinshasa », dit un dicton populaire. C’est qui est en train de se décliner pathétiquement en République Démocratique du Congo, à savoir une confusion totale due à un processus électoral bâclé, ne doit laisser indifférente aucune institution aussi bien nationale, régionale qu’internationale. En effet, ce géant au pied d’argile risque de sombrer dans une crise aux conséquences incommensurables si les acteurs congolais ne parviennent pas à privilégier l’intérêt national. Tout observateur averti est conscient du fait que ce pays oscille avec imprécision, tel un bateau ivre, entre la stabilisation et la déstabilisation, la démocratisation et le chaos, la construction et la destruction, la pacification et les violences… Il vogue, lentement mais sûrement, vers un futur incertain.

Un choix rationnel

Il est indispensable que la majorité politique, aussi imprécise soit-elle, puisse permettre la liberté d’expression et, a contrario, l’opposition ne reste pas systématiquement contre-productrice. Dans la même optique, un peu de bonne volonté de la part des pays frères et amis ne peut qu’aider la classe politique congolaise à faire un choix rationnel en vue de la recherche des voix salutaires susceptibles de contribuer à la paix, à la maîtrise de l’insécurité, ainsi qu’à l’amélioration matérielle et au rayonnement intellectuel du peuple congolais. L’objectif consistera à ce que la République Démocratique du Congo soit véritablement dirigée par des acteurs politiques capables de mettre sur pied un havre où prédominera la vraie joie de vivre.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko


(*) Gaspard-Hubert Lonsi Koko est l’auteur de La République Démocratique du Congo, un combat pour la survie. Il publiera très prochainement chez L’Harmattan Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique.