vendredi 26 mars 2010

Frère Wasumuka : « Je suis triste pour mon pays »

Frère Wasumuka est peu connu du milieu artistique congolais. Cependant, il a une longue expérience dans le domaine de la musique. D’abord, artiste de la musique profane- comme diraient certains- dans les années 60, puis artiste chrétien à partir de 1976, année à laquelle il décide de mettre au service de Dieu son exceptionnel organe vocal. Résident en France depuis 1992, il continue de travailler à l’œuvre de Dieu, et vient de créer une chanson intitulée « Congo, mboka na ngai », opus dans lequel il dénonce les conditions de vie difficiles du peuple congolais.

D’humeur toujours badine, traînant une barbe à la « Kuyena Munzita », Wasumuka, mieux frère Wasumuka est natif de la ville de Kinshasa (Kintambo ) en République démocratique du Congo.
Ce Toulousain aux allures de gentleman a débuté sa carrière musicale en 1963. Guitariste chevronné, il s’est mis au chant en 1971. Très entreprenant en la matière, il se fait remarquer lors de ses multiples passages à l’émission « Kin-Show » diffusée par Télé-Zaïre à l’époque et présentée par le célèbre animateur Kayumbi Beya.

A partir de 1976, inspiré par des enseignements de la Bible, frère Wasumuka choisit de se lancer dans la musique chrétienne qu’il côtoie. Un appel divin, dit-il : « Cela s’est passé au cours d’un concert auquel j’ai participé dans la commune de Kinshasa. Le défunt Wendo y participait également. En pleine scène, je sentis cette envie de louer le Seigneur et de me démarquer de ce que je faisais à l’instant. Je suis formel d’avoir reçu un appel de Dieu. Ce jour-là, tout a changé en moi. J’ai alors décidé de me mettre au service de Dieu et de chanter à sa gloire. Ma vie, aujourd’hui, c’est une vie pour Dieu ».

Membre de la Communauté Baptiste Zaïre Ouest (CBZO), il fut l’une des voix marquantes de la chorale de l’Eglise protestante de Kintambo. « J’ai chanté et je continuerai à chanter pour rendre grâce à Dieu le père », déclare-t-il.

Arrivé en France en 1992, il continue sur la même lancée et ses convictions n’ont souffert d’aucune atteinte. Aujourd’hui, il est membre de l’Eglise évangélique « Assemblée de Dieu » de Toulouse, la ville rose, et est responsable de la partie musicale.

« CONGO, MBOKA NA NGAI » 

La chanson « Congo, mboka na ngai » , dont il est l’auteur compositeur tourne à merveille sur la toile et suscite des commentaires. Une chanson d’un artiste engagé pour la cause du Congo et du peuple congolais disent les uns, un chef-d’œuvre qui tombe à point nommé, à la veille du Cinquantenaire de l’indépendance du Congo, font remarquer les autres.

Deux sentiments, nostalgie et besoin d’exprimer son désarroi sur la situation en République démocratique du Congo, s’entremêlent dans cette chanson rythmée à la rumba, et qu’il chante avec un brin de mélancolie. « Ce que j’ai vu au Congo, lors de mes vacances en 2007, m’a exaspéré. Tout va mal au Congo. Le peuple congolais souffre et la misère est devenue le lot quotidien. Je suis triste pour mon pays. Trop c’est trop ! », s’indigne-t-il.

La sortie de cette chanson est prévue pour cet été, et frère Wasumuka multiplie déjà des rendez-vous avec les médias pour parler de son oeuvre qui, selon lui, dit toute la vérité sur la situation en République démocratique du Congo : « Pour que cela change, nous avons besoin de dire la vérité. C’est cela que les gens recherchent chez les serviteurs de Dieu. Advienne que pourra ».

Il attribue les insuffisances des régimes successifs en République démocratique du Congo depuis l’indépendance à « l’inertie patente de la classe politique congolaise, majorité et opposition confondue». Puis d’ajouter « l’immaturité politique des dirigeants congolais saute aux yeux. Comment peuvent-ils ne pas saisir certaines réalités qui font que la République démocratique du Congo, classée hier parmi les nations les plus enviées en Afrique, devienne le dernier des pays dont on a même pas envie d’y vivre, même pas en rêve ? ».

Néanmoins, Frère Wasumuka reste optimiste quant à l’avenir de la République démocratique du Congo : « Je crois que le Congo se révélera un jour. Ce que vit notre grand et beau pays n’est pas une fatalité, et avec le concours de tous les congolais, nous pouvons nous en sortir. Il faut y croire ! Pour dresser nos fronts longtemps courbés, nous devons y croire tous ».

Un optimisme que partagerait volontiers le peuple congolais à cet effet. Cependant, « le peuple congolais doit beaucoup prier pour que Dieu le père lui insuffle cette force de vie et une foi qui ferait trembler les montagnes », déclare le chantre chrétien. «Rien n’est impossible à celui qui croit », conclut-il.

Robert Kongo, correspondant en France

© Le Potentiel

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