vendredi 19 décembre 2008

L'ONU confirme le soutien du Rwanda aux rebelles congolais

Un projet de rapport de l'ONU a renforcé les allégations selon lesquelles le gouvernement du Rwanda fournirait des armes et même des enfants soldats aux rebelles Tutsi dont les sévices en République démocratique du Congo ont déplacé 250.000 personnes depuis le mois d'août.

Ce rapport extrêmement sensible a été élaboré par un groupe d'experts nommé par le Secrétaire général des Nations unies. Une partie de ce rapport a été présenté aux 15 membres du comité des sanctions de l'ONU à New York hier (ndlr : avant-hier, mercredi 10 décembre), ont déclaré, au journal anglais " The Independent ", des sources proches de l'auteur. Les fuites concernant les conclusions de ce document serait d'un embarras manifeste pour le président rwandais, Paul Kagame, qui a réfuté à plusieurs reprises les accusations de fournir des armes et des soldats à la faction rebelle de Laurent Nkunda, ce qui serait une violation flagrante d'un embargo sur les armes.

Le rapport, quand il sera rendu public, pourrait également se révéler politiquement toxique pour les pays occidentaux qui ont toujours pris les demandes du Président Kagamé en considération pour justifier la poursuite de l'aide financière à son peuple. La Grande-Bretagne étant l'un des principaux bailleurs de fonds.

La semaine dernière, le Président Kagamé a fait une petite visite de courtoisie à Londres, mais on ne sait pas si les dirigeants [anglais] l'ont interpelé au sujet des conclusions des experts de l'ONU habilités à enquêter sur les violations de l'embargo sur les armes.

Lors d'une rencontre le mois dernier à Kigali avec MM. David Miliband et Bernard Kouchner, les ministres des Affaires étrangères anglais et français, le Président Kagamé avait continué de nier tout soutien à Nkunda.

Le plus embarrassant pour M. Kagamé, ce ne sont pas seulement les allégations que son gouvernement ait acheminé des armes aux rebelles, mais aussi, au moins une fois, leur avoir fournis des soldats - dont certains des recrues étaient des enfants.

Le rapport de l'ONU affirme également que certains des bombardements militaires ont été lancés depuis le territoire rwandais.

La preuve selon laquelle Paul Kagamé serait à l'origine de la rébellion de Laurent Nkunda serait une étape essentielle et devrait permettre à la communauté internationale de mettre un terme à cet appui clandestin, a déclaré une source aux Nations Unies.

Toujours dans ce rapport, il est cité des preuves démontrant en même temps l'appui des milices Hutus, qui sont en partie responsable du chaos, à l'armée congolaise et que les 17.000 soldats de la paix des Nations Unies n'ont pas été en mesure de réprimer.

Les combats dans l'est du Congo découlent du génocide de 1994 au Rwanda lorsque de nombreux soldats de la majorité hutue avaient fui en passant la frontière. Près de quinze ans plus tard, cependant, elle est alimentée par une guerre pour le contrôle des riches ressources minières de la région. C'est l'exploitation illégale de ces minerais qui a contribué à financer la nouvelle avancée des Tutsis.

Les révélations de la collaboration avec les rebelles Tutsis par le gouvernement rwandais sont survenues le même jour où se réunissaient à Nairobi, certains de ses dirigeants [rebelles] avec des fonctionnaires du gouvernement congolais pour tenter de négocier un cessez-le-feu. Les rebelles Tutsi sont dirigés par le général Nkunda, un ancien général de l'armée congolaise, qui affirme vouloir protéger la minorité Tutsi.

À Nairobi, l'émissaire des Nations unies Olusegun Obasanjo a nié que les négociations de paix entre les rebelles et le gouvernement du Congo étaient rompues. Mais il a reconnu que les progrès ont été entravés parce que les représentants des rebelles n'ont pas l'autorité politique pour négocier de manière concluante.

Sur le terrain, la force de l'ONU attend les renforts qui ont été autorisés par le Conseil de sécurité. Mais cela devrait prendre six mois avant que les 3000 soldats supplémentaires arrivent. L'Union européenne est divisée sur les propositions d'envoyer "une force relais" en attendant l'arrivée des casques bleus supplémentaires.

"Le problème est que nous sommes appelés à effectuer des tâches qui ne sont pas possibles", a déclaré Mme Hiroute Guebre Selassie, le chef de la mission de l'ONU dans la province Nord-Kivu qui lutte pour faire face à la crise humanitaire déclenchée par l'avance des rebelles.

L'armée onusienne a fait l'objet de critiques pour n'avoir pas su protéger les civils des attaques rebelles malgré la présence de la plus grande mission de maintien de la paix dans le monde. Mais pour Mme Selassie, " le conflit se déroule dans une forêt dense et sur une grande superficie". En outre " Les attentes de la population est une chose, mais la MONUC se doit de faire des choses qui sont faisable "

Selon les dires d'un responsable des nations Unies, hier soir, le rapport sera présenté à la réunion du Conseil de sécurité de ce lundi, date à laquelle il deviendra public. Cela pourrait amener l'ONU à prendre une résolution visant à condamner le gouvernement de Kagamé pour ses actions avec des sanctions économiques.

Source : The Indepedent
http://www.independent.co.uk/news/world/africa/un-claims-rwanda-is-abetting-congo-rebels-1061464.html
Par David Usborne à New York et Anne Penketh


Traduit de l'anglais par KD

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