jeudi 26 avril 2012

Michelino Mavatiku Visi a le vent en poupe


Attendu à Cannes et en Martinique

Invité à donner un concert jeudi 26 avril à l’Espace « Miramar » dans le cadre de la 9ème édition du Festival International du Film Panafricain à Cannes ( du 24 au 28 avril 2012), Michelino Mavatiku Visi - qui se fera accompagner par son groupe « Congo All Stars » - a le vent en poupe. Il annonce dans la foulée son prochain spectacle en Martinique le samedi 12 mai, sollicité par l’association « Pont sur le Congo » qui fête son premier anniversaire.


Il estime que 2012 est l’année  bénie par Dieu. Après le concert qu’il livrera le 26 avril à l’Espace « Miramar » à Cannes, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), pour agrémenter la fête du cinéma africain , Michelino Mavatiku Visi et son groupe « Congo All Stars » s’envoleront pour la Martinique, sur l’invitation  de l’Association « Pont sur le Congo » qui regroupe les ressortissants de deux rives du fleuve Congo (Kinshasa et Brazzaville).

Dans ce département d’outre-mer français Michelino Mavatiku Visi et son groupe auront l’honneur d’animer un déjeuner dansant le samedi 12 mai pour le premier anniversaire de l’association au quartier Régal (Rivière-Pilote) en la salle Fezanda.
Organisé sous le patronage Madame Josette Manin, présidente du Conseil général de la Martinique, et de Madame Yvette Galot, présidente de la Commission Culture et Patrimoine au Conseil régional du département, ce moment de convivialité s’annonce époustouflant et inoubliable.

Quand il évoque ces deux rendez-vous musicaux , le virtuose de la guitare, Michelino Mavatiku Visi, est encore plus motivé que jamais. Fort de son expérience et du succès de ses précédentes prestations en Afrique, en Europe et dans le monde, ce grand compagnon de route de Luambo Makiadi Franco et du seigneur Tabu Ley Rochereau veut se donner  à fond pour prouver qu’il est l’un des héritiers incontestés de ces deux baobabs de la musique congolaise moderne, celui qui a su faire la synthèse entre les styles OK Jazz et Fiesta.

Ce n’est pas hasard, répète-t-il à l’envi, qu’il ait été choisi par les deux grands artistes susnommés pour former en 1982 le groupe « Lisanga ya ba Nganga » créé à l’initiative de feu Jules Lusangi Fataki , plus connu sous le nom de Tchika-Tchika (Prince d’XL).

Pour le géniteur de la chanson « Moussa » - interprétée  par Tabu Ley Rochereau et l’African Fiesta National sur la scène de l’Olympia en 1970 -, Cannes et Martinique sont les symboles de la splendeur retrouvée. Il n’entend pas s’arrêter là et promet des bonnes choses pour très bientôt. La surprise est de taille.

Au cours de ces deux concerts qui s’annoncent haut en couleurs, et dont la presse en Europe s’est fait largement l’écho, l’inventeur du rythme « mi- composé » interprétera –sans doute- les meilleures de ses chansons qui ont marqué sa riche carrière.

De l’orchestre Rica Jazz (1960) à la formation du groupe « Lisanga ya ba Nganga » (1982) en passant par Comet Mambo (1964), Grand Micky (1965), African Fiesta Sukisa du « Docteur » Nico Kasanda (1966), African Fiesta National de Tabu Ley Rochereau (1967), Festival des Maquisards (1968) , Afrisa International de Tabu Ley Rochereau (1972), TP Ok Jazz du défunt grand Maitre Franco (1975), Makfé, dont il était le patron fondateur (1978), cet auteur-compositeur au talent indéniable a émerveillé les mélomanes avec les chansons telles que : « Yambi chérie », « Moussa », « Cassius Clay », « Marthe Maboke », « Kiki Kigoma », « Ozone », « Makfé »,  « Salima », « Lifoka », « Prince d’XL » et « Mutambula Mpimpa ».
Les Cannois et les insulaires (Martinique) seront bercés par le rythme de la rumba congolaise que manie avec dextérité Michelino Mavatiku Visi dont l’ingéniosité - le mot n’est pas fort- en matière de musique force le respect.

Robert Kongo, journaliste correspondant en France du quotidien « Le Potentiel », présentateur et responsable de rédaction à la Radio Vexin Val de Seine (96.2FM).

jeudi 12 avril 2012

Processus électoral en RD Congo : atouts et faiblesses


Comment s’est déroulé le processus électoral congolais du 28 novembre 2011 ? Dans quel climat ? Quels furent les points faibles et les points forts de ce processus ? Quels enseignements pour les scrutins à venir ?


Rencontre autour de ces questions avec Gaspard-Hubert Lonsi Koko, porte-parole du rassemblement pour le développement et la paix au Congo et auteur de « Congo-Kinshasa : Le degré zéro de la politique » récemment paru aux Éditions l’Harmattan.

Date : 4 mai 2012
Heure : 19 heure précise
Lieu : Maison de l’Afrique, 7 rue des Carmes - 75005 Paris (France)
Métro : Maubert-Mutualité

Nota Bene : L’auteur dédicacera son ouvrage à cette occasion.

mardi 10 avril 2012

Indépendance de l’Azawad


De l’islamisme et de la partition du Mali
Par  Le Potentiel
Bien qu’un accord-cadre ait été conclu le 7 avril entre la junte militaire malienne et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) - les putschistes s’engagent à rendre le pouvoir aux civils après la démission d’Amadou Toumani Touré - pour freiner le relent indépendantiste des rebelles touaregs dans le Nord, la situation du Mali reste extrêmement préoccupante. Le risque de voir les islamistes s’installer au Sahel est bien réel. La partition annoncée du pays si elle se réalisait, entraînerait un grand chambardement dans la région et au-delà des limites traditionnelles de la zone sahélienne.


Trois semaines après le coup d’Etat qui a mis le Mali dans l’impasse, l’Azawad- immense territoire aride d’une surface équivalente à celle de la France et de la Belgique réunies, situé au Nord du fleuve Niger et qui comprend les trois régions administratives de Kidal, Tombouctou et Gao -, est tombé en trois jours aux mains du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), du mouvement islamiste Ansar Dine (défenseurs de l’islam) appuyé par des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes.
Très vite, les islamistes et des groupes criminels ont pris le dessus sur le MNLA, selon divers témoignages, relativisant la déclaration unilatérale d’indépendance des rebelles touaregs qui ne semblent pas en mesure de contrôler « leur » territoire.
Si Mossa Ag Attaher, chargé de communication du MNLA, affirme dans les médias que leur mouvement est prêt à combattre Aqmi dans le cadre de la mise en place « d’un partenariat international », Omar Hamaha, chef militaire d’Ansar Dine, qui a pris le contrôle de Tombouctou, affirme, à son tour, mener une guerre «contre l’indépendance» de l’Azawad et «pour l’Islam», dans une déclaration dont les télévisions françaises et étrangères se sont procurées les images.
«Notre guerre, c’est une guerre sainte, une guerre légale, au nom de l’islam. Nous sommes contre les rébellions. Nous sommes contre les indépendances. Toutes les révolutions qui ne sont pas au nom de l’islam, nous sommes contre », a-t-il dit.

AQMI S’INSTALLE A TOMBOUCTOU

C’est un secret de polichinelle de dire que le Mali subit les conséquences de la guerre déclenchée en Libye. L’Otan (composée essentiellement des militaires français et britanniques) a vu les armes et les mercenaires passer par la frontière vers le Niger puis vers le Mali.
Aucune information n’a, en effet, vraiment filtré sur le mouvement de ces rebelles, qui ont abondamment puisé dans les stocks d’armes laissés par Kadhafi (l’ancien guide libyen), pour mener leur offensive au Mali.
L’alliance conclue entre les groupes rebelles et les djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), eux-mêmes confortés idéologiquement par le courant salafiste qui traverse le monde arabe, est aussi l’un des facteurs explicatifs de cette situation. Le Nord du Mali est isolé : Tombouctou est aux mains d’Aqmi.
En face, il n’y a pas grand-chose. A Bamako, le vide est vertigineux. Le président Amadou Toumani Touré – qui a officiellement démissionné dimanche « sans pression du tout, «de bonne foi» - s’est longuement désintéressé de ce qui se passait dans le Nord de son pays qu’il «aime» tant. «Le problème sécuritaire du pays semblait dépasser le président», a déclaré Aminata Dramane Traoré, femme politique et écrivaine malienne, sur l’antenne de RFI.
L’armée malienne s’est effondrée. Elle s’est trouvée confrontée à des gens totalement aguerris et, en plus, une communauté qui parle la même langue, les Touaregs. Que ce soit l’ancien président Amadou Toumani Touré ou la junte, ils sont totalement incapables de reprendre le Nord d’autant que -il faut le savoir- dans l’armée malienne les principaux chefs Touaregs qui y avaient été intégrés ont déserté.
L’enjeu est considérable. Les Touaregs voulaient une autonomie. Ils exigent aujourd’hui un Etat indépendant sur le vaste territoire qu’ils revendiquent.
Quant à leurs alliés islamistes, comme Al-Qaïda l’avait fait en Afghanistan avec les talibans, ils profitent de la rébellion touareg et cherchent à installer un califat (territoire sous la gouvernance d’un souverain musulman) au cœur de l’Afrique de l’Ouest.

RISQUE DE PARTITION DU MALI

Tous menacés, les pays de la région ne souhaitent nullement la partition du Mali et veulent éviter que le Sahel ne devienne un nouveau sanctuaire pour les terroristes d’Al-Qaïda.
Le Mali, de par son histoire et sa configuration géographique, constitue un facteur de stabilisation positive dans une région convoitée pour son potentiel minier inexploité. Le Mali peut jouer (s’il en a les moyens) le rôle d’antidote à la balkanisation de l’Afrique de l’Ouest.
A l’instar des voisins du Mali, membres de la Cedeao, l’Algérie, voisin du Nord et puissance militaire régionale dont six diplomates ont été enlevés jeudi dernier à Gao, clame son attachement à l’intégrité territoriale de ce pays et craint l’effet domino. Le risque existe bel et bien.
Face à ce risque de partition du Mali, l’Algérie a réagi, dimanche 1er avril dernier, en appelant «de manière pressante et solennelle » à l’arrêt des hostilités, qui connaissent, selon Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, « une dérive inquiétante ». Alger engage tous les acteurs à « faire preuve de retenue et à s’inscrire dans une logique politique qui soit en harmonie avec les aspirations des populations et les efforts des pays voisins visant à accompagner le Mali dans la voie du recouvrement de la légitimité et de la stabilité».
Pour rétablir l’ordre constitutionnel, le recours à la force brandi par la Cedeao n’est pas la panacée et surtout ne mettra pas fin à la visée séparatiste du MNLA -qui ne date pas d’aujourd’hui- et des islamistes du mouvement Ansar Dine d’Iyad ag Ghali, appuyé par Aqmi.
La solution ne peut être que politique. Un effort militaire pourrait aggraver une situation déjà fragile et bien complexe. A preuve, la France et les autres puissances occidentales, témoins du drame qui secoue aujourd’hui le Mali, restent impuissantes.

A QUI LE TOUR DEMAIN ?

L’histoire est un perpétuel recommencement : cette affirmation que l’on attribue à l’historien grec Thucydide peut nous laisser penser qu’à l’avenir les Africains connaîtront probablement les redécoupages de leurs territoires de manière différente. En effet, la partition de certains Etats d’Afrique semble clairement inscrite dans le projet des dominants pour assurer leur hégémonie.
La domination des maîtres du monde s’effectue en toute bonne conscience néocoloniale (le mot n’est pas fort). Elle est rendue possible grâce à l’instrumentalisation des conflits qui autorise, sur le terrain, la présence de forces militaires extracontinentales afin de veiller à la sauvegarde des intérêts des multinationales.
Hier le Sud-Soudan, aujourd’hui le Nord-Mali et demain ? l’Est de la RD Congo, peut-être ! Car, pour tout observateur sérieux, ce territoire du Congo n’est pas encore sorti de l’auberge.
Depuis le 1er avril, les mouvements irréguliers d’hommes armés- partisans du général Bosco Ntaganda, selon les autorités congolaises- observés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu inquiètent la population. Un début d’une nouvelle rébellion ? Une énième insurrection pour déstabiliser l’Est de la RD Congo ? Seul l’avenir le dira. Ne feignons pas d’ignorer que le processus de balkanisation de la RDC est toujours en cours. N’en déplaise à ceux qui persistent de croire le contraire.

Robert Kongo, correspondant en France

vendredi 6 avril 2012

Robert Kongo sur Radio France Internationale

Journaliste correspondant en France du journal « Le Potentiel » (RDC), présentateur et responsable de rédaction à la Radio Vexin Val de Seine (RVVS - 96.2 FM - http://www.rvvs.fr), Robert Kongo sera l’invité de l’émission  « Le débat du jour » sur Radio France Internationale (RFI  89FM  http://www.rfi.fr), le mardi 10 avril à 19h (heure de Paris).
 
Observateur invétéré, Robert Kongo débattra – avec Seiddik Abba, journaliste correspondant à Paris de l’agence africaine « Panapress » et Eugène Yabouet, journaliste correspondant à Paris du quotidien « Le nouveau réveil » (Côte-d’Ivoire) – du regard que porte les Africains sur la campagne présidentielle française.

                                                          LA REDACTION
                                                            RVVS 96.2 FM

mardi 3 avril 2012

A propos de « Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique »


Gaspard-Hubert Lonsi Koko : « Je me suis intéressé à un pays où il faut imaginer d’autres voies, un système politique adéquat en vue du bien-être des populations en proie à la misère»
Par  Le Potentiel
C’est le premier entretien que Gaspard-Hubert Lonsi Koko accorde à la presse depuis les élections du 28 novembre 2011 en RDC. Homme de conviction et d’action, il s’est présenté comme candidat indépendant à la députation dans la circonscription de Madimba (Bas-Congo). Rentré en France, quelque peu dépité, cet écrivain au style raffiné publie chez l’Harmattan un livre intitulé : « Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique », œuvre dans laquelle il analyse férocement la situation en RDC. Avec la verve qu’on lui connait, il a accepté de répondre aux questions de notre correspondant en France.

Vous publiez bientôt chez l’Harmattan un livre au titre qui ne peut laisser indifférent : « Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique ». Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
J’ai voulu faire le point, en tant que candidat à la députation nationale, sur les élections dans un pays africain où le processus démocratique est en plein balbutiement, un pays où l’économie peine à décoller, où les droits fondamentaux de l’être humain sont bafoués, où les infrastructures font défaut. Je me suis penché sur le cas d’un pays où le chômage ne cesse de battre des records inimaginables, un pays où l’État a démissionné depuis longtemps. Oui, je me suis intéressé à un pays où il faut imaginer d’autres voies, un système politique adéquat en vue du bien-être des populations en proie à la misère.

Que recouvre la formule « le degré zéro de la politique » en parlant de la République démocratique du Congo ?
La carence dans la formation des membres de la CENI, le manque de formation des témoins de partis politiques et de candidats indépendants ont démontré l’irresponsabilité des acteurs politiques dans les nombreux déficits ayant hypothéqué le processus électoral. On ne doit pas excuser les faits graves concernant les électeurs dont les noms ne figuraient nulle part et la mise en place des bureaux fictifs. L’improvisation et le retard dans l’envoi du matériel ne doivent être tolérés au prétexte que l’on était confronté au défaut d’infrastructures et à la défaillance en matière des transports. Je n’exagère donc pas, à propos du degré zéro de la politique qui caractérise notre pays. Vous dites que « le Congo est un bateau ivre »…
Au-delà de la description rimbaldienne, la RD Congo ressemble à un navire qui vague vers un futur incertain. Son équipage, en ayant pris en otage les passagers, a bafoué les institutions. Il s’est moqué de la morale, dès lors qu’il a transformé une défaite électorale en une victoire à la Pyrrhus.

Vous parlez d’un futur incertain pour le Congo. Selon vous, le pays n’est pas dirigé par des acteurs politiques capables de le sortir du bourbier dans lequel il se trouve ?
Des forbans, qui ne se soucient guère du bien mal acquis, sont aux commandes du bateau ivre qu’est devenu le Congo-Kinshasa. Nous devons empêcher le naufrage, pour nous épargner un investissement titanesque. Notre pays a besoin d’hommes et de femmes en mesure d’offrir une autre perspective que le bricolage.

Avez-vous une ou des solutions pour cela ?
Je dispose de toute une panoplie de solutions en vue de la liberté, l’égalité, la prospérité et la paix. Encore faut-il que nos compatriotes privilégient le projet de société aux promesses chimériques, que la conscience politique prenne le dessus sur la politique du ventre, que la gestion de la chose publique l’emporte sur l’esprit de lucre. Les mentalités doivent évoluer. L’avenir ne dépendrait que de la capacité des différents acteurs à bâtir un havre où prédominerait la vraie joie de vivre.

Que vous inspire les noms de vos ascendants que vous évoquez dans votre livre : les Nlasa Ngandu, les Vuzi di Nkuwa, les Kimuakasa et les Nsala Nkanga ?
Je suis à la fois mfumu Nlasa Ngandu, fils des Vuzi di Nkuwa, petit-fils des Kimuakasa et des Nsala Nkanga. Mes ascendants confirment mes quatre identités claniques propres aux Bantous. Le troisième alinéa de l’article 10 de la Constitution du 18 février 2006 constate, en effet, la nationalité congolaise d’origine. Celle-ci est inaliénable. Ainsi prime-t-elle sur une autre citoyenneté. Quelle leçon tirez-vous de votre expérience de candidat à la députation dans la circonscription de Madimba ?
Le bilan est globalement négatif. Néanmoins, la campagne électorale que j’ai faite dans le Bas-Congo constitue le premier pas vers l’espérance à venir. Je la considère comme étant l’échec le plus honorable de mon parcours politique, car les forces de la vie finiront par faire oublier la défaite. Les temps des épreuves ne pourront que me rendre digne du temps des victoires. Socialiste jaurésien à tendances blumiste et mitterrandiste, j’essaie toujours de concilier l’idéal et le réel. Je n’ai ni regret pour le passé, ni remords pour le présent mais une confiance inébranlable pour le futur.

Tout le monde a décrié le travail réalisé par la CENI et soutient qu’il faut recadrer cette institution ou mettre en place une nouvelle CENI pour les élections futures (les provinciales, les sénatoriales...). Quel est votre avis ?
Le double scrutin du 28 novembre dernier n’a été, sur le plan national, qu’une mascarade censée permettre la réélection de Joseph Kabila, et lui donner une majorité confortable au Parlement. La CENI n’a-t-elle pas cautionné la nomination des députés du cru 2011 ? Il est indispensable de réformer cette institution, pour éviter d’autres déboires électoraux.

Que pensez-vous de l’ouverture prônée par Joseph Kabila ?
C’est la majorité parlementaire qui gouverne. La politique de la main tendue prouve que le président sortant est électoralement minoritaire. S’imposer sur le plan légal ne donne pas forcément la légitimité, laquelle s’acquiert par la reconnaissance populaire. C’est la raison pour laquelle Joseph Kabila veut associer l’opposition à son probable échec.

Etes-vous pour un gouvernement d’union nationale avec une majorité recomposée ?
La manipulation, la contestation, la suspicion et le rejet des résultats des élections sont dus au laisser-faire. Cette négligence concernait la bataille liée à l’articulation du processus électoral, le manque de confiance à l’égard de la CENI et d’autres institutions qui étaient impliquées dans la démarche, la méfiance entre les acteurs politiques majeurs, l’attitude des élites. Elle est aussi due à la manipulation des populations et à l’instrumentalisation des institutions, à l’opacité des conditions de transfert et de compilation des résultats, aux arrière-pensées politiques dictées par l’angoisse et les incertitudes, quant à l’avenir et au devenir tant individuel que collectif. Ces facteurs ont poussé les uns et les autres à perturber ce processus électoral pour aboutir à des négociations en vue d’un nouveau partage du pouvoir dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale, ou de transition. Joseph Kabila n’aura aucun mal à débaucher au sein de l’opposition, moyennant quelques postes ministériels et d’autres avantages matériels. Non, je ne suis pas favorable à un gouvernement d’union nationale. Il faut mettre la soi-disant majorité présidentielle au pied du mur et la laisser se décomposer au profit d’une opposition crédible, dont je préconise instamment la mise en place.

On prendrait le risque de dire que le débauchage, s’il en est un, affaiblirait ou fragiliserait l’Opposition qui sera incapable de jouer son rôle de contre-pouvoir. Est-ce qu’en RDC l’Opposition a-t-elle déjà été à la hauteur d’un quelconque enjeu ?
Si l’opposition congolaise n’avait rien entrepris durant la mandature 2006-2011, alors qu’elle détenait plus d’élus qu’à l’issue du scrutin du 28 novembre dernier, elle serait davantage inexistante face à l’actuelle majorité concoctée pour la tranquillité de Joseph Kabila.

Pour calmer la tension politique entre la majorité présidentielle et l’Opposition, d’aucuns souhaitent que soit nommer un premier ministre issu de l’opposition. Qu’en pensez-vous ?
Que fera un Premier ministre qui ne détiendra aucune majorité au Parlement ? De quelle marge de manœuvre disposera-t-il ? Je m’insurgerais volontiers contre une telle nomination.

Selon vous, comment créer les conditions d’un dialogue possible entre la majorité présidentielle et l’Opposition ?
Il y a quelque chose de malsain au Congo-Kinshasa. Mais une jurisprudence bantoue recommande de façonner l’argile pendant qu’elle est humide. Ainsi est-il important de réfléchir à d’autres voies pouvant permettre au peuple congolais de connaître des lendemains meilleurs. Il faudrait créer les conditions favorables à des alternances politiques qui ne souffriraient d’aucune contestation. Et cela passerait par le fait de juguler en urgence la crise politique actuelle et de permettre l’émergence de nouveaux acteurs à l’étoffe d’hommes et de femmes d’État. Les Congolais devraient obliger la classe politique à tendre vers l’excellence.

Continuez-vous votre combat politique ?
Le processus électoral tant décrié en RD Congo ne doit guère décourager les femmes et les hommes de bonne volonté, dans la recherche des voix salutaires en vue de l’amélioration matérielle et du rayonnement intellectuel. Il est des moments où l’on doit faire l’impasse sur une injustice quelconque pour ensuite cheminer en toute quiétude vers l’aube de la démocratie. À l’instar de Josué, fils de Nun, qui avait jadis su patienter avant de se lever et de traverser le Jourdain, j’ai fait le choix de franchir le Congo... Quand on fixe un cap, il faut le suivre.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France