Le "raïs" Joseph Kabila. Photo d’archives.
Inaugurée lundi 7 septembre à Kinshasa, le 29ème sommet de la communauté de développement des Etats de l’Afrique australe a clos ses travaux mardi 8 septembre. Joseph Kabila succède au Sud Africain Jacob Zuma à la tête de cette organisation. Le «raïs» est resté muet sur la situation humanitaire catastrophique qui prévaut dans les provinces du Kivu et la Province orientale.
«Qui trop embrasse, mal étreint», dit un adage populaire. Joseph Kabila va assumer, durant une année, la présidence de la SADC (Communauté de développement des Etats de l’Afrique australe). Le «raïs» est depuis plus d’une année à la tête de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale). «C’est le Congo-Kinshasa qui est désigné à la tête de la SADC et non Joseph Kabila en tant qu’individu», a déclaré l’historien Elikya Mbokolo dans le cadre de l’émission «Dialogue entre Congolais» de radio Okapi. «Le président de la République doit commencer par consacrer son temps à la résolution des problèmes congolais. Ce n’est qu’après que la RD Congo pourrait apporter un "plus" à la SADC», a déclaré, pour sa part, Bernard Ali Risasi, porte-parole de l’UDPS.
Mardi soir, une question revenait sans cesse : Quelles seront les priorités de la présidence congolaise de la SADC ? Dans sa brève allocution prononcée lundi, Kabila n’a pas fait preuve d’une excessive originalité. Il s’est contenté de clamer sa volonté «de consolider les efforts communs pour faire progresser la mise en œuvre de différents programmes prioritaires d’intégration régionale dont les effets bénéfiques sur l’amélioration des conditions de vie et le progrès socio-économique» de «nos populations».
Il a par la suite épinglé les problèmes climatiques liés aux «effets néfastes du changement climatique tels que la sécheresse, les inondations ainsi que leur impact sur la production agricole et la sécurité alimentaire». Il a évoqué dans la foulée la nécessité de procéder «à l’adoption d’une position commune tant au niveau de la SADC que de l’UA afin de défendre les intérêts spécifiques du continent pour la préservation des ressources naturelles et les chances d’un développement durable.» Au plan des échanges économiques, il a salué le lancement de la zone de libre-échange qui est, selon lui, «une étape importante vers la fluidité du commerce dans la sous-région». Kabila a par ailleurs souligné le «déficit énergétique» dont souffre la sous-région. Il a promis «de s’employer à encourager durant son mandat, la recherche d’une stratégie mutuellement avantageuse pour le règlement de ce problème prioritaire.» Rien que des généralités.
Etrangement, le chef de l’Etat congolais est resté muet sur la situation humanitaire, unanimement qualifiée de «catastrophique», qui prévaut dans la partie orientale de la RD Congo où une population évaluée à 2 millions d’individus erre dans une sorte d’exil intérieur. En cause, l’insécurité provoquée par les groupes armés manipulés par certains Etats voisins bien connus. Cette insécurité est aggravée par les opérations militaires menées dans les provinces du Kivu et dans la Province orientale dans le cadre de la «traque» respectivement des miliciens hutus des FDLR et les combattants de la LRA de l’Ougandais Joseph Kony.
Dans son speech inaugural, Joseph Kabila a par ailleurs rendu un hommage appuyé à certains pays de l’Afrique australe. C’est le cas sans doute de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe. Ces trois Etats avaient déployé leurs troupes au Congo entre 1998 et 2000 sauvant ainsi le régime de Laurent-Désiré Kabila menacé par ses ex-alliés ougandais et rwandais. «Votre présence à Kinshasa, le peuple congolais se rappelle que nombre de dignes fils venus des pays de la SADC ont versé leur sang sur son sol pour la défense de sa souveraineté et l’intégrité de son territoire. La nation congolaise leur sera à jamais reconnaissante.»
Selon une dépêche de l’APA, Joseph Kabila «a enfin reconnu que si son pays connaît une paix et stabilité aujourd’hui, c’est aussi grâce à l’appui multiforme et à la solidarité de certains pays de la SADC».
Questions : Peut-on franchement parler de paix et de stabilité en RD Congo pendant que plusieurs centaines de milliers de citoyens vivent dans des conditions infra-humaines à l’Est? Que peut-on attendre de ce sommet de la SADC dont les priorités paraissent – hormis les problèmes énergétiques – aux antipodes des préoccupations congolo-congolaises du moment ? Quel est l’intérêt pour la RD Congo à «pavoiser» à l’extérieur alors qu’elle est incapable d’assurer les conditions minimales de vie et de sécurité à sa population ?
Source : Congoindependant
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