mardi 30 juin 2015

Pour le progrès socio-économique, l’Etat de droit et la cohésion nationale en RD Congo

Les Congolaises et les Congolais souhaitent vivement un sursaut patriotique dans les orientations en vue du progrès social, du développement économique, de l’épanouissement intellectuel et culturel, de l’amélioration des conditions matérielles, de la sécurité, de la paix et de la démocratie.

Par conséquent, les Congolaises et les Congolaise demandent aux forces vives de la Nation d’initier une démarche républicaine afin de :

– condamner toute violation de la Constitution, des Lois de la République et des Droits fondamentaux de la personne humaine ;
– lutter contre toute forme de repli identitaire et de radicalisme politique ;
– tirer enfin les conséquences des guerres armées et civiles pour éviter morcellement du territoire national et de mettre un terme aux pillages des ressources ;
– changer en profondeur les méthodes de gouvernance, notamment la gestion des affaires publiques ;
– préparer et organiser des élections, transparentes et crédibles, afin d’enrayer la crise politique et de faire émerger un État de droit ;
- consolider l’égalité de tous les Congolais, s’agissant des droits et des devoirs, ainsi que l’inaliénabilité de la nationalité congolaise d’origine conformément à l’article 10-3 de la Constitution.

Pour signer la pétition, prière de cliquer sur le lien ci-contre : http://www.mesopinions.com/petition/politique/progres-socio-economique-etat-droit-cohesion/14758

jeudi 18 juin 2015

Un vibrant appel, de l’ABACO, à l’éveil de la conscience des Congolais et des amis de la RD Congo

Pour comprendre les tenants et les aboutissants de la signature du protocole d’accord entre l’Alliance de Base pour l’Action Commune (ABACO) et le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), Œil d’Afrique a rencontré Gaspard-Hubert Lonsi Koko qui est l’un des acteurs, avec Sylvère Luizi Balu, de ce rapprochement. L’ABACO est un parti politique officiellement reconnu en République Démocratique du Congo par l’arrêté du 06/02/1991 et la lettre d’autorisation n°1581 du 08/09/2004.
Œil d’Afrique : Pourquoi tenez-vous à faire de la politique en République Démocratique du Congo, pays où la démocratie reste incertaine, alors que vous jouissez du confort intellectuel et du luxe matériel en France ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Primo, l’arbre ne s’élève qu’en enfonçant ses racines dans la terre nourricière. On doit savoir d’où on vient quand on ne sait pas forcément où on va. Je suis natif de Kinshasa où j’ai grandi, des parents originaires des territoires de Madimba et de Kasangulu dans le district de la Lukaya dans le Bas-Congo, plus précisément dans les secteurs de Luila et de Ngufu. Il est tout à fait logique que, au-delà des aspects matériel et intellectuel, je puisse un jour apporter ma modeste contribution à la construction du pays de mes aïeux. Ne dit-on pas que l’eau va toujours à la rivière ? En tout cas, en tant que membre de la diaspora congolaise, je n’ai pas que des droits. J’ai aussi des devoirs envers mon pays.
Secundo, le réformiste que je suis veut seulement participer à la dynamisation économique et à la glorification politique de la République Démocratique du Congo, à travers des initiatives en mesure de donner de l’espoir aux populations très longtemps humiliées, bâillonnées et laissées pour compte. Sachant que seule une approche de transformation aboutira à une réelle alternative, je soutiens toute démarche en faveur de la réinvention de la manière de penser la politique et de la pratiquer. Cela nécessite l’émergence d’une structure authentiquement populaire, volontaire, agissante, constructive et en harmonie avec la société congolaise. Comme un bon nombre de mes compatriotes, je n’aspire qu’à la métamorphose de la terre de mes ancêtres, qui plus est notre patrimoine national.
Œil d’Afrique : Comment comptez-vous parvenir à vos fins, aussi louables soient-elles ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Pour atteindre un tel objectif, on ne doit surtout pas se tromper d’enjeu. Raison pour laquelle notre démarche privilégie les vraies actions politiques et non les insultes, les idées au détriment des menaces physiques, les propositions cohérentes et non les attaques personnelles, le débat démocratique aux dépens du prosélytisme doctrinaire, la liberté d’expression au détriment de l’arrestation arbitraire et de la censure… La finalité, c’est de parvenir au pouvoir grâce aux propositions à la fois innovantes, crédibles et humanistes. La gestion de la chose publique, telle est notre profonde conviction, mérite d’être confiée à des hommes et des femmes d’Etat en vue du bien-être des populations.
Œil d’Afrique : De quelles assises disposez-vous pour que votre rêve devienne réalité ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : En République Démocratique du Congo, on ne peut pas conquérir le pouvoir en s’appuyant sur des structures moribondes, ni en privilégiant le seul aspect ethnique. Ainsi est-il du devoir des Congolaises et des Congolais consciencieux de faire émerger un parti politique crédible, donc responsable, en mesure de porter un projet de société novateur et cohérent en vue d’une sérieuse alternative. Tel est le gage d’un soutien sans faille, aussi bien interne qu’externe, en faveur d’une démarche relative à la dynamisation de l’économie nationale et à l’émergence d’un Etat de droit, d’une action salutaire pour les populations locales, d’une impulsion bénéfique pour les partenaires habituels de la République Démocratique du Congo, d’une diplomatie nécessaire à la pacification de l’Afrique centrale et de la région des Grands lacs. C’est dans cette optique que la structure politique dénommée Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo, RDPC en sigle, a fait le choix d’intégrer, en tant que courant politique à part entière, l’Alliance de Base pour l’Action Commune (ABACO).
Œil d’Afrique : C’est surprenant comme démarche… Ne trouvez-vous pas ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : C’est-à-dire ?
Œil d’Afrique : La plupart des acteurs politiques congolais préfèrent créer leurs propres structures pour en être des présidents à vie. Pourquoi avez-vous fait le choix inverse, en n’enregistrant pas officiellement le RDPC comme parti politique ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : La démarche n’est pas surprenante. Elle est plutôt inhabituelle. En République Démocratique du Congo, il existe au moins 457 partis politiques reconnus comme tels par le ministère de l’Intérieur. Pourquoi devions-nous inscrire une autre structure dès lors que nous avions la possibilité de dynamiser un parti déjà existant, avec lequel nous partageons, sur le fond, les mêmes valeurs ? Notre initiative n’est pas du tout basée sur le culte de la personnalité. Il ne s’agit pas du tout d’une démarche politicienne mais parlementaire. Le président Sylvère Luizi Balu et moi-même étant convaincus des aspects positifs de l’union, nous avons vivement œuvré en vue du rapprochement entre l’ABACO et le courant politique dénommé RDPC. Le socialiste-démocrate, que je suis, et le social-chrétien, qu’est le président Luizi Balu, nous sommes conscients que le dynamisme et l’innovation permettront une alternance politique au service d’une cause juste. L’union de l’ABACO et du RDPC est, entre autres, le fruit de ce pertinent constat. Dieu, les Ancêtres et le Peuple. Ces trois piliers qui constituent la devise de l’Abaco offrent un cadre idéal aux aspirations du RDPC relatives à la Liberté, à l’Egalité, au Progrès et à la Paix.
Œil d’Afrique : Est-ce pour l’une de ces raisons que les gens voient en vous le Mitterrand congolais ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Pourriez-vous préciser votre question ?
Œil d’Afrique : Vous connaissez le socialisme français mieux que moi, pour en avoir écrit quelques pages et connu pratiquement un pan de son histoire, et vous savez très bien que je fais allusion à l’adhésion de François Mitterrand au Parti Socialiste lors du Congrès d’Epinay en 1971.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Votre question n’est pas anodine. Elle relaie les sous-entendus qu’ébruitent quelques-uns de mes détracteurs les plus hostiles à la sécurisation de notre pays et à la pacification de la région des Grands Lacs. Au-delà de la polémique politicienne, ces derniers savent très bien que je suis un homme des principes et des convictions. Je n’ai jamais conçu la politique comme une profession, ni comme une affaire commerciale, ni familiale d’ailleurs, voire une trahison à la patrie. Le fait qu’il y ait toujours en politique des rivaux, des concurrents et des faux amis, des traitres, importe peu. L’important, c’est de connaître son principal objectif. En ce qui me concerne, je l’ai déjà identifié. C’est le bonheur du peuple congolais.
Votre allusion au président Mitterrand, au-delà du fait qu’elle soit flatteuse pour le modeste acteur politique congolais que je suis, me permet de préciser par ricochet ma pensée sur l’intégrité du territoire national. Comme François Mitterrand, qui préconisait avant les indépendances le maintien de l’Algérie dans la Communauté française, je refuse catégoriquement l’appartenance de la région du Kivu à un autre pays, soit-il existant ou non, ni d’ailleurs à une autre puissance, soit-elle régionale ou extracontinentale. Le Kivu, c’est la République Démocratique du Congo. Quiconque aura des velléités de balkaniser notre pays sera obligé d’exterminer tous les Congolais.
Œil d’Afrique : Ce qualificatif, c’est-à-dire « le Mitterrand congolais », n’a-t-il pas un lien avec une quelconque ambiguïté qui caractérise votre parcours politique ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Il n’y a rien de machiavélique dans le fait d’intégrer un parti politique existant, avec lequel on partage quelques valeurs humanistes, au lieu de rallonger grotesquement l’interminable liste de structures déjà enregistrées par l’autorité administrative. Je ne fais pas du tout de la politique pour être aimé, ou adoré. Tous ceux qui parlent de « paradoxe lonsien », ou d’« ambiguïté banacequienne », doivent plutôt déceler une dose de pragmatisme, de lucidité et d’intelligence dans une telle initiative qui plus est socialiste. En effet, il n’est pas question d’un talent rhétorique mais d’un réformisme en vue de la liquidation du statu quo, très préjudiciable à la cohésion nationale. Mon engagement militant n’est pas un objectif en soi, mais une démarche en vue d’un changement sociétal. Un pays en proie aux ingérences extérieures, et où la démocratie est encore très fragile, ne peut que se réjouir de compter, parmi ces enfants, des manœuvriers habiles, ou des fins stratèges, ou des patriotes-résistants, ou qui sais-je d’autre… L’éléphant ne supporte-t-il pas le poids de ses défenses ?
Œil d’Afrique : Au-delà des valeurs que vous avez évoquées toute à l’heure, pourquoi avoir seulement fait le choix de l’ABACO, dont la dénomination renvoie au premier président de la République, Joseph Kasa Vubu, à Nzeza Nlandu, Thomas Kanza ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Je vous vois venir. Ce n’est pas parce que je suis Kinois aux ascendants Bakongo que notre choix s’est focalisé sur l’ABACO, que certains veulent à tort confiner dans la seule région du Bas-Congo. Le RDPC a eu des tractations avec quelques partis politiques, parmi lesquels figuraient le CIDES de M. Ngalamulume et Le Démocrate présidé par M. Monga Mande Tiefolo, qui n’ont pas du tout abouties. Il n’y a rien d’ethniciste, ni de tribaliste, dans notre démarche. D’ailleurs, des Congolais originaires d’autres régions – comme le Bandundu, le Kasaï… – sont les signataires de ce protocole. J’ai affirmé, au cours cet échange, qu’il est inadmissible de conquérir le pouvoir et de consolider la cohésion nationale sur des aspirations ethniques. Comment peut-on douter du patriotisme de quelqu’un qui proclame, haut et fort, en plus la main sur le cœur, le maintien du Kivu dans la République Démocratique du Congo et se bat, a fortiori, pour l’intangibilité des frontières héritées de la décolonisation ? Le tribalisme, c’est la division. L’ethnicisme, c’est la balkanisation. L’ABACO est, n’en déplaise aux champions de la critique stérile, un parti politique à dimension nationale. Notre parti tient à fédérer les Congolais autour de ses idéaux, de la même façon qu’il souhaite le désenclavement du territoire national pour faciliter la circulation des biens et des personnes.
Œil d’Afrique : Doit-on comprendre que l’ABACO représente, pour l’habile manœuvrier politique que vous êtes, de surcroît mitterrandien, une sorte de point d’appui pour la prochaine joute présidentielle ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Vous insistez beaucoup sur ma conception mitterrandienne de la conquête, la prise et la conservation du pouvoir. Les choses les plus importantes résident dans le parcours d’un homme, lequel est fonction du visible et de l’invisible, du temporel et du spirituel. Plus explicitement, les observateurs de la vie politique congolaise et les connaisseurs des pesanteurs mystiques savent pertinemment que je suis, sur le plan politique, l’un des fils spirituels d’Yvon Mabanda Diyungu Salazaku et que j’appartiens à un espace qui compte en son sein des personnalités comme Simon Kimbangu, Kimpa Vita… Certes, l’arbre ne s’élève qu’en enfonçant ses racines dans la terre nourricière. Mais il n’y a pas que Kasa Vubu dans l’Histoire de notre pays. Il y a Lumumba, Bolikango, Kalonji, Tshombe, Kamitatu et tous ceux qui avaient formé le « front commun ». Laissons le temps au temps, et les forces de l’esprit aux mystiques.
Cette précision mise à part, revenons à votre question relative à la magistrature suprême. Chaque chose en son temps. Si la présidence de la République est un point d’arrivée pour certains, elle représente pour moi un levier indispensable au changement du cours des choses et donc de la vie de mes compatriotes. Voilà pourquoi, en ce qui me concerne, le projet de société importe plus que la folle envie d’accéder à tout prix à la magistrature suprême. Les personnes de mauvaise foi préfèrent considérer comme mitterrandiennes, c’est-à-dire florentines et donc machiavéliques, mes démarches vertueuses et louables. Mais au fond d’elles-mêmes, elles ne cessent de se dire que Machiavel s’appelait peut-être aussi Sénèque. Et pourquoi pas Simon Kimbangu ?
Le premier objectif de l’ABACO, dans sa nouvelle configuration, consiste à incarner l’espoir des Congolaises et des Congolais par le truchement d’un projet de société cohérent et en mesure de leur rendre la dignité longtemps spoliée. De toute évidence, l’avenir de nos compatriotes et le devenir de notre pays passeront forcément par le dynamisme et la crédibilité de la classe politique, toutes tendances confondues. C’est ce qu’ont compris les dirigeants de l’ABACO et du RDPC. Nous comptons matérialiser la stratégie globale de rupture avec la pratique politique en cours. Cette rupture doit tenir compte de la prise de conscience de ceux qui, dans la majorité comme dans l’opposition, acceptent enfin le fait que le développement de l’individu puisse se faire au détriment de l’égoïsme. Dorénavant, tout est possible avec l’ABACO nouvelle version. Il faut y croire et parvenir à un minimum d’osmose républicaine qui consolidera le patriotisme.
Œil d’Afrique : Un dernier mot à l’attention des Congolaises et des Congolais ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Pour ce qui est de l’alliance entre l’ABACO et le RDPC, la noblesse de la tâche qui attend les démocrates et réformistes que nous sommes incite le président Sylvère Luizi Balu et moi-même à en appeler, avec force et vigueur, à l’éveil des consciences. C’est parce que cette tâche est politiquement louable que nous demandons à la majorité silencieuse, très soucieuse de rompre avec les humiliations de toute sorte, à nous rejoindre sans tarder. C’est parce que le meilleur pari est fait sur l’intelligence humaine que nous sollicitons le concours des hommes et des femmes de bonne volonté, des Congolais et de leurs amis à travers le monde, en vue d’un Congo économiquement viable et démocratiquement solide.
L’avenir, qui reste le maître des destinées humaines, décidera le moment venu. Il est une certitude, la vraie alternative politique se prépare. Le temps construira et déconstruira, il récompensera les innovateurs et reconnaîtra les bâtisseurs. Rien n’étant définitif en politique, et qui vivra verra, l’alliance entre l’ABACO et le RDPC permettra le changement en République Démocratique du Congo. Ainsi serons-nous prêts au moment du retournement, ou alors du basculement. Nous assumerons nos responsabilités quand un grand vent, lequel sera provoqué par une conjoncture à la fois spirituelle et populaire, se lèvera et balaiera tout le reste en vue du rétablissement de l’ordre ancestral dans la « Grande Maison ».
Propos recueillis par Roger Musandji

dimanche 7 juin 2015

Réaction de Gaspard-Hubert Lonsi Koko sur une nouvelle ouverture politique en RDC

Le président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, est en train de consulter les différentes forces vives de la Nation pour une nouvelle ouverture politique. A cet effet, Œil d’Afrique a souhaité avoir le point de vue de Gaspard-Hubert Lonsi Koko, président du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC).

Œil d’Afrique : Que pensez-vous du dialogue national que prépare le président Joseph Kabila ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Je constate seulement que, presque moins d’une année après avoir mis en place un gouvernement d’union nationale, le président de la République Démocratique du Congo souhaite de nouveau un dialogue avec les forces vives de la Nation. Cela confirme les déclarations du Rassemblement pour le Développement et la paix au Congo (RDPC), ainsi de la Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue (DCFD) relatives au clientélisme ayant caractérisé les assises des concertations organisées en 2013. Au-delà du fait que l’initiative présidentielle pourrait s’apparenter à une réelle recherche des voies et moyens en vue de la résolution de la crise politique en cours, elle confirme de facto l’échec des précédentes concertations.

Quelles sont alors les raisons de l’échec, selon vous, des assises des concertations de 2013 ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Les causes de cet échec sont nombreuses. Le dernier remaniement n’a abouti qu’au débauchage de quelques éléments de l’opposition, mais en aucun cas à la mise en place d’un véritable Gouvernement de cohésion nationale. Le Président de la République aurait dû privilégier un conseil national de transition et non se contenter d’une redistribution des portefeuilles ministériels.
Au-delà de la volonté manifeste de fragiliser l’opposition, le dernier Gouvernement Matata a déséquilibré le binôme qui constitue l’exécutif, en rendant quasiment obsolète le régime semi-présidentiel et semi-parlementaire qui caractérise le système politique congolais. En effet, la mainmise du président de la République sur un Premier ministre archi-minoritaire dans son propre camp a plébiscité le régime présidentiel. En ayant cautionné la neutralisation du le Premier ministre, le Parlement s’est laissé phagocyter. Domestiqué, il a été incapable de rétablir le rapport de force alors qu’il pouvait jouait pleinement son véritable rôle de contre-pouvoir. Force est donc de constater que le magistrat suprême, qui est censé veiller au bon fonctionnement de la Constitution, a contribué à la déstabilisation des institutions étatiques.
Par ailleurs, lors des assises de 2013, les sujets qui préoccupaient tant les populations congolaises n’avaient pas été abordés en profondeur, voire pas du tout. Effectivement, les concertateurs ne se s’étaient pas penchés sérieusement sur les causes originelles de la déstabilisation de la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Ils ne s’étaient pas non plus appesantis, dans l’optique d’une renégociation, sur les accords régionaux et internationaux dont quelques clauses finiraient par porter atteinte, si elles restent inchangées, à la souveraineté nationale. Il en était de même pour la sécurisation et la pacification du pays, ainsi que pour la situation socio-économique, lesquelles n’avaient fait que l’objet d’une énumération semblable à un catalogue de vœux pieux.
Enfin, la sélection de la majorité de personnes ayant représenté la diaspora s’est faite, en dernier ressort, sur la base du mercantilisme et de la logique politicienne. Le choix du présidium n’a donc pas été judicieux, puisqu’il a pénalisé le travail au profit du clientélisme et récompensé la flatterie au détriment du mérite. Pis encore, les participants n’étaient pas représentatifs des tendances socio-politiques qui auraient dû être associées aux différents travaux. Ce procédé peu orthodoxe a démontré le manque de sérieux dans l’organisation des assises des concertations nationales.

Œil d’Afrique : Quelles résolutions faudra-t-il prendre pour que, cette fois-ci, le dialogue national que souhaite le président Kabila soit enfin une réussite ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Primo, il va falloir mettre définitivement un terme aux injustices qui ont toujours exclu les Congolais de la diaspora de la gestion de la chose publique et qui ont sans cesse constitué un frein dans leur souhait de s’investir socialement, économiquement et politiquement au pays de leurs ancêtres. Il est également impératif de reconnaître le caractère inaliénable de la nationalité congolaise d’origine, celle-ci devant primer sur toute autre citoyenneté.
Secundo, il est impératif d’encourager les conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan patriotique collectif, pour la défense de la nation fragilisée et toujours en proie à l’insécurité, ainsi qu’à une crise politique permanente. Dans cette optique, il faudra réfléchir sur le positionnement des forces onusiennes aux côtés des FARDC, à partir des frontières rwandaise, burundaise et ougandaise, afin d’empêcher l’occupation illégale d’une portion de la région du Kivu et de mieux surveiller les flux migratoires.
Tertio, le Gouvernement congolais doit adopter des mesures sociales au profit des populations et des dispositifs légaux en vue d’un Congo-Kinshasa économiquement prospère, sécuritairement pacifié et politiquement démocratique.
Quatro, après les tensions récemment suscitées par les différentes tentatives de réviser l’article 220 de la Constitution du 18 février 2006, il faudra maintenir le chronogramme du calendrier proposé par la CENI tout en décalant légèrement les échéances, de telle sorte que le processus puisse rester inchangé et débuter, pour des raisons techniques, par la tenue des élections locales, municipales et urbaines en 2016 et se terminer par les scrutins présidentiel et législatifs en 2017. Par conséquent, il faudra un consensus politique, grâce au vote par le Parlement d’une loi d’exception, afin de permettre l’intérim de la présidence de la République par le Président du Sénat, ou par le Président de l’Assemblée nationale, jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle et à la prise des fonctions de nouvel élu. L’objectif consistera à ne pas agir contrairement aux articles 70-2 et 73 de la Constitution du 18 février 2006 relatifs à l’installation effective du nouveau Président élu et à la convocation par la CENI de l’élection du Président de la République.
Quintoil va falloir abroger la loi électorale promulguée par le président de la République puisqu’elle viole directement les articles 11, 12, 13 et 66 de la Constitution du 18 février 2006 relatifs à la dignité et à l’égalité en droits, à l’égale protection des lois, à la non-discrimination des Congolais en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques, ainsi qu’au respect mutuel. Pis encore, les dégâts collatéraux, du fait de ladite promulgation, concernent aussi les articles 69 et 220 de la Loi fondamentale ayant trait à la sauvegarde de l’unité de la République et de l’intégrité du territoire, ainsi qu’à l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Propos recueillis par Roger Musandji

© Œil d'Afrique