lundi 7 janvier 2013

RDC : le dialogue inclusif républicain

À l’occasion de son message de vœux à la nation congolaise, le président Joseph Kabila a appelé à la cohésion nationale. « Face à l’épreuve de la guerre, la cohésion nationale a été et demeure la condition de notre survie, le bouclier le plus sûr contre toute velléité de balkanisation et de destruction », a-t-il déclaré tout en précisant que la guerre, dans laquelle la RD Congo est entraînée, devrait être une occasion pour s’unir davantage car « aucun résultat positif n’est possible dans la division ». Cest pour cette raison quil a promis l’organisation, très prochainement, « d’un cadre pour les échanges entre toutes les forces vives de la nation ».

Division au sein de l’opposition
 
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti dirigé par Étienne Tshisekedi, ne se sent pas concernée par la proposition du président Kabila. Pour l’opposition institutionnelle, celle ayant accepté de siéger au Parlement après les élections contestées de 2011, les contours du cadre de concertation et d’échange évoqués par le chef de l’État restent encore flous. Ainsi souhaite-t-elle la présence d’un facilitateur international pour parvenir à une véritable réconciliation et à des solutions durables.

Cette division a également cours au sein de l’opposition non institutionnelle. En effet, les uns prétendent que l’appel du président de la République est une énième farce pour amuser la galerie. A contrario, d’autres estiment que la cohésion nationale reste le seul rempart en mesure de faire échouer les différents projets de balkanisation de la RD Congo.

L’héritage commun

On ne voit pas comment les Congolais peuvent faire face à l’adversité tout en restant divisés. La RD Congo étant en proie à un risque sérieux de démembrement, il est plus que jamais urgent que le linge sale soit lavé en famille. Si l’union fait la force, seul le patriotisme peut la consolider. La patrie, c’est l’héritage commun dont dispose tout peuple. Ainsi doit-il savoir se transcender en faisant corps avec toutes les institutions de la République pour sauvegarder l’intégrité du territoire national. En conséquence, le dialogue intercongolais souhaité par le président Kabila devra avoir pour seul objectif la mise en place des structures étatiques fortes qui garantiront à jamais le pays contre les injustices internes et les menaces extérieures. En tout cas, le sang versé par ceux qui convoitent les richesses du Kivu oblige le peuple congolais à lever le front longtemps courbé. La patrie d’abord !

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© jolpress

À lire aussi
- Le devenir de la RDC, de Kampala à Kinshasa ;
- La cohésion nationale, condition sine qua non pour l’unité de la RDC ;
- Rencontre de Kampala sur la RDC : négociations ou mise au point ?

dimanche 6 janvier 2013

AUTEUR DE "EUROPE, CRIMES ET CENSURE AU CONGO. LES DOCUMENTS QUI ACCUSENT"

Charles Onana: « Pour les dirigeants de Bruxelles, les millions de morts du Congo ont nécessairement moins d'importance que les  800 000  victimes tutsi du Rwanda. » 

Connu notamment pour ses enquêtes sur les conflits dans les régions des Grands Lacs, Charles Onana, journaliste d’investigation et essayiste, vient de publier aux éditions Duboiris un nouveau livre au titre significatif « Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent. » Avec cette lucidité qu’on lui connaît, l’auteur tente de comprendre le silence des Européens face aux actes criminels perpétrés des années durant par les ex-rebelles tutsi rwandais et par les militaires tutsi en RDC. Notre correspondant en France, Robert Kongo, l’a rencontré.

Vous venez de publier un nouveau livre intitulé  « Europe, crimes, censure au Congo. De quoi s’agit-il ?

Il s'agit du rôle et de l'action de l'Union Européenne dans la région des Grands Lacs et particulièrement en République Démocratique du Congo depuis une dizaine d'années. Il faut savoir que l'Europe a dépensé plusieurs millions d'euros en RDC depuis 2002 et cela sans évaluation objective des motivations réelles ni des résultats de ces dépenses. Je voulais savoir à quoi tout cet argent a servi. Les raisons qui m'ont finalement poussé à mener cette enquête tiennent surtout au silence observé à la fois dans les médias européens et dans le discours officiel des institutions européennes sur la tragédie du Congo et la dictature du Rwanda. Je ne comprenais pas pourquoi l'Europe, qui prône la défense des droits humains et de la démocratie, s'accommode tant du trucage des élections au Rwanda et en RDC et de la violation des droits de la personne dans ces deux pays. Je m'étonnais aussi du silence persistant en Europe sur le harcèlement des militants des droits humains et leur assassinat tant au Rwanda qu'en RDC. J'ai donc décidé d'enquêter dans « l'arrière-cuisine » de la diplomatie européenne [lire la suite].

Propos recueillis par Robert Kongo 

mercredi 26 décembre 2012

COMMUNIQUE DE PRESSE N° 20121226/036 relatif à la dramatique situation en cours dans la région du Kivu

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Dans une tribune parue dans le quotidien français Le Monde du 25 décembre 2012 intitulé « Au Kivu, on viole et massacre en silence », plusieurs personnalités – dont Denis Mukwege, Jacques Chirac, Valérie Trierweiler, Muhammad Ali, Robert Badinter, Stéphane Hessel, Erik Orsenna, Angélique Kidjo, Federico Major, Abdou Diouf, Eve Ensler, Yamina Benguigui, Leymah Gbowee... – dénoncent un drame que la communauté internationale « pourrait arrêter » à tout moment. De plus, il lui suffirait « de donner l'ordre » pour que la Monusco fasse son métier et remplisse son mandat, l'objectif étant « de garantir la paix et la dignité de l'espèce humaine ».

Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) salue cette initiative et souhaite vivement que :
- le Conseil de sécurité des Nations Unies modifient dans l'urgence la mission de la Monusco pour lui permettre d'agir en temps que force d'interposition aux côtés des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ;
- des sanctions soient appliquées à l'encontre des pays voisins qui déstabilisent le Congo-Kinshasa par le biais de groupes armés tels que le CNDP, le M23... ;
- des tribunaux soient mises en place pour condamner les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l'Humanité qui sont à l'origine du génocide congolais et des violations des droits fondamentaux de la personne humaine ;
- les autorités congolaises œuvrent en vue d'un dialogue inclusif citoyen, la cohésion nationale étant la condition sine qua non de l’État de droit et de la sécurisation du territoire nationale.

Fait à Rennes, le 26 décembre 2012

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)

jeudi 20 décembre 2012

Le devenir de la RDC, de Kampala à Kinshasa

Les observateurs avertis savent pertinemment que les pourparlers de Kampala préfigurent à n’en pas douter le devenir de la République démocratique du Congo. En effet, ce qui est en train de se dérouler dans la capitale ougandaise, entre les représentants du gouvernement congolais et ceux du mouvement dénommé M23, permettra de révéler le pot aux roses. En effet, Kinshasa tient l’occasion d’accompagner les menteurs jusqu’à la porte. Encore faut-il que les envoyés de Kinshasa manœuvrent habilement. N’est pas Talleyrand qui le veut !

L’épée de Damoclès

En réalité, le Mouvement du M23 a commis une erreur fatale en ayant pris la ville de Goma. Son entrée dans la capitale du Nord-Kivu a permis non seulement de mettre en mauvaise posture la Monusco, donc la communauté internationale, mais surtout de montrer les appuis extérieurs dont il bénéficie. En conséquence, les forces onusiennes sont contraintes de prouver qu’ils n’agissent pas de connivence avec les parrains du M23 tout comme la communauté internationale est obligée de les sermonner. Le coup de fil du président Barack Obama à son homologue Paul Kagamé en est l’illustration.

À Kampala, la délégation en provenance de Kinshasa doit surtout avancer des arguments susceptibles de lever le voile sur l’identification des éléments qui constituent le M23. S’ils sont Congolais, leur sort sera donc réglé par les tribunaux nationaux pour violation des articles 63, 64, 64, 65, 66, 67 de la Constitution et pour haute trahison. Dans le cas contraire, cela démontrera l’agression de la République Démocratique du Congo par des forces étrangères – aussi bien continentales qu’extracontinentales. La capitale ougandaise restera donc, dans tous les cas de figure, l’épée de Damoclès suspendue sur la tête du M23.

L’inconscience de la classe politique

L’inexistence de l’État et la crise politique permettent indéniablement la déstabilisation de la République Démocratique du Congo. Les agresseurs profitent de la mésentente et des divergences entre les Congolais pour souffler le chaud et le froid. À cela, il faudra ajouter la double posture de l’exécutif congolais à entretenir des relations dangereuses avec des voisins de l’Est et l’incapacité de l’opposition institutionnelle à se servir pleinement des prérogatives que lui confère la Constitution. Cette inconscience de la classe politique ne fait que fragiliser le pays et l’exposer davantage aux appétits voraces, aux relents d’expansionnisme et de pillage, des voisins pauvres et confinés dans un espace réduit. Il faudra donc un sursaut patriotique pour sortir le Congo-Kinshasa de l’impasse dans lequel on l’a parqué pour mieux l’achever.

Le dialogue inclusif citoyen

Les pourparlers de Kampala devront permettre à Kinshasa de faire échouer les projets de balkanisation en externalisant les négociations. Mais les Congolais, confrontés à une situation tragique dans laquelle les véritables agresseurs sont juges et parties, ne pourront s’en tirer à bon compte qu’à l’aide d’un dialogue inclusif citoyen. Bien entendu, le sursaut patriotique leur permettra tout d’abord de lever l’équivoque sur la légitimité et l’illégitime des uns et des autres, ou alors de se mettre d’accord sur le fonctionnement du pays à court terme – l’objectif étant de poser les bases solides en vue de la cohésion nationale, de la fin du génocide congolais ainsi que des élections crédibles et transparentes. Ce sera la seule façon de mettre en place des institutions républicaines. Toutes les forces vives de la Nation, y compris celles qui œuvrent en dehors des frontières nationales, doivent être associées à cette palabre entre Congolais.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :
- La cohésionale, condition sine qua non pour l'unité de la RDC ;
- Cinq question à Gaspard-Hubert Lonsi Koko ;
- RDC : l’aveu d’impuissance d’Augustin Matata Ponyo ;
- Le combat pour la RDC du troisième millénaire.

lundi 17 décembre 2012

La cohésion nationale, condition sine qua non pour l’unité de la RDC

Dans son adresse à la Nation devant le Parlement réuni en congrès, le président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, a appelé le samedi 15 décembre 2012 le peuple congolais à la cohésion nationale pour résoudre la crise qui déstabilise la région du Kivu. Ainsi a-t-il rappelé la nécessité de la cohésion nationale, d’autant plus que, ne pouvant « souffrir d’aucune conditionnalité, elle se réalisera dans un cadre approprié et ouvert à toutes les forces politiques et sociales du pays ». En conséquence, « une initiative sera prise incessamment à cet effet et les modalités de sa réalisation en seront précisées le moment venu ». En effet, pour Joseph Kabila, le pays étant confronté à une situation historique qui met la nation congolaise en péril, la responsabilité de la cohésion nationale s’impose à tous, dont les acteurs politiques, la société civile, les forces de la défense.

Les Congolais de l’étranger

Toutes les tendances politiques, sans aucune exception, sont unanimes, s’agissant de la participation des Congolais de l’étranger aux assises relatives à la cohésion nationale. Ce n’est qu’une reconnaissance en vers une communauté qui a toujours été exclue par les différents gouvernements kabilistes dans la gestion de la chose publique et dans le développement socio-économique de la RD Congo. De nos jours, ces citoyens à part entière sont privés – paraît-il pour des raisons purement techniques – de droit de vote et d’éligibilité. Pis encore, leurs enfants bénéficiant de citoyennetés étrangères du fait du droit du sol ou nés d’un parent étranger, se voient refusés la nationalité congolaise d’origine en violation de l’alinéa 3 de l’article 10 de la Constitution congolaise. Toutes injustices doivent donc être réparées, si l’on tient réellement à l’égalité de tous les Congolais au regard des lois nationales.

Des sillons pour l’avenir

Les promesses n’engageant seulement ceux qui veulent bien les entendre, on peut comprendre que les peuples puissent avoir des dirigeants qu’ils méritent. La société civile congolaise doit absolument faire la pression pour que la classe politique et l’élite congolaises fassent du dialogue inclusif un véritable moment républicain qui tracera des sillons en vue du la RD Congo du troisième millénaire. En sa qualité de souverain primaire, il  revient au peuple congolais de jouer son rôle de garde-fou – l’objectif étant d’éviter un simple partage des pouvoirs entre politiciens, comme cela avait été le cas en 2001 avec le fameux système « 1 + 4 ». Il faudra que soit mis en place, à l’issue des travaux, un conseil national de transition, ou un gouvernement de salut public, qui définira les grandes orientations relatives aux prochaines élections, au toilettage de la Constitution, à la morale patriotique, à la défense nationale et aux institutions de la République.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :
- Cinq question à Gaspard-Hubert Lonsi Koko ;
- RDC : l’aveu d’impuissance d’Augustin Matata Ponyo ;
- Le combat pour la RDC du troisième millénaire.

samedi 15 décembre 2012

APRES LA DEROUTE DE L'ARMEE CONGOLAISE A GOMA

Ferdinand Lufete(*) : "La RDC n'a pas une armée fiable"

1. Comment expliquez-vous la facilité avec laquelle Goma est tombée entre les mains des rebelles du M23 ?

La question que l’on peut se poser aujourd’hui est simple : existe-il une armée nationale en RDC ? Nos vaillants soldats n’ont pas fait leur travail entend-t-on dire ici ou là. Est-ce de leur faute ou celle de leurs commandants ? Je ne peux répondre à cette question. Ce que je sais, l’armée congolaise a subi un sérieux revers en échouant à repousser les rebelles du M23 qui ont pris sans résistance la ville de Goma. Notre armée a été humiliée. Après avoir posé leurs conditions et obtenu des avancées, les rebelles du M23 ont enfin décidé de se retirer de Goma. Pas selon le calendrier des présidents qui ont pris l’habitude de se réunir à Kampala pour résoudre la crise dans la région des Grands Lacs, ou selon les pressions internationales ( Union africaine, ONU, etc.), mais selon leur propre calendrier. Ils se sont retirés de la ville quand ils l’ont décidé en laissant la place aux FARDC qui n’ont rien d’autre à faire qu’un retour timide, sans éclat et sans bravoure. La honte dans l’âme. Fort de leurs succès sur le terrain, les rebelles du M23 ont de quoi avoir le verbe haut et estimer qu’ils auront toujours leur mot à dire dans l’administration de cette ville de Goma qu’ils ont laissé par pitié. Même sans pressions internationales, le fait d’obtenir les autorités congolaises à la table de négociation est une autre victoire en plus des victoires militaires.

2. Alors, que fait la Monusco ?

Difficile d’expliquer l’impuissance de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC. Avec 17.000 soldats, 1400 policiers et 720 observateurs militaires, la Monusco n’a rien pu faire contre l’avancée des rebelles du M23. Comment se fait-il que la plus grande opération des Nations Unies dans le monde n’arrive pas à arrêter une rébellion ? Comment ne pas évoquer un complot international ? Si tel n’est pas le cas, il faut penser autrement. Nous sommes un bon nombre d’acteurs politiques congolais en France à demander le changement  de la mission de la Monusco et sa transformation en une véritable force d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise , et, au cas où l’ONU refuserait de requalifier sa mission , son remplacement par d’autres forces neutres, notamment l’Africom. Notre plate-forme politique, l’Adr, par la voix de son président, François Muamba, a déjà proposé le déploiement de cette force américaine le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda pour combattre les rebelles du M23, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et autres groupes armés opérant dans cette région. Pour nous, l’appel aux troupes de l’Africom est la réponse exacte et adaptée à la situation d’insécurité qui prévaut dans les deux Kivu.  

3. Faute d’une armée nationale, républicaine et forte, les Congolais sont humiliés en permanence, diriez-vous ?

C’est un secret de polichinelle de dire que la RDC n’a pas une armée fiable. Il faut absolument la doter d’une armée républicaine, dissuasive, capable d’assurer la sécurité des Congolais et l’intégrité de leur territoire face aux menaces et à toutes les velléités des groupes armés. L’adjectif républicain doit être bien compris par les Congolais ou ceux qui se considèrent comme tel. Un soldat intervient pour la défense collective du territoire national. Il est donc censé être affecté dans une autre région que la sienne. Une réalité que ne semble pas admettre les rebelles du M23. Ils veulent réaliser toutes leurs missions dans le Nord et Sud Kivu. Cela trahit un comportement suspicieux et très sceptique.
  
4. Comment expliquez-vous la faiblesse de l’armée congolaise aujourd’hui ?

Depuis 1996, les conflits récurrents en RDC n’ont pas servi la cause de notre armée nationale. Les Forces armées zaïroises (FAZ) qui, à l’époque, étaient l’une des meilleures en Afrique centrale, ont été démantelées. La guerre de libération de 1996 menée par Laurent- Désiré Kabila et celle du 2 août 1998 ont désintégré complètement notre force militaire. Depuis l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila en 2001, différentes options ont été prises pour la mise en place d’une armée nationale digne de ce nom. Les résultats se font encore attendre.  

5. Le président de l’Adr, François Muamba, est à la table de négociation à Kampala. Y a-t-il sa place, selon vous ?

Bien sûr. Dans une interview, d’ailleurs, le président François Muamba  a  expliqué la raison de sa présence à la rencontre de Kampala. Il y est en sa qualité de président d’un regroupement politique représenté à l’Assemblée nationale et membre du groupe  consultatif permanent mis en place par le Président Joseph Kabila pour favoriser la cohésion et l’unité nationale. Personnellement,  je ne trouve rien d’anormal qu’un acteur politique de sa trempe accompagne les membres du gouvernement dans leurs efforts de rétablir la paix au Nord-Kivu. La guerre dans l’Est, c’est l’affaire de tous les Congolais. En outre, l’Adr est dans une opposition constructive. Ce n’est pas dans cette circonstance particulièrement douloureuse pour la RDC que nous allons nous radicaliser. Notre pays est en danger, il faut le défendre et le sauver.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France (Le Potentiel)

(*) Coordinateur en France de la plate-forme politique Alliance pour le développement et la République (Adr)

jeudi 13 décembre 2012

RDC : l’aveu d’impuissance d’Augustin Matata Ponyo

Dans une tribune publiée mercredi 5 décembre par le quotidien français Libération, le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, a interpellé la communauté internationale afin qu’elle aide la République démocratique du Congo. Pour le chef du gouvernement, « la rébellion du M23 n’est pas une créature congolaise, mais rwandaise ». En conséquence, «  La RDC mérite donc un peu d’égard ».

Un bilan catastrophique

De la plume même du Premier ministre, on apprend que la RDC est régulièrement attaquée « au nom d’obscurs intérêts qui relèvent avant tout du pillage » et ce ne sont pas les faiblesses des FARDC qui arrangeront les choses. C’est une façon d’admettre l’incapacité de différents gouvernements, depuis 2001, de pacifier le pays. À travers une décennie de guerres et de crises politico-militaires aux exogènes, Augustin Matata Ponyo ne fait que confirmer l’aspect moribond de la diplomatie congolaise. Le Premier ministre vient enfin de découvrir que «  l’organisation d’élections libres reste un défi dans un pays dépourvu de routes dans certaines régions », dans un pays où la démocratie ne repose guère sur des valeurs partagées et des principes admis par tous. Augustin Matata Ponyo se plaint donc du jugement univoque sur un pays et ses dirigeants, il ne comprend pas que l’on puisse satisfaire des opinions publiques internationales guère au fait de la redoutable complexité congolaise.
En tout cas, personne ne peut contredire le Premier ministre lorsqu’il affirme que « la situation des droits de l’Homme demeure insatisfaisante ». On ne peut qu’être d’accord avec lui quand il affirme que « le niveau de pauvreté reste trop élevé dans un pays présenté dans les manuels scolaires comme un “scandale géologique” du fait de ses abondantes réserves de minerais », que « la corruption constitue un frein au développement et à l’esprit d’entreprise ».

Un dialogue inclusif

Il faut reconnaître, toutefois, qu’Augustin Matata Ponyo a raison lorsqu’il soutient que « l’obligation de vérité incombe à tous », et que les Congolais doivent faire « ensemble ce nécessaire travail d’introspection ». En effet, le peuple congolais doit coûte que coûte s’adonner à la maïeutique socratique dans l’espoir de mieux se connaître et de se prendre enfin en en main. Cela passera nécessairement par le dialogue inclusif, sous l’observation de la communauté internationale, à l’issue duquel un conseil national de transition devra être mis en place pour une durée de deux ans. L’objectif, c’est de préparer des élections libres et crédibles dans un délai raisonnable.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :

- Le combat pour la RDC du troisième millénaire ;
- La RD Congo : le patriotisme d'abord.

mercredi 12 décembre 2012

COMMUNIQUE DE PRESSE N° 20121212/035 relatif à l’adresse du président Joseph Kabila à la Nation congolaise

Selon le journal Le Potentiel, qui a repris l’information qu’a livrée le mardi 11 novembre 2012 le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, le président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, s’adressera au peuple congolais le 15 décembre 2012, comme le recommande la Constitution, devant le Parlement réuni en Congrès.

Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), qui pourtant se situe dans l’opposition à la majorité présidentielle, rappelle que seuls un patriotisme sans faille et une réelle volonté politique garantiront un État de droit, la stabilité et l’indivisibilité de la République Démocratique du Congo.

En conséquence, le RDPC demande au président Joseph Kabila de faire, à l’occasion de son adresse à la Nation, des propositions en vue :
- de la mise en place des conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines ;
- de l’émergence d’un gouvernement d’union nationale, ou de salut public, dans le contexte de l’état d’urgence ;
- de l’affirmation du caractère inaliénable de la nationalité congolaise d’origine, conformément à l’alinéa 3 de l’article 10 de la constitution, ainsi que du droit de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger ;
- de la préparation des élections libres et crédibles, en commençant par les scrutins locaux ;
- de la création des juridictions d’exception à propos des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’Humanité, des violations des droits fondamentaux de la personne humaine et haute trahison ;
- du changement de la mission de la Monusco et de sa transformation en une force d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise, et, au cas où les Nations Unies refuseraient de requalifier sa mission, de son remplacement par les forces de l’Union africaine (à l’exclusion des pays voisins de l’Est), et ou de l’Eurofor, ou alors de l’Africom ;
- de la maîtrise de l’insécurité et de la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, grâce à une armée et à une police républicaines et performantes ;
- de la garantie d’une paix durable dans la région des Grands Lacs.

Soucieux de la cohésion nationale et de la pacification de la République Démocratique du Congo, le RDPC reste convaincu que l’avenir de la République Démocratique du Congo dépend de l’émergence d’une nouvelle voie excluant celle qui est empruntée depuis 2001.

Fait à Paris, le 12 décembre 2012

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole

Source : RDPC

mardi 11 décembre 2012

Réagissant aux négociations de Kampala entre le gouvernement de la RDC et les rebelles du M23

Gaspard-Hubert Lonsi Koko: « L’unité nationale ne doit être hypothéquée sous aucun prétexte ».
1. Les rebelles du M23 ont quitté Goma. Pensez-vous que ce retrait résout la crise ?
Ce retrait ne peut résoudre la crise qu’en tenant compte de deux facteurs fondamentaux. Si le M23 est un mouvement local soutenu par des pays étrangers, les rebelles qui le composent sont censés savoir qu’aucun citoyen congolais n’est au-dessus des lois de la République. Leurs chefs devront être traduits en justice pour violation des articles 63, 64, 66, 67 de la Constitution et pour haute trahison du fait d’agir en intelligence avec les ennemis de la Nation. Si le M23 est composé d’éléments étrangers s’étant approprié la citoyenneté congolaise, cela confirme l’agression de notre pays par les voisins ougandais, burundais et rwandais. En conséquence, le gouvernement devra recourir aux dispositifs constitutionnels appropriés – plus précisément aux articles 85 et 86, ainsi qu’au second alinéa de l’article 214 de la Constitution. Le président de la République devra décréter l’état de siège et demander à ses alliés de la SADC, de la CEEAC, de l’Union africaine et de la Francophonie de s’impliquer dans une négociation globale, voire d’intervenir militairement aux côtés des FARDC, pour rétablir l’ordre dans la région du Kivu et pacifier l’ensemble du territoire national.

2. Quelle réflexion vous inspire les pourparlers engagés à Kampala entre la délégation du gouvernement de la RDC et les rebelles du M23 ?
Cette rencontre avec le M23 doit avoir comme finalité la mise au point sur la sécurisation du territoire national. Elle ne doit en aucun cas servir de cadre à la négociation en vue du partage des compétences administratives et de l’attribution des postes ministériels. Elle doit être l’occasion d’accompagner les menteurs jusqu’à la porte. J’invite donc à la prudence et à la clairvoyance les membres de la délégation gouvernementale, car il est question de la cohésion nationale. L’unité nationale ne doit être hypothéquée sous aucun prétexte.
 
3. Faites-vous confiance à cette délégation conduite par le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda ?
Raymond Tshibanda étant le patron de la diplomatie congolaise, il est judicieux qu’il conduise une telle délégation. Mais, il faudra le quitus du Parlement pour que le ministre des Affaires étrangères engage le pays dans tout accord relatif à la sécurité de nos populations, à la paix et à l’intégrité du territoire.

4. Comment réagissez-vous au refus des principaux partis d’opposition de participer à ces négociations ?
Le bon sens voudrait, effectivement, que l’on ne négocie pas avec des criminels, de surcroît agresseurs et acteurs de la déstabilisation. Mais comme la RDC s’est retrouvée avec des forces armées téléguidées de l’extérieur à défaut d’une institution militaire aguerrie, elle est contrainte de se rendre à Kampala pour rappeler la nécessité d’une médiation plus large devant inclure ses alliés habituels et d’un dialogue inter-congolais, auquel prendront part les Congolais de l’étranger, pour sortir de la crise qui paralyse politiquement le pays. En effet, la diaspora est composée des Congolais à part entière bénéficiant des mêmes droits et devoirs que leurs compatriotes de l’intérieur. Leurs représentants doivent être choisis dans les différents pôles géographiques sur la base des critères précis : capacités politiques, intellectuelles et relationnelles au regard des autorités des pays, ou du continent, où ils vivent.

5. Comment mettre un terme définitif à cette guerre et au drame humain qui se joue à l’Est de la RDC ?
Une réelle volonté politique et un patriotisme sans faille sont indispensables pour un Etat de droit, la stabilité et l’indivisibilité de la RDC. Il faudra commencer par mettre en place des conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines et un gouvernement d’union nationale ou de salut public dans le contexte de l’état d’urgence, tout en garantissant le caractère inaliénable de la nationalité congolaise d’origine, conformément à l’alinéa 3 de l’article 10 de la constitution, ainsi que le droit de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger. Il faudra aussi préparer des élections libres et crédibles, en commençant par les scrutins locaux, et créer des juridictions d’exception en vue des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’Humanité, des violations des droits fondamentaux de la personne humaine et pour haute trahison. Il faudra aussi obtenir le changement de la mission de la Monusco et sa transformation en une force d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise, et, au cas où les Nations Unies refuseraient de requalifier sa mission, son remplacement par les forces de l’Union africaine ( à l’exclusion des pays voisins de l’Est), et ou de l’Eurofor, ou alors de l’Africom. Enfin, il faudra maîtriser l’insécurité et restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national grâce à une armée et à une police républicaines et performantes.

Propos recueillis par Robert Kongo (correspondant en France)

(*) Porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC).

© Le Potentiel

vendredi 7 décembre 2012

Rencontre de Kampala sur la RDC : négociations ou mise au point ?

Les représentants politiques du M23 et une délégation officielle mandatée par le pouvoir de Kinshasa se retrouvent à Kampala, la capitale ougandaise, où se déroulera ce vendredi 7 décembre, en l’absence du président Joseph Kabila et de Jean-Marie Runiga, des pourparlers entre une délégation du pouvoir congolais et les représentants des agresseurs à la solde du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda.

Les avis sont partagés dans la capitale congolaise. En effet, la majorité de la population et de l’opposition est catégoriquement opposée aux négociations avec les agresseurs tandis que le pouvoir ainsi qu’une infime minorité de l’opposition et de la société civile y sont favorables. Une chose est certaine. Si la politique de la chaise vide n’est pas forcément la bonne, le fait de se parler ne veut pas obligatoirement dire qu’il faille négocier. D’autant plus que l’ordre du jour n’est pas encore clarifié.

Désaccord entre les deux délégations

Les agresseurs de la République Démocratique du Congo, en l’occurrence le M23, souhaitent évoquer, à l’occasion de la rencontre de Kampala, de nombreux sujets : notamment les revendications sociales des militaires mutins, la démocratie, les droits de l’Homme, la gouvernance, l’implication de la diaspora congolaise, la reconnaissance de l’opposant Étienne Tshisekedi comme le président élu… Mais les autorités congolaises, quant à elles, ont prévenu qu’elles parleraient seulement de l’application de l’accord du 23 mars, qui avait intégré dans l’armée les insurgés du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP)[1]. Le désaccord existe déjà, s’agissant de l’ordre du jour. Ainsi, les pourparlers de Kampala risquent-ils de terminer en queue de poisson. Si c’est le cas, Kinshasa montrerait sa bonne foi tandis que les agresseurs confirmeraient leurs vraies intentions : à savoir l’occupation de la région du Kivu, par des forces étrangères, en vue de la balkanisation de la République Démocratique du Congo.

Quitus du Parlement congolais

La délégation du pouvoir congolais, conduite par le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, doit en effet axer les échanges sur les seuls points ayant conduit à l’existence même du M23, c’est-à-dire aux revendications en rapport avec l’accord du 23 mars 2009. De plus, les autres exigences des anciens membres du CNDP, même si elles sont légitimes, ne nécessitent pas que l’on prenne des armes pour déstabiliser le pays, de violer les femmes et les enfants, de semer la mort et la terreur, d’agir en intelligence avec les ennemis… Il existe d’autres façons, beaucoup plus pacifiques, de montrer le mécontentement populaire : les manifestations et les grèves, par exemple.
De toute évidence, les premières conclusions de ces pourparlers devront être soumises au Parlement. Cette institution devra se prononcer, favorablement ou négativement, en fonction de l’intérêt supérieur de la Nation congolaise. Le quitus parlementaire est donc nécessaire, conformément au premier alinéa de l’article 5 de la Constitution de la République Démocratique du Congo[2].

Attentes du peuple congolais

En aucun cas, dans sa plus grande majorité, le peuple congolais veut des négociations avec les agresseurs qui, dans l’absolue, méritent d’être poursuivis par les tribunaux aussi bien locaux, nationaux, régionaux qu’internationaux. Le peuple congolais attend plutôt de la délégation de Kinshasa qu’elle mette d’emblée les points sur les « i ». Elle doit rappeler aux agresseurs qu’aucun citoyen congolais n’est au-dessus des lois de la République, notamment celles se référant aux dispositifs relatifs aux articles 63[3], 64[4], 66[5] et 67[6] de la Constitution. Effectivement, les citoyens Congolais n’ont pas que des droits mais aussi des devoirs au regard de la Nation.
Le peuple congolais attend aussi de la délégation conduite par Raymond Tshibanda de clamer avec « force et vigueur » que la République Démocratique du Congo est victime d’une agression décrétée par des pays étrangers. En conséquence, son exécutif aura recours aux dispositifs constitutionnels idoines – plus précisément aux articles 85[7] et 86[8] ainsi qu’au second alinéa de l’article 214[9] de la Constitution et demandera, en tant qu’État souverain, à ses alliés d’Afrique centrale, de la SADC[10], de l’Union africaine et de la Francophonie de participer à une négociation globale pour pacifier dans les meilleurs délais l’ensemble du territoire national.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

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Notes :
[1] Ce groupe rebelle avait alors été intégré dans l’armée, avant d’entrer à nouveau en dissidence sous l’appellation M23 (Mouvement du 23-Mars).
[2] La souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice…
[3] Tout Congolais a le droit et le devoir sacré de défendre le pays et son intégrité territoriale face à une menace ou à une agression extérieure.
Un service militaire obligatoire peut être instauré dans les conditions fixées par la loi. 
Toute autorité nationale, provinciale, locale et coutumière a le devoir de sauvegarder l’unité de la République et l’intégrité de son territoire, sous peine de haute trahison.
[4] Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu, ou groupe d’individus, qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution. Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et l’État. Elle est punie conformément à la loi.
[5] Tout Congolais a le devoir de respecter et de traiter ses concitoyens sans discrimination aucune et d’entretenir avec eux des relations qui permettent de sauvegarder, de promouvoir et de renforcer l’unité nationale, le respect et la tolérance réciproques. Il a, en outre, le devoir de préserver et de renforcer la solidarité nationale, singulièrement lorsque celle-ci est menacée.
[6] Tout Congolais a le devoir de protéger la propriété, les biens et intérêts publics et de respecter la propriété d’autrui.
[7] Lorsque des circonstances graves menacent, d’une manière immédiate, l’indépendance ou l’intégrité du territoire national ou qu’elles provoquent l’interruption du fonctionnement régulier des institutions, le Président de la République proclame l’état d’urgence ou l’état de siège, après concertation avec le Premier ministre et les Présidents des deux Chambres, conformément aux articles 144 et 145 de la présente Constitution.
[8] Le Président de la République déclare la guerre par ordonnance délibérée en Conseil des ministres après avis du Conseil supérieur de la défense et autorisation de l’Assemblée nationale et du Sénat, conformément à l’article 143 de la présente Constitution.
[9] Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans l’accord du peuple congolais consulté par voie de référendum.
[10] La Communauté de développement d’Afrique australe.