mercredi 30 octobre 2013

RD Congo: vers un règlement définitif de la crise du Kivu?

Les rebelles du M23 fuient devant l'avancée de l'armée congolaise, qui gagne du terrain jour après jour. Le Nord Kivu, cette riche région du nord-est de la République démocratique du Congo qui attire la convoitise de pays voisins, au premier rang desquels le Rwanda ou l'Ouganda, réintègre la mère-patrie à mesure de l'avancée des soldats.
Des éléments du M23 pr-ès de Goma, capitale du Nord-Kivu. Photo : Gabe Joselow/Wikimedia Commons / cc
Cependant, la guerre n'est pas gagnée et la rébellion du M23 n'est qu'un élément de la crise du Kivu. Explications avec Gaspard-Hubert Lonsi Koko, essayiste et observateur des rapports Nord-Sud.
L’armée congolaise, appuyée par les forces de l’ONU, semble gagner de plus en plus de terrain face au M23. Peut-on déjà parler de déroute ?
 
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Il est plus prudent de ne pas vendre la peau de l’ours avant d’être sûr de l’avoir abattu. Neutraliser les éléments du M23 est une chose. Stabiliser complètement la région du Kivu en est une autre. Le M23 étant l’émanation du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), rien ne garantit que sa décapitation ne va pas générer d’autres mouvements armés. Raison pour laquelle la victoire militaire sur ce groupe rebelle doit être accompagnée d’un accord de non-agression entre le Rwanda, l’Ouganda et la RD Congo – l’objectif est de pacifier pour longtemps la région des Grands Lacs.
Le chef de la Monusco, Martin Kobler, a également parlé de « la fin militaire du M23 ». Peut-on alors croire à la fin de la crise du Kivu ?
 
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : La crise est tellement profonde qu’elle ne sera pas résolue par la simple neutralisation du M23. Le pillage des minerais et la volonté expansionniste sont les causes premières de la déstabilisation du Kivu. Il va falloir que les dirigeants rwandais et ougandais, ainsi que les puissances extracontinentales qui soutiennent les groupes armés sur le sol congolais puissent renoncer à leurs agendas cachés. Il va falloir aussi œuvrer en vue d’une réelle réconciliation entre les populations régionales pour que l’on puisse envisager sérieusement le réaménagement de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL).
Les pays observateurs de la RDC appellent au retour des négociations avec le M23. Pourtant, Kinshasa semble privilégier l’option militaire jusqu’à l’anéantissement de la rébellion. Pourquoi cet acharnement ?
 
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : On ne peut pas mettre en cause la volonté de Kinshasa à trouver une solution pacifique à la dramatique situation en cours dans le Nord-Kivu. Par de nombreuses tergiversations, le M23 et ses parrains ont joué avec le feu. Fallait-il que ce feu s’abatte impitoyablement sur eux pour qu’ils deviennent raisonnables ? Certes, un enfant ne reconnaît les conséquences du feu qu’après s’être brûlé. Kinshasa est en droit de rétablir l’ordre dans le Kivu et d’assurer la défense de son territoire. S’il faut reprendre les pourparlers de Kampala, les discussions doivent se faire sur la base des lois congolaises violées par les éléments du M23, sur les soutiens apportés aux rebelles par le Rwanda et l’Ouganda et sur les poursuites des auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.
Quelle est la position du Rwanda, unanimement accusé de soutenir le M23, face à cette déroute ?
 
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Pour voler au secours de ses poulains en pleine débandade, le Rwanda menace d’intervenir sur le sol congolais en cas de dégâts collatéraux. Pathétique réaction. Si le président Kagamé veut jouer à ce jeu, la guerre finira là où il a été planifié qu'elle s'achève, c’est-à-dire à Kigali. De plus, le peuple congolais est enfin déterminé à s’appuyer sur l’obstacle et non à s’ingénier sans cesse à le contourner.
Certains observateurs estiment qu’il faudrait désormais arrêter de nier que le M23 n’est pas sous la coupe du Rwanda et soutenir des négociations directement entre Kigali et Kinshasa. Qu’en pensez-vous ?
 
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Pour discuter directement avec le Rwanda, il fallait que Paul Kagamé abatte ses dernières cartes. Il ne pouvait le faire qu’à la suite de la neutralisation du M23. Le peuple congolais a toujours été non belliqueux. Une initiative allant dans le sens de la pacification de la région des Grands Lacs ne peut qu’obtenir son aval. Encore faut-il que les dirigeants rwandais et burundais soient sincères. Quand on a été mordu par le serpent, on craint même le mille-pattes. C’est une question de confiance. Celle-ci ne se rétablira pas naturellement, du jour au lendemain. Il faut des vrais hommes et femmes d’Etat, du côté congolais et rwandais, pour éteindre le feu. Le bon sens voudrait que chacun mette un peu d’eau dans le vin de palme.
A quoi pourraient mener de telles négociations ?
 
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : A éviter que les violations des droits fondamentaux de la personne humaine ne se reproduisent. A s’atteler à la pacification de la région des Grands Lacs. A consolider des accords de non-agression et à mettre en place des mécanismes pouvant sanctionner leur violation. A respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté des pays de la région… A vivre en bonne intelligence et dans la compréhension mutuelle… A montrer au reste du monde que les êtres humains sont capables de transformes les problèmes en quelque chose de bien...
Propos recueillis par Sybille de Larocque pour JOL Press

mardi 29 octobre 2013

Regain de tensions en RD Congo

Depuis plusieurs jours, l’on assiste à une intensification de l’offensive de l’armée congolaise contre les troupes du M23. Objectif : un affaiblissement significatif de la rébellion, et, à terme, un désarmement par la force de cette dernière. Dans le même temps, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, a invité avec une rare fermeté, tous les groupes armés au désarmement volontaire, estimant par ailleurs que les négociations en cours entre les représentants du gouvernement et ceux du M23 n’offraient pas de conclusions immédiates. Dans ce contexte, l’annonce de la formation d’un gouvernement dit de « cohésion nationale » est diversement accueillie par la classe politique. A l’Est du pays, comme dans la capitale, la sortie de crise est loin d’être acquise. Détails et explications dans ce Grand Débat.
Invités :
Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Essayiste réformiste, auteur de « Congo-Kinshasa : Le degré zéro de la politique », aux éditions L’Harmattan
Edouard Olito, Délégué en France de l’UPDS (Union pour le progrès et la démocratie sociale)
Martin Fayulu, Président des Forces acquises au changement (FAC) Zobel Behalal, Chargé de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, depuis Goma
Débatteur Polémiste invité :
Thiambel Guimbayara, Directeur de la rédaction de « La Voix du Mali »

Pour écouter l'émission, prière de cliquer sur le lien ci-contre : http://www.africa1.com/spip.php?article37166

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko

1. Quelle lecture faites-vous des mesures prises par le président Joseph Kabila à la suite des concertations nationales ?
On ne peut qu’être favorable aux mesures prises par le président de la République à la suite des concertations nationales, dès lors qu’elles vont globalement dans le sens de nos revendications. Néanmoins, au regard de la Constitution, je ne peux que m’interroger sur le comité national de suivi des recommandations. Il en est de même pour le gouvernement de cohésion nationale que l’on compte mettre en place. Quel statut définira désormais les personnalités de l’opposition qui intégreront ce gouvernement ? L’existence du Sénat et des Assemblées provinciales, dont les mandats sont déjà expirés, relève-t-elle de la simple volonté du président de la République ? En tout cas, force est de constater que les résolutions présidentielles recommandent la mise en place de mesures n’ayant pas été prises, voire non appliquées, par les différents gouvernements depuis 2001.


2. Un gouvernement de cohésion nationale constitue un avantage dans le contexte de la crise actuelle au Congo, dit-on. Mais vous ne semblez pas vraiment partager cet avis…
Je ne pense pas du tout qu’un gouvernement composé de différentes factions de la classe politique et de la société civile congolaises soit forcément la réponse appropriée à la crise à la fois sécuritaire et politique. Seul un gouvernement issu d’une majorité parlementaire peut parvenir au rétablissement de la paix, à la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, à la consolidation de la cohésion nationale, au progrès économique, à l’amélioration des conditions sociales de la population et à l’Etat de droit. Le président de la République aurait dû dissoudre l’Assemblée nationale, dans l’optique de rendre aux institutions étatiques leur légitimité à la suite des élections législatives fiables, crédibles et transparentes.

3. « Le projet funeste du démembrement organisé de notre pays est inévitablement voué à l’échec », a assuré le président Joseph Kabila. Qu’en pensez-vous ?
Il est difficile, à moins d’être naïf, de s’imaginer que les conclusions des concertations nationales auront un impact réel sur la dégradation de la dramatique situation en cours dans l’Est. Dès lors qu’elles n’ont pas abordé sur le fond les vraies causes de la guerre qui déstabilise la partie orientale, leur application n’empêchera en aucun cas la réalisation du projet macabre de balkanisation du Congo. N’oublions surtout pas que, derrière les éléments du M23, se cachent des Etats limitrophes et des multinationales étrangères. Toutes les tentatives diplomatiques ayant échoué, seule une victoire militaire sur les différents champs de bataille pourra mettre un terme au « projet funeste du démembrement de notre pays » et non le partage du pouvoir dans le cadre d’un gouvernement de cohésion nationale. Seul l’état d’urgence pourra justifier la mise en place d’un gouvernement de salut public. Or, l’initiative du président de la République s’apparente plutôt à un remaniement gouvernemental dans le but de débaucher quelques opposants. Ainsi espère-t-il affaiblir, voire décapiter, l’opposition.


4. Croyez-vous que les groupes armés vont « déposer les armes » et « se rendre », comme l’ a demandé le président Joseph Kabila ?
Croyez-vous que ces différents groupes armés déposeront les armes tant que des pans entiers de la région du Kivu resteront des « no man’s lands », c’est-à-dire des Fars West, des zones de non-droit ? C’est un vœu pieux de s’imaginer qu’ils agiront de la sorte lorsque l’on connaît la faiblesse militaire de l’armée congolaise, laquelle ne doit ses dernières avancées que grâce au soutien des casques bleus des Nations Unies. Tant que l’Etat congolais sera absent sur l’ensemble du territoire national, les seigneurs de guerre auront longtemps de beaux jours devant eux. Par ailleurs, les véritables intentions des présidents rwandais et ougandais laissent augurer la probabilité d’une intervention militaire du Rwanda et de l’Ougandais aux côtés des éléments du M23, sur le sol congolais. En effet, des puissances extracontinentales comptent à tout prix transformer la partie orientale de la RD Congo en une « zone franche », dont Paul Kagame et Yoweri Kaguta Musveni seront des sous-préfets.

5. Qui est capable d’ordonner la fin de la guerre dans l’Est, selon vous ?
En tout cas, ni l’organisateur des pourparlers de Kampala ni l’actuel homme fort de Kigali. La solution ne pourra être que, en grande partie, congolaise. Le peuple congolais doit avoir le courage d’exprimer, par tous les moyens, son ras-le-bol. Il doit dénoncer la situation macabre en cours dans la partie orientale de la RD Congo et soutenir les FARDC sur les champs de bataille. Il lui revient d’organiser sur le terrain la résistance aux ennemis de la Nation, de faire un travail sérieux de lobbying sur les plans continental et international pour que cessent définitivement les violations des droits fondamentaux dans le Kivu et dans la province orientale. Il doit agir patriotiquement afin de traduire les auteurs des crimes contre l’Humanité devant les juridictions idoines.


Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France
(*) Délégué et porte-parole de la Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue (DCFD)


Copyright Le Potentiel 

mardi 22 octobre 2013

Les concertations nationales en RDC sur Radio Vexin

Samedi 26 octobre, 16 h 00

 
Robert Kongo vous propose une émission sur les concertations nationales en RDC, « gage » de la cohésion nationale. Un sujet qui fait actuellement débat au sein de la classe politique congolaise. Elle sera co-présentée avec Nzunga Mbadi, journaliste à Afrique.TV et à Panafrica international.
Invité : Gaspard-Hubert Lonsi Koko, essayiste, acteur politique congolais, délégué et porte-parole de la Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue (DCFD).

© Radio Vexin

France : lancement du Collectif des Elus Locaux Français Originaires du Congo-Kinshasa

Le samedi 19 octobre à l’Assemblée nationale française a été lancé un collectif qui rassemble tous les élus français d’origine congolaise, quelle que soit leur couleur politique. Un public nombreux était venu assister à cet événement.
Grégoire Mukendi, président du CEFOCK
Les élus locaux français originaires du Congo-Kinshasa (CEFOCK) ont lancé, le samedi 19 octobre en la salle Colbert au 1er étage du Palais-Bourbon (Assemblée nationale française) à Paris, un collectif  appelé à « réfléchir sur leur rôle d’élu local français » certes, mais également débattre des problèmes du Congo.
L’objectif est de « réfléchir sur notre rôle d’élu local dans la société française métissée », a déclaré son président, Grégoire Mukendi, adjoint au maire d’Aulnay-sous-Bois en charge des archives, documentation, mémoire de la ville et propreté de l’espace public. Et d’ajouter : «  Nous voulons également parler du Congo et de son développement. En notre qualité d’élus locaux français d’origine congolaise, nous entendons mettre notre savoir-faire et nos acquis au service de l’avancement du Congo. Mais il faut souligner que  notre intention n’est pas d’interférer dans la politique congolaise. »

COOPERATION DECENTRALISEE

Dans le cadre de la décentralisation des pouvoirs politiques en France et l’importance croissante des relations internationales, les collectivités locales françaises se sont lancées dans des actions de coopération au développement. Une cinquantaine de départements français est aujourd’hui engagée dans de telles actions ainsi que, à des degrés divers, la quasi totalité des régions françaises et environ 1500 à 2000 communes. Cette coopération entre collectivités locales s’inscrit dans un contexte d’évolution institutionnelle des pays occidentaux, d’Europe centrale et orientale, mais également du sud, notamment l’Afrique.
Pour le CEFOCK , la France devra accroître et intensifier sa coopération avec le Congo. Il soutient sans ambigüité « la coopération décentralisée et les actions de solidarité et de partenariat entre la France et le Congo. »
Dans cette optique, il entend « travailler en collaboration avec les associations de la diaspora congolaise œuvrant sur les actions de solidarité et de développement. » L’objectif affiché est de sensibiliser les Congolais de l’étranger aux enjeux du développement afin de les encourager à s’impliquer davantage dans le processus de l’essor du Congo (par le choix judicieux des actions à mener).

EXPOSES SUR LE CONGO
Membres du CEFOCK au Palais Bourbon, le 19 octobre 2013

Cette cérémonie a été également l’occasion pour le public, venu nombreux , de suivre deux excellents exposés sur le Congo réalisés par Jean-Paul Sapu, membre de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), et Anicet Mobe, chercheur en sciences sociales.
Pour Jean-Paul Sapu , qui a évoqué la situation des droits de l’homme en RDC, ce vaste territoire est « un cas d’école » en la matière. Selon lui, tous les experts sont unanimes pour reconnaître que le problème des droits de l’homme se pose avec acuité dans l’Est, mais également dans l’Ouest et ailleurs, en ce pays.
De graves exactions sont commises tous les jours : exécutions sommaires, pillages, viols des jeunes filles et femmes. « Les viols, malheureusement considérés comme une arme de guerre dans l’Est, sont monnaie courante et restent impunis », a - t-il déploré.
« En tant que femme, je suis très sensible aux atrocités que subissent nos mamans et nos sœurs au Kivu. Je le ressens en moi. Le cas du Congo doit interpeller la conscience internationale. Le CEFOCK sera le porte-voix de ces gens-là et donnera une réponse appropriée à cette situation, dans le cadre du droit à la paix, à la sécurité et au développement », a assuré Claire Tawab, adjointe au maire de Grigny en charge des conseils d’écoles et des situations de handicap.  
« Il est vrai, les Congolais paient très cher pour la paix, la sécurité et le développement de leur pays », s’est indigné Jean-Paul Sapu. « Ces guerres et conflits par procuration », a-t-il dit, ont une seule cause : « l’absence d’un leadership fort. »  « Près d’un demi-siècle après la traite négrière, la paix pour le peuple congolais reste une denrée rare », poursuit-il, et de conclure : « Le Congo est un cas qu’il faut considérer avec attention, car nous aurons des comptes à rendre aux générations futures. Que leur dirions-nous ? », s’est-il interrogé.
Anicet Mobe a établi un parallèle intéressant entre l’histoire coloniale belge au Congo et l’histoire entre la France et le Congo , à travers les actions menées par le résistant Charles de Gaulle , qui s’intéressait de très près à ce pays.
Il a relaté quelques unes des escapades du général au Congo dans les années 40, à la suite de la vaillance éprouvée des soldats congolais pendant la guerre, aux côtés des français, pour combattre le gouvernement de l’Etat français, installé à Vichy (10 juillet 1940-20 août 1944).
« Les Belges voyaient d’un mauvais œil ce rapprochement entre les Français et les Congolais. A cet effet, ils ne manquaient pas l’occasion de dénoncer l’intrusion française dans leur colonie », a-t-il expliqué.
Anicet Mobe a également dépeint l’histoire de la coopération militaire française au Congo depuis l’indépendance à nos jours. Il a évoqué les deux guerres du Shaba gagnées par Mobutu, grâce notamment à l’assistance des forces militaires françaises, contre le Front national de libération du Congo (FNLC), avec le soutien gouvernemental d’Angola, du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et l’implication possible des troupes de Cuba.  
Pour clôturer son exposé, il a salué en ces élus « le produit de l’intelligence de l’histoire ». « Vous êtes sur la voie des personnalités prestigieuses, les anciens élus de France venus d’Afrique et des DOM-TOM », a-t-il déclaré , et a exhorté le CEFOCK à  « œuvrer au renforcement de  la coopération entre la France et le Congo ».
Les membres du CEFOCK sont les suivants : Grégoire Mukendi (Maire adjoint), Jean-Henri Kinda (Conseiller municipal), Félix Bokassia (Conseiller municipal), Dario Maleme (Conseiller municipal), Félicien Ndombele (Conseiller municipal), José Nzolani (Conseiller municipal), Colette Ilunga(Conseillère municipale), Bernadette Shungu (Maire adjointe), Claire Tawab (Maire adjointe), Jean-Claude Makengo (Maire adjoint) et David Onakaya-Menge (Conseiller municipal).
On espère que la contribution de tous ces élus sera d’une haute facture aux résolutions des problèmes qui se posent actuellement au Congo-Kinshasa, leur mère patrie.
                                                       
Robert Kongo, correspondant en France
© Le Potentiel

mardi 15 octobre 2013

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : "Le présidium a pénalisé le travail au profit du clientélisme"

Les concertations nationales ont vécu. Mais bon nombre de prétendants à ces assises, et qui pourtant le méritaient amplement, n’ont pas été conviés. C’est le cas notamment des membres de la Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue (DCFD). Dans cette interview qu’il a accordée à notre correspondant en France, Robert Kongo, le délégué et porte-parole de cette structure, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, critique véhément la méthode de travail « peu orthodoxe » du présidium quant à la désignation des délégués ayant représenté la diaspora à ce forum. Autres sujets abordés : l’hypothèse de la formation d’un gouvernement d’union nationale et les pourparlers de Kampala.


La DCFD n’a pas été invitée aux concertations nationales. Comment expliquez-vous cette mise à l’écart ?

Le choix de la majorité de personnes ayant représenté la diaspora s’est fait, en dernier ressort, sur la base du mercantilisme et de la logique politicienne. Dans ce contexte, seules les propositions de la DCFD ont intéressé le présidium et non la participation de leurs auteurs. Notre liberté de conscience a fait peur.

A vous entendre, le choix du présidium pour les délégués de la diaspora ayant participé à ce forum n’a pas été judicieux ?

Le choix du présidium n’a pas été judicieux, car il a pénalisé le travail au profit du clientélisme. Il a récompensé la flatterie au détriment du mérite. C’est une façon peu orthodoxe de procéder et cela démontre le peu de sérieux de cette organisation. Mais nous avons su faire passer quelques propositions auxquelles nous tenions. Certaines personnes s’en sont approprié et les ont défendues pour justifier leur utilité aux concertations nationales.


Malgré le travail remarquable que vous avez abattu en vue de votre participation à ces assises, cette mise à l'écart en a surpris plus d’un, y compris parmi les observateurs très avisés de la vie politique congolaise. Etes-vous déçu ?

Nous ne sommes pas déçus, dès lors que certaines de nos propositions ont été reprises. En effet, quelques concertateurs, tels des messagers de la foi, des apôtres d’une cause juste, les ont portées dans les différentes commissions. Nos recommandations ont été suivies. Nous n’avons pas prêché dans le désert.

Cela suffit-il à satisfaire votre ambition ?

Il est difficile d’être satisfait après un pareil traitement. La DCFD constate simplement que ses propositions ont été prises en compte par les concertateurs. C’est le cas pour l’inaliénabilité de la nationalité congolaise d’origine, le respect des droits civils des Congolais de la diaspora en matière d’élections, les facilités sur les plans douanier et fiscal au profit de nos compatriotes de l’étranger en cas d’investissement dans le territoire national, la libération des prisonniers politiques et d’opinion, les accords en matière de formation – dans les pays d’accueil – au profit de nos compatriotes vivant à l’étranger en vue de leur enrôlement dans l’armée nationale congolaise, le désengagement des officiers originaires du Kivu et leur redéploiement dans d’autres régions, la création des juridictions d’exception en vue des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité.

Vos propositions ont-elles été bien défendues ?

Dans la mesure où nous avons travaillé sur des propositions que nous avons rassemblées dans notre cahier des charges, nous aurions été les meilleurs avocats. On ne défend pas avec une foi inébranlable, avec une détermination racinienne, le travail d’autrui. Le résultat est moins satisfaisant, car les motivations n’ont pas été les mêmes. Per diem et partage du pouvoir pour les uns, patriotisme et souhait d’un Etat de droit pour les autres.

L’objectif assigné aux concertations nationales par le président Joseph Kabila a-t-il été atteint, selon vous ?

L’objectif aurait été atteint si les sujets avaient été abordés en profondeur et sans tabou. Les problématiques évoquées auraient renforcé l’unité, la réconciliation et la cohésion nationales si les solutions s’apparentaient aux tentatives de déstabilisation de la région du Kivu. L’incohésion s’est amplifiée à l’issue des travaux des assises, a-t-on constaté, car les concertateurs ne se sont pas penchés sérieusement sur les causes originelles de la guerre. Ils ne se sont pas appesantis, dans l’optique d’une renégociation, sur les accords régionaux et internationaux dont quelques clauses menacent la souveraineté nationale. La sécurisation et la pacification du pays, ainsi que la situation socio-économique, n’ont fait que l’objet d’une énumération digne d’un catalogue de vœux pieux. Que faire maintenant ? Seul le Parlement, réuni en congrès, pourra consolider les conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan patriotique collectif, pour la défense de la nation infiltrée, agressée et occupée. Ainsi revient-il au président de la République d’exhorter les parlementaires dans ce sens, de leur proposer l’adoption d’une résolution en faveur du positionnement de la brigade onusienne d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise, afin d’empêcher l’occupation illégale d’une portion de la région du Kivu et de surveiller les flux migratoires.

On évoque constamment l’hypothèse de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Qu’en pensez-vous ?

Je suis plutôt partisan de la dissolution du Parlement et de l’organisation dans la foulée des élections législatives et sénatoriales, locales et provinciales dont la transparence et la crédibilité permettront de dégager une vraie majorité en mesure de contrôler l’exécutif. La cohabitation doit être politique et non clientéliste. Cela renforcera le lien social et la cohésion nationale.

Selon le Coordonnateur du mécanisme de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, François Muamba, les pourparlers de paix de Kampala « ne sont pas prêts à aboutir à un accord ». Comment analysez-vous son propos ?

Dans mes différentes prises de position, j’ai dénoncé le macabre tango des Grands Lacs. Je ne peux qu’approuver les déclarations de François Muamba. Dès lors que la mission de la brigade onusienne d’intervention consiste à traquer et à neutraliser les forces négatives, conformément à la résolution 2089, on ne peut que s’interroger sur la nécessité de la poursuite des pourparlers de Kampala. Avoir accepté d’y retourner, après leur interruption, relevait de l’inconscience. En matière de diplomatie, notre pays a besoin d’un Talleyrand pour sauvegarder l’intégrité du territoire. Voilà le paramètre que nos négociateurs auraient dû avoir en tête.

Le réveil des Congolais à ces discussions n’est-il pas quelque peu tardif ?

Mieux vaut tard que jamais. Il va falloir œuvrer avec efficacité, au-delà de nos divergences, en activant nos réseaux en vue d’un lobbying sans faille pour que la brigade onusienne d’intervention puisse jouer son rôle, afin que les signataires de l’accord-cadre de Kampala respectent leurs engagements, pour que le mécanisme de suivi sanctionne enfin ceux qui sont en train de les violer.

Beaucoup d’observateurs critiquent les tergiversations du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation dans l’Est de la RDC, qui semblent conforter la théorie d’un complot international. Qu’en pensez-vous ?

Lorsque le Conseil de sécurité des Nations Unies affirme que la crise provoquée par l’irruption de la rébellion du M23 n’a « pas de solution militaire », et sera surmontée seulement par voie « politique », on ne peut que s’interroger sur les motivations l’ayant poussé à approuver à l’unanimité, le 28 mars 2013, la création d’une nouvelle force de combat censée sécuriser le Kivu. Une telle attitude conforte l’hypothèse selon laquelle la RD Congo est victime d’un complot international. J’ose espérer que nous parviendrons à le déjouer. Nous devons nous battre pour l’intégrité de notre pays.

A votre avis, faut-il ou non continuer à discuter avec la rébellion du M23 ?

A travers moult tergiversations, les éléments du M23 ont démontré leur mauvaise foi. Notre patience a atteint la limite de la compréhension et de la tolérance. Pour avoir la paix, nous devons gagner la guerre. Ainsi le feu doit-il s’abattre impitoyablement, telle la foudre, sur les criminels qui ne pensent qu’à violer nos femmes et nos enfants, à piller nos richesses et à s’approprier une portion de notre terre. Débout congolais !

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France.

Copyright Le Potentiel 

samedi 12 octobre 2013

Vers une autonomie administrative d'une portion u Nord-Kivu en RD Congo ?

La République Démocratique du Congo a qualifié le vendredi 11 octobre 2013 à New York, lors de la 5ème séance de la 4ème Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, « d’opportunité historique » le plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Elle a donc salué la « dynamique créée » par cette initiative susceptible de « mener à l’aboutissement d’une solution politique, juste et acceptable par tous ». À cette occasion, Jackson Bumba Vangu a affirmé que l’initiative marocaine[1] pourrait « mettre fin à la situation humanitaire extrêmement pénible des populations vivant dans les camps de Tindouf ». Sans vouloir s’immiscer dans les affaires internes dun pays, ni dailleurs mettre en cause le processus marocain, on ne peut que s’interroger sur les véritables motifs ayant poussé la République Démocratique du Congo à soutenir une telle initiative alors qu’elle est confrontée au même problème dans la région du Kivu.


Le fief du M23

Une portion du Nord-Kivu – notamment la partie frontalière du Rwanda englobant les villes de Rutshuru, Kiwanja, Rumangabo et Bunagana – est actuellement sous le contrôle des éléments du M23 soutenus par le régime rwandais. La déstabilisation de ce territoire a pour finalité de faire fuir les autochtones et les remplacer ensuite par des populations non congolaises. D’ailleurs, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, n’a-t-il pas récemment annoncé l’arrivée de 200 familles qu’on dit être des Congolais et qui ont illégalement traversé la frontière rwandaise pour se retrouver à Bunagana, dans la zone rebelle ? Doit-on faire un dessin pour expliquer à l’opinion qu’il s’agit purement et simplement de l’infiltration de quelques éléments de l’armée rwandaise dans le but de renforcer le M23 ? Du dépeuplement pour un repeuplement ultérieur ?
De toute évidence, ce n’est pas pour amuser la galerie que les Nations Unis se sont inquiétées mercredi 9 octobre 2013 d’informations faisant état d’un renforcement militaire de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). En effet, selon le chef militaire de la Monusco, le général Carlos Alberto Dos Santos Cruz, la mission onusienne dispose de « beaucoup d’informations relatives au renforcement du M23 », même si, pour des raisons que personne n’ignore, elle fait semblant d’ignorer « l’origine de ce renforcement ».

Une probable autonomie ?

En tout cas, le représentant de la République Démocratique du Congo aux Nations Unies, Jackson Bumba Vangu, a affirmé que l’initiative du Royaume du Maroc « constitue une base de négociation pour aboutir à une solution politique et juste, d’autant plus qu’aux termes de la résolution 2099 le Conseil de sécurité s’est félicité des efforts réalisés par le Maroc »[2]. S’agit-il de créer un précédent pouvant permettre de répondre favorablement, le moment venu, aux revendications des populations rwandophones de la région du Kivu ? Cette déclaration préfigure-t-elle, en réalité, une annoncée anticipée de l’autonomie du territoire du Masisi ? Rappelons que, aux pourparlers de Kampala, le M23 revendique l’administration par ces éléments des territoires qu’il occupe. Comment peut-on ne pas appliquer chez soi ce qu’on approuve ailleurs ? Faut-il conclure que Kinshasa s’apprête à céder une portion de son territoire national ? Paul Kagamé est-il en passe de gagner son pari, à savoir la partition de la République Démocratique du Congo en vue de l’annexion d’une partie du Kivu au Rwanda ? That’s the questions !

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

[1] L’initiative marocaine d’autonomie pour la région du Sahara occidental a été créée le 11 avril 2007.
[2] Adoptée le 25 avril 2013, la résolution 2099 du Conseil de sécurité des Nations Unies avait prorogé d’un an le mandat de la Minurso sans élargissement de ses prérogatives au contrôle des droits de l’Homme.

mardi 8 octobre 2013

Communiqué de presse n° 20131005/009 relatif à la clôture des concertations nationales en RD Congo

Dans un communiqué de presse publié le 10 septembre 2013 à Paris, le Bureau de coordination de la Diaspora congolaise favorable au dialogue (DCFD) attendait des travaux des concertations nationales la reconnaissance des droits civils et politiques des Congolais vivant à l’étranger, l’objectif étant d’apaiser la tension entre le gouvernement et la diaspora. Ainsi a-t-il recommandé aux concertateurs de :
- reconnaître le droit de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger aux élections sénatoriales et législatives ;
- réviser la loi électorale en vue de la création des circonscriptions concernant l’élection des sénateurs et des députés des Congolais de l’étranger ;
- toiletter dans le meilleur délai les textes fondamentaux pour matérialiser le caractère inaliénable de la nationalité congolaise d’origine, conformément à l’alinéa 3 de l’article 10 et à l’article 72 de la Constitution du 18 février 2006, ainsi qu’à l’article 4 de la loi n° 04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise ;
- accorder des facilités – sur les plans fiscal, douanier et administratif – à la diaspora, s’agissant des investissements dans le territoire national ;

- encourager des accords en matière de formation, dans les pays d’accueil, au profit de nos compatriotes vivant à l’étranger qui le souhaitent, en vue de leur enrôlement dans l’armée nationale congolaise.

La DCFD constate que ses propositions ont été prises en compte, dans la mesure où les conclusions des concertateurs recommandent de :
- faire bénéficier aux Congolais ayant acquis d’autres nationalités des facilités administratives pour le retour et le séjour en République Démocratique du Congo dans l’attente de l’adoption et de l’application de l’irrévocabilité de la nationalité congolaise d’origine ;
- prendre des mesures nécessaires en faveur des droits civils et politiques des Congolais de la diaspora, notamment sur le plan électoral ;
- renforcer et de refonder la communication avec les Congolais de l’étranger par le truchement des ambassades et des services idoines ;
- garantir les facilités administratives aux Congolais de l’étranger sur les plans douanier et fiscal, en cas d’investissement dans le pays.

Au-delà des problématiques propres à la diaspora, la DCFD, dans le cahier des charges qu’il avait déposé auprès des services du président de l’Assemblée nationale, enregistré sous le n° 95, a fait d’autres recommandations relatives :
- à un État de droit, à la bonne gouvernance, à la paix et à l’intégrité du territoire national, à la justice sociale… ;
- au désengagement des officiers originaires du Kivu et à leur redéploiement dans d’autres régions du pays, les régions militaires du Kivu devant être placées sous le commandement des officiers non locaux ;
- à la création des juridictions d’exception en vue des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’Humanité, des violations de droits fondamentaux de la personne humaine et haute trahison ;
- à la mise en place d’une armée et d’une police républicaines et performantes, ainsi qu’à la maîtrise de l’insécurité et la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national…

Néanmoins, le Bureau de coordination de la DCFD constate que d’autres sujets qui préoccupent les Congolaises et les Congolais n’ont pas été abordés en profondeur. En effet, les concertateurs ne se sont pas penchés sérieusement sur les causes originelles de la guerre en cours dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Ils ne se sont pas non plus appesantis, dans l’optique d’une renégociation, sur les accords régionaux et internationaux dont quelques clauses menacent la souveraineté nationale. Il en est de même pour la sécurisation et la pacification du pays, ainsi que sur la situation socio-économique, lesquelles n’ont fait que l’objet d’une énumération faisant penser à un catalogue de vœux pieux.

En conséquence, le Bureau de coordination de la DCFD attend du Parlement de faire des recommandations en vue de la matérialisation des revendications des Congolais de la diaspora – l’objectif étant de mettre définitivement un terme à l’injustice qui les a toujours exclus de la gestion de la chose publique et qui a sans cesse constitué un frein dans leur souhait de s’investir socialement et économiquement au pays de leurs ancêtres.

D’autre part, le Bureau de coordination de la DCFD demande au Parlement de recommander sans aucune ambiguïté  :
- la mise en place des conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan patriotique collectif, pour la défense de la nation infiltrée, agressée et occupée ;
- le positionnement de la brigade onusienne d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise, afin d’empêcher l’occupation illégale d’une portion de la région du Kivu et de mieux surveiller les flux migratoires.

Fait à Paris, le 5 octobre 2013

Pour le Bureau de coordination de la Diaspora congolaise favorable au dialogue (DCFD)

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Délégué et Porte-parole

dimanche 6 octobre 2013

Un complot international contre la RD Congo ?

Selon le Conseil de sécurité des Nations Unies, la crise provoquée par l’irruption de la rébellion du M23 dans l’Est de la République Démocratique du Congo, n’a « pas de solution militaire », et ne sera surmontée que par voie « politique ». Ainsi est-on en droit de s’interroger sur les motivations ayant poussé le Conseil de sécurité des Nations Unies à approuver à l’unanimité, le 28 mars 2013, la création d’une nouvelle force de combat censée sécuriser la région du Kivu[1].
 On ne peut que se poser sérieusement des questions sur les déclarations du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, relatives à « une approche nouvelle et globale en vue de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité dans l’Est de la République Démocratique du Congo ».

Les différents points de vue

« Il y a indéniablement une dynamique de paix en République Démocratique du Congo, et dans la région, nous n’avons pas le droit de rater cette opportunité », a affirmé Alexis Lamek, le représentant permanent adjoint de la France aux Nations Unies, lors de la visite d’une délégation des quinze pays du Conseil dans la région des Grands Lacs. Pourtant, un désaccord persiste entre les différentes parties par rapport à la publication par les autorités congolaises d’une liste contenant plus d’une soixantaine de noms de dirigeants du M23 qui ne pourraient être ni amnistiés ni intégrés dans l’armée nationale dans le cadre d’un accord de paix.
En référence aux pourparlers de Kampala, Alexis Lamek a mis l’accent sur « une dynamique de paix en République Démocratique du Congo et dans la région » des Grands Lacs, tout en insistant sur l’obligation de ne pas « rater cette opportunité ». Des propos contradictoires à ceux ayant été tenus par François Muamba Tshisimbi, le coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, qui a estimé que « les quatorze jours impartis pour les discussions [de Kampala] ont été consacrés à du théâtre, à du cosmétique» d’autant plus qu’elles « ne sont pas prêtes à aboutir à un accord ». Ainsi François Muamba a-t-il affirmé que Cryspus Kiyonga, le ministre ougandais de la Défense, qui plus est le facilitateur désigné par le président Yoweri Kaguta Museveni, a tenté d’« imposer un document qui viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo».

Un stratagème mortifère

D’aucuns ne peuvent qu’être surpris par l’ambiguïté du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la dramatique situation en cours dans la région du Kivu. Rappelons que les États-Unis ont annoncé, le 3 octobre 2013, qu’ils avaient pris des sanctions contre le Rwanda pour des cas de recrutement d’enfants soldats liés à la rébellion du M23 soutenue par Kigali en République Démocratique du Congo. La plus haute responsable du département d’État pour l’Afrique, Mme Linda Thomas-Greenfield, n’ayant ni précisé de quand datait la loi sanctionnant le Rwanda, ni quelles étaient les sanctions prises contre Kigali, les lobbyistes du président Paul Kagamé s’activent pour qu’une solution politique soit trouvée dans la région des Grands Lacs. Cela permettra de lever les sanctions contre les pays des milles collines et permettre, en douceur, l’infiltration des institutions congolaises par les poulains rwandais qui constituent l’effectif du M23.
Curieusement, les chefs d’État des pays des Grands Lacs ont exigé la reprise des pourparlers de Kampala, suspendus pendant plusieurs mois[2], au moment où Kinshasa a mis en place les concertations nationales en vue de conforter la cohésion sociale et nationale, et de mieux faire face aux différentes tentatives de déstabilisation de la région du Kivu. Curieusement, on essaie de privilégier la voie politique alors que la brigande onusienne d’intervention est déjà déployée sur le sol congolais[3].

Le pot aux roses

Les spécialistes de la région des Grands Lacs africains savent que les pourparlers de Kampala préfigurent, à n’en pas douter, le devenir de la République Démocratique du Congo. Aussi l’attitude di Conseil de sécurité des Nations Unies conforte-t-elle de plus en plus l’hypothèse d’un complot international contre ce pays qualifié de scandale géologique. La situation sur le terrain lui étant enfin favorable – grâce, entre autres, au déploiement de la brigade d’intervention en appui à la Monusco[4] –, Kinshasa aurait dû cesser toute participation aux pourparlers de Kampala. Ce qui est en train de se dérouler dans la capitale ougandaise, entre les représentants du gouvernement congolais et ceux du mouvement dénommé M23, ne fait que révéler le pot aux roses. En dépit de cette démarche sournoise à finalité balkanisatrice, la République Démocratique du Congo a maintenant la possibilité d’accompagner les menteurs jusqu’à la porte. Encore faut-il que Kinshasa puisse habilement manœuvrer. N’est pas Talleyrand qui le veut !

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

[1] Lire Une brigade d’intervention pour la RD Congo.
[2] Ils ont donné quatorze jours aux deux parties pour conclure les négociations qui ont débuté le 9 décembre 2012.
[3] La brigade d'intervention de la Monusco est dotée d’un mandat d’imposition de la paix. Elle est donc chargée de démanteler les éléments négatifs dans l’est de la République Démocratique du Congo, notamment le M23, mais également tout autre groupe rebelle participant à la déstabilisation de la région du Kivu.
[4] Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la République Démocratique du Congo.