mardi 27 décembre 2011

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko (*)


1. Président de l’Union du Congo (UC), porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), vous avez préféré vous présenter sous la bannière « indépendant » aux récentes élections législatives en RDC. Pourquoi ce choix ?
Ce choix est dû avant tout aux difficultés que nous avons rencontrées au regard de l’administration congolaise pour faire enregistrer le RDPC comme parti politique à part entière. Par ailleurs, certains partis d’opposition n’ont pas été forcément enthousiastes dans l’éventualité d’un partenariat avec des candidats venus de l’extérieur. Ainsi voyaient-ils en eux, dans la plupart des cas, de potentiels adversaires. Je reste convaincu que seule une meilleure synergie entre les Congolais de l’intérieur et de l’étranger permettra l’émergence d’une opposition crédible en vue d’une alternative politique au profit du peuple.

2. Comment s’est déroulé le double scrutin du 28 novembre dans votre circonscription de Madimba (Bas-Congo) ?
J’aimerais d’abord dire que mon choix de me présenter à Madimba vient du fond du cœur. Et les Madimbadiers m’ont adopté avec enthousiasme. Par exemple, d’après les résultats provisoires, deux députés sortants kabilistes sur trois seraient battus au profit des candidats de l’opposition. Mais cela ne signifie pas forcément l’inexistence d’imperfections dans le déroulement du scrutin, celui-ci ayant brillé, comme dans le reste du territoire national, par le manque de transparence surtout dans les centres locaux de compilations. J’en veux pour preuve la suspension momentanée des travaux de collecte des résultats dans ces centres. Je tiens surtout à rappeler l’injustice qui a prévalu dans le traitement de l’information, les candidats de la majorité présidentielle ayant officieusement bénéficié des données capitales de la part de la CENI plusieurs jours avant ceux de l’opposition qui ont souffert du retard de l’information officielle. Ainsi ces derniers étaient-ils handicapés dans l’articulation concrète de leur campagne. Il y avait donc deux poids deux mesures dans le traitement des candidats. Cette attitude peu catholique n’a pas concerné que le seul territoire de Madimba. Si les Madimbadiers ont réellement voulu le changement en plébiscitant les candidats de l’opposition aussi bien à la présidentielle qu’aux législatives, force est de constater que leur choix s’est fait sur la base du clientélisme et non du programme électoral. Je déplore le manque du débat d’idées lors de ce double scrutin. Dans le territoire Madimba, je suis l’un des rares candidats, sinon le seul, à avoir fait des propositions audacieuses pour le changement. Mais cela était insuffisant, car j’ai refusé de m’adonner à la démagogie et d’offrir de l’argent en échange du suffrage. Je ne regrette pas d’avoir adopté un comportement républicain, dans la mesure où le processus électoral devrait aussi permettre la conscientisation du peuple en vue de l’évolution des mentalités.

3. Quel bilan dressez-vous de ces élections au plan national ?
Du point de vue national, triste constat, on a assisté au degré zéro de la pratique politique en République démocratique du Congo. Aucun débat contradictoire n’a eu lieu entre les onze candidats à l’élection présidentielle, même s’il s’est agi d’un scrutin à un seul tour. Pis encore, lors des passages de chaque candidat à la télévision, conformément aux directives du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), quelques prétendants, et non des moindres, ont préféré se faire représenter alors qu’il était question d’une élection dont la spécificité résidait dans le fait qu’un individu se présentait face au peuple en vue d’obtenir son suffrage. Je m’attendais à ce que les prétendants à la magistrature suprême livrent aux électeurs un programme détaillé et chiffré, plutôt que d’essayer de s’adonner à ce genre d’exercice à l’occasion de la prestation de serment. On a tout simplement assisté à une escroquerie politique. Mes impressions d’élections seront publiées dans un ouvrage, « Un Parisien à Madimba », qui paraîtra prochainement.

4. Que pensez-vous de la controverse suscitée par la réélection de Joseph Kabila ?
Force est de constater que la réélection du président Kabila est contestée par une opposition qui est représentative de plus de 50 % des électeurs. Les appréciations de la communauté internationale n’ont fait que conforter son caractère illégitime, laissant ainsi la possibilité au peuple congolais d’orienter autrement son destin. Encore faut-il que les Congolaises et les Congolais de l’intérieur aient le courage d’emboîter le pas à leurs compatriotes de l’extérieur qui ne cessent de dénoncer à cor et à cri ce qu’ils considèrent comme un hold-up électoral.

5. Quel regard portez-vous sur le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ?
Dans l’ensemble du processus, je ne pense pas que la CENI a été à la hauteur de la tâche qui lui avait été impartie. Je lui reconnais un seul mérite, celui d’avoir voulu reporter de quelques mois le calendrier électoral. Cela aurait au moins permis d’éviter la parodie d’élections que l’on vient d’offrir au peuple congolais et à la communauté internationale en guise de spectacle.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

(*) Président d’UC et porte-parole du RDPC/France. Candidat à la députation nationale.

© Le Potentiel

dimanche 25 décembre 2011

Présidentielle en RDC : la victoire du ridicule

La réélection controversée de Joseph Kabila à la tête de la République Démocratique du Congo ouvre une période de grande incertitude dans un pays où, depuis l’indépendance, l’instabilité politique est devenue la norme.



On aimerait voir dans le quinquennat qui s’ouvre une opportunité de changement. Mais on voit mal un président battu dans les urnes, dos au mur œuvrer avec foi en un avenir meilleur pour le pays qui l’a rejeté sans autre forme de procès. Une aubaine pour se montrer toujours aussi incapable d’opérer le vrai changement attendu par le peuple Congolais depuis la fin du régime Mobutu en 1997.
« Le peuple ne veut pas de moi, je continue à travailler pour préserver et faire  fructifier les intérêts de mes protecteurs et de mes affidés. Tant pis pour le reste », comme dirait une célébrité du théâtre français parodiant avec délectation, et d’une manière caustique, le comportement des présidents-dictateurs et prédateurs africains.

Sans élément d’appréciation de la situation calamiteuse du Congo sur le plan économique, les sbires du Kabilisme parle du Congo comme d’un futur pays émergent dès l’année 2016 et développé d’ici 2050. Mais c’est sans compter sur le manque d’entrain et d’imagination de leur chef qui ne se sent pas investi d’une telle mission ! Le pari est vraiment osé !

Depuis 5ans, où en est le Congo dans ses fameux travaux de reconstruction et de développement, dénommés les cinq chantiers ? Les 5 années à venir n’y changeront rien. Ce n’est pas lui faire injure que de dire Joseph Kabila n’a pas l’étoffe d’un bâtisseur. Son projet -s’il en est un- rabâché au peuple Congolais durant la campagne est creux et sans intérêt (déjà, il parle à peine). C’est du réchauffé.


JOSEPH KABILA N’A JAMAIS GAGNE AUCUNE ELECTION

Joseph Kabila n’a jamais été élu président de la République Démocratique du Congo. En 2006, il a été battu par Jean-Pierre Bemba Gombo (MLC). Le feu Cardinal Frédéric ETSOU, qui exigeait en son temps le respect de la volonté du peuple Congolais exprimée dans les urnes, a payé de sa vie cette recommandation.

Le 28 novembre 2011, c’est Etienne Tshisekedi Wa Mulumba (UDPS) qui a été élu. Toutes les missions d’observations nationales et internationales ont relevé avec effroi de graves irrégularités et le manque de transparence dans le processus électoral. La fraude et la tricherie ont été planifiées de longues dates : Kabila 100% sûr, n’est pas un slogan au hasard.

Pour avoir manifesté le 12 décembre 2011 la même exigence que son prédécesseur ETSOU, 5 ans plus tôt-le recomptage des voix-, le Cardinal Laurent Monsengwo est devenu la bête noire des Kabilistes prêts à s’attaquer à quiconque  qui  toucherait  à un seul cheveu de leur champion. Gênés aux entournures, ils refusent les analyses, commentaires et critiques sur le déroulement de la présidentielle du 28 novembre . C’est la victoire du ridicule.

Chargés de superviser l’enrôlement des électeurs et de l’organisation des différentes élections devant se tenir en RDC, l’abbé Apollinaire Malu Malu (CEI-2006) et le pasteur Daniel Ngoy Mulunda (CENI-2011) sont les maîtres d’œuvre de la sordide opération « hold up » qui a émaillé les élections en RDC depuis 5 ans. Avec la bénédiction de la nébuleuse Communauté internationale .

Si Apollinaire Malu Malu a été remercié depuis la dissolution de la Commission Electorale Indépendante (CEI) en 2010, Daniel Ngoy Mulunda, en service commandé pour la présidentielle de 2011 a réédité l’exploit de son frère en christ en procédant à l’annonce des faux résultats des urnes. Il lui faut maintenant  apporter-dans les jours et mois à venir - à l’homme de Kingakati une large majorité à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les Assemblées provinciales ou locales pour que sa mission s’accomplisse. Et la fête continue.

Ainsi le pouvoir se sert de l’Eglise chrétienne- qu’elle finira par diviser( si ce n’est pas déjà le cas) - pour asseoir son hégémonie partisane et tribale au nez et à la barbe des Congolais. Comme sous le régime Mobutu, les Congolais sont en train de se faire flouer à nouveau. Hélas !


RISQUE D’INSTABILITE POLITIQUE

La clairvoyance et la détermination d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, qui a rejeté la réélection de Joseph Kabila et a prêté serment vendredi 23 décembre en tant que président élu de la RDC, suffiront-t-elles à renverser l’ordre des choses ?

En tout cas, tel est le souhait des Congolais  qui l’ont élu et ceux de la diaspora qui se sont mobilisés nuit et jour pour lui apporter leur soutien. Sans faille.

Les efforts fournis ne resteront pas vains. Et la mobilisation à l’extérieur continue et s’intensifie. Jusqu’à ce que Joseph Kabila, ses sous-fifres et la Communauté internationale reconnaitront la victoire de l’homme de la 10ème rue. Sinon, c’est l’instabilité politique assurée : le retour à la case départ comme il y’a 50 ans.

Robert Kongo, journaliste.

jeudi 15 décembre 2011

Après la publication des résultats provisoires de la présidentielle en RDC

La diaspora congolaise intensifie des manifestations contre la réélection de Joseph Kabila

Depuis la publication par la Commission nationale électorale indépendante (CENI) des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 en République Démocratique du Congo,  la diaspora congolaise en Europe, en Australie et en Amérique intensifie des manifestations contre la réélection de Joseph Kabila et reconnaît Etienne Tshisekedi comme le président élu.

Cela bouge de partout, en Europe (Belgique, France, Allemagne, Suisse, Angleterre, Italie Hollande, Luxembourg…), en Australie ( Canberra, Melbourne, Sydney…) et en Amérique, notamment au Canada (Ottawa) et aux Etats-Unis (Washington, New-York, Philadelphie…). Les Congolais de la diaspora n’ont pas arrêté de dénoncer « la victoire volée » de Joseph Kabila désigné, vendredi 9 décembre, vainqueur  de la présidentielle du 28 novembre par la Commission nationale électorale indépendante (CENI) présidée par le pasteur Daniel Ngoy Mulunda.

A Matonge (Bruxelles), sur les Champs Elysées et devant l’Assemblée nationale française (Paris), sur la 15ème rue adjacente à la Maison Blanche (Washington), devant le 10 Downing street ( résidence et bureau du Premier ministre d’Angleterre, Londres)… les manifestations de colère se multiplient pour dénoncer « la tricherie », la « fraude électorale », le « coup d’Etat électoral » et exprimer le « refus » de voir Joseph Kabila rempiler pour 5 ans.
Confortés par les critiques des différentes  missions d’observation pour la présidentielle en RDC, les Congolais de l’étranger considèrent Etienne Tshisekedi comme le vainqueur de cette élection et est de facto « le chef de l’Etat » de la RDC. Ils sont déterminés à aller jusqu’au bout de leur combat pour que soit reconnu par l’opinion nationale et internationale la victoire sans conteste du président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS).

La fondation Carter-dont le sérieux ne peut être mis en doute- a déclaré que « le scrutin présidentiel du 28 novembre n’était pas crédible ». La mission d’observation de l’Union européenne  a déploré mardi 13 décembre le « manque de transparence et les irrégularités », de la collecte à la publication des résultats donnant la victoire à Joseph Kabila et rejetés par l’opposition. Pour le Cardinal Laurent Monsengwo, « les résultats de l’élection présidentiel en République Démocratique du Congo ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ». Pis, l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Koffi Annan, vient de décliner l’offre de la médiation internationale sur la RDC parce que selon lui, « l’étendue du bourrage d’urnes a été au delà du vécu visible. »

APPEL A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

La mobilisation des  combattants Congolais  de l’Europe et d’Amérique  ne cesse de croître. Samedi 10 décembre, ils ont pris d’assaut les centres-villes des grandes capitales européennes et américaines (ils se transmettent les informations par SMS, Facebook et Tweeter). Sur les Champs-Elysées à Paris, des Congolais et des Congolaises sont venus en grand nombre. Ils étaient plus de 1.500 bravant la pluie et le froid. Il en était de même ou presque à Bruxelles et ailleurs.

Objectif : faire invalider-avec le soutien de la communauté internationale -les résultats partiels de l’élection présidentielle du 28 novembre publiés par la CENI et la révision des procès-verbaux dudit scrutin.

Le printemps arabe devient pour les combattants Congolais un modèle théorique du phénomène révolutionnaire. Ils se mettent à rêver, eux aussi, d’un « printemps noir ».

« A l’heure où les révolutions en Tunisie, en Egypte ou en Syrie montrent qu’il n’est plus possible de soutenir des dictateurs, des prédateurs contre le peuple, et où la communauté internationale dit s’engager, et on veut bien la croire, pour la démocratie, les droits humains et la transparence des élections comme gage de démocratie, nous lui demandons d’être cohérente entre ses déclarations et ses actes, et de cesser de bafouer ces principes lorsqu’il s’agit des pays africains. », a déclaré un manifestant parisien , très remonté contre l’appui de la communauté internationale au régime Kabila depuis une décennie. Et d’ajouter  avec un brin d’amertume dans la voix : « Mon pays, le Congo, se relèvera. J’y crois. »

En outre, il exhorte les Congolais de l’intérieur à prendre leur destin en main : « L’heure est grave. Il faut bouger. Suivez l’exemple des Tunisiens, des Egyptiens  et des Syriens. La victoire, ça s’arrache », dit-il.

Pour ce combattant Congolais , la communauté internationale doit opérer un réel changement dans sa politique vis-à-vis de la RDC. « La France et l’Union européenne dans son ensemble, les USA, le Canada et l’Afrique du Sud ne doivent pas freiner le changement politique en cours en RDC, au moment où les Congolais essaient de conquérir leur démocratie », s’insurge-t-il.

Il lui semble primordial que la communauté internationale, qui se dit sensible aux aspirations des peuples,  « prenne publiquement ses distances avec Joseph Kabila tant que n’auront pas été invalidés les résultats provisoires publiés par la CENI. A moins qu’il ne s’agisse d’un complot ourdi contre la RDC ».
                                                                                               Robert Kongo,
                                                                                               Journaliste