jeudi 20 décembre 2012

Le devenir de la RDC, de Kampala à Kinshasa

Les observateurs avertis savent pertinemment que les pourparlers de Kampala préfigurent à n’en pas douter le devenir de la République démocratique du Congo. En effet, ce qui est en train de se dérouler dans la capitale ougandaise, entre les représentants du gouvernement congolais et ceux du mouvement dénommé M23, permettra de révéler le pot aux roses. En effet, Kinshasa tient l’occasion d’accompagner les menteurs jusqu’à la porte. Encore faut-il que les envoyés de Kinshasa manœuvrent habilement. N’est pas Talleyrand qui le veut !

L’épée de Damoclès

En réalité, le Mouvement du M23 a commis une erreur fatale en ayant pris la ville de Goma. Son entrée dans la capitale du Nord-Kivu a permis non seulement de mettre en mauvaise posture la Monusco, donc la communauté internationale, mais surtout de montrer les appuis extérieurs dont il bénéficie. En conséquence, les forces onusiennes sont contraintes de prouver qu’ils n’agissent pas de connivence avec les parrains du M23 tout comme la communauté internationale est obligée de les sermonner. Le coup de fil du président Barack Obama à son homologue Paul Kagamé en est l’illustration.

À Kampala, la délégation en provenance de Kinshasa doit surtout avancer des arguments susceptibles de lever le voile sur l’identification des éléments qui constituent le M23. S’ils sont Congolais, leur sort sera donc réglé par les tribunaux nationaux pour violation des articles 63, 64, 64, 65, 66, 67 de la Constitution et pour haute trahison. Dans le cas contraire, cela démontrera l’agression de la République Démocratique du Congo par des forces étrangères – aussi bien continentales qu’extracontinentales. La capitale ougandaise restera donc, dans tous les cas de figure, l’épée de Damoclès suspendue sur la tête du M23.

L’inconscience de la classe politique

L’inexistence de l’État et la crise politique permettent indéniablement la déstabilisation de la République Démocratique du Congo. Les agresseurs profitent de la mésentente et des divergences entre les Congolais pour souffler le chaud et le froid. À cela, il faudra ajouter la double posture de l’exécutif congolais à entretenir des relations dangereuses avec des voisins de l’Est et l’incapacité de l’opposition institutionnelle à se servir pleinement des prérogatives que lui confère la Constitution. Cette inconscience de la classe politique ne fait que fragiliser le pays et l’exposer davantage aux appétits voraces, aux relents d’expansionnisme et de pillage, des voisins pauvres et confinés dans un espace réduit. Il faudra donc un sursaut patriotique pour sortir le Congo-Kinshasa de l’impasse dans lequel on l’a parqué pour mieux l’achever.

Le dialogue inclusif citoyen

Les pourparlers de Kampala devront permettre à Kinshasa de faire échouer les projets de balkanisation en externalisant les négociations. Mais les Congolais, confrontés à une situation tragique dans laquelle les véritables agresseurs sont juges et parties, ne pourront s’en tirer à bon compte qu’à l’aide d’un dialogue inclusif citoyen. Bien entendu, le sursaut patriotique leur permettra tout d’abord de lever l’équivoque sur la légitimité et l’illégitime des uns et des autres, ou alors de se mettre d’accord sur le fonctionnement du pays à court terme – l’objectif étant de poser les bases solides en vue de la cohésion nationale, de la fin du génocide congolais ainsi que des élections crédibles et transparentes. Ce sera la seule façon de mettre en place des institutions républicaines. Toutes les forces vives de la Nation, y compris celles qui œuvrent en dehors des frontières nationales, doivent être associées à cette palabre entre Congolais.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

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