lundi 28 mai 2012

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko sur l'élection de François Hollande à la présidence de la République française


1. Le 6 mai 2012, François Hollande a été élu président de la République française. Une journée aussi historique que celle du 10 mai 1981 pour un ancien cadre du parti socialiste français que vous êtes ?
Le 6 mai 2012 restera une journée historique pour la jeunesse qui n’a pas connu la première victoire au suffrage universel d’un socialiste à la présidence de la République française, celle de François Mitterrand en 1981. Pour les anciens, cet événement a confirmé que l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement. Le point commun, aussi bien pour les jeunes que pour les aînés, c’est le rassemblement symbolique à la place de la Bastille, ce lieu mythique pour le peuple de gauche, à travers la célébration d’un second président socialiste prénommé François. Cette date représente dans l’absolu, pour le socialiste que je suis, le triomphe des idées de la social-démocratie sur le libéralisme non contrôlé.

2. 51,6 % des voix contre 48,4 % à Nicolas Sarkozy. Ce résultat vous semble-t-il honorable ?
Je rappelle que ce résultat correspond, à quelques chiffres près, à celui qui avait permis à François Mitterrand de battre Valéry Giscard d’Estain en 1981. Il est honorable, car François Hollande a triomphé du président de la République sortant. Cela laisse augurer non seulement un second mandat pour l’heureux élu, mais préfigure aussi les prochaines victoires des socialistes européens.

3. Que vous inspire l’anaphore déclinée 16 fois par François Hollande au cours du débat de l’entre-deux-tours avec Nicolas Sarkozy : « Moi, président… » ?
Cette figure de style a marqué plus d’un électeur. C’était la preuve de la certitude de François Hollande dans la victoire contre Nicolas Sarkozy. Le peuple de France a eu l’impression que le candidat socialiste incarnait la personne idéale à la fonction présidentielle. Il a senti la volonté d’un homme d’enrichir le troisième millénaire de l’humanisme français. Ainsi François Hollande s’est-il élevé à la hauteur des illustres socialistes hexagonaux comme Gracchus Babeuf, Jean Jaurès, Léon Blum et François Mitterrand.

4. Le débat sur le besoin de croissance s’est engagé en Europe. Est-ce que la victoire de François Hollande, lui , qui soutient avec force cette idée, pourrait être un tournant pour l’Europe ?
Malgré le pessimiste d’Angela Merkel par rapport à une croissance à crédit et les déclarations de Bruxelles sur l’éventualité d’un dérapage du déficit français, François Hollande doit maintenir le cap pour ce qui est de la prévision de croissance à 1,7% en 2013. De plus, le rôle d’un État socialiste nouveau consistera à instaurer des mécanismes de contrôle du capitalisme qui se développera – non seulement au profit des actionnaires, mais aussi des salariés – sous la garantie de la loi. Rappelons que pour François Hollande, il ne s’agit pas de relancer la croissance d’un côté en aggravant les déficits et la dette de l’autre.
L’objectif du président français nouvellement élu, c’est de parvenir, en quelque dizaines d’années, à la démocratie économique et sociale que poursuivent les socialistes depuis plus de deux siècles. Ainsi, doit-il initier des réformes sociales qui aboutiront à une réduction de la disparité des conditions humaines en limitant, entre autres mesures, le plafond de la richesse individuelle. Cela permettra l’émergence d’un système basé sur une démocratie financière et industrielle au sein des entreprises européennes, dont la productivité et le taux de croissance doperont l’économie. La victoire de François Hollande constitue bel et bien un tournant favorable à une Europe politique et sociale.

5. Après cinq ans de sarkozysme, le nouveau président français cristallise de nombreuses attentes en Afrique, notamment sur la fin de la fameuse Françafrique. Selon vous, quelle doit être la politique africaine de François Hollande ?
Pour imposer la marque d’une nouvelle politique africaine, François Hollande doit prendre le taureau par les cornes. En effet, il doit privilégier le régionalisme et le multilatéralisme dans les relations avec le continent africain. Il doit aussi s’appuyer sur les Français africains en vue de la réorientation et de la dynamisation des échanges entre l’Europe et l’Afrique. Encore faut-il que les Africaines veuillent un réel changement dans leur rapport avec le reste du monde. François Mitterrand nous a appris qu’«il n’y a pas d’espérance sans courage et ténacité». François Hollande doit donc conditionner le partenariat avec les pays d’Afrique à l’instauration des États de droit et au développement économique. Si l’innovation passe par un discours sur les investissements, toute relation future devra tenir compte des aspirations des peuples concernés qui devront se montrer à la fois imaginatifs et entreprenants.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France


(*) Porte-parole du Rassemblement pour le développement et la paix au Congo (RDPC)

mercredi 16 mai 2012

La rémunération des salariés en République Démocratique du Congo


Lors de la séance relative à l’investiture du gouvernement le 9 mai dernier à l’Assemblée nationale, le Premier Ministre, Augustin Matata Ponyo Mapom, a déclaré être « d’accord avec la proposition [ayant été] faite par les honorables députés de payer les salaires des militaires et des policiers par voie bancaire ». Ainsi a-t-il précisé que « l’appel par voie bancaire a été initié par le gouvernement » dont l’objectif consiste à « pouvoir généraliser cette politique à tous les fonctionnaires avant la fin de l’année ». Pour Augustin Matata Ponyo Mapom, « cette mesure vise la maîtrise des effectifs pour une mise à jour du listing de la paie des fonctionnaires et agents de l’État ».

Gaspard-Hubert Lonsi Koko, porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), encourage toute initiative allant dans ce sens. En effet, si l’on se réfère aux trois fonctions ayant été convenues d’attribuer, depuis Aristote, à la monnaie, indépendamment de l’opposition entre classiques et keynésiens, un État digne de ce qualificatif ne peut que respecter, en la matière, les fondamentaux.

Conscient du fait que l’État congolais, encore faut-il qu’il existe, ne peut guère négliger les questions posées par les mécanismes monétaires et leurs conséquences dans le développement économique, M. Lonsi Koko propose que toute personne qui occupe un emploi en République Démocratique du Congo, aussi bien dans le secteur privé que dans la fonction publique, doit disposer d’un compte bancaire. Le virement mensuel de cette rémunération doit s’effectuer par le truchement d’un compte en banque.

En conséquence, le gouvernement doit faciliter la circulation de la monnaie, car toutes les transactions doivent se faire de manière automatique. D’autre part, il doit permettre à l’employeur et à l’employé de s’acquitter des cotisations sociales et fiscales. Enfin, la paie des fonctionnaires provinciaux et agents de l’État doit être régulièrement versée.

M. Lonsi Koko insiste sur la nécessité de combattre en toute efficacité les impayés, ou les arriérés de salaire de plusieurs mois qui sont la mère de la corruption et les maux dont souffre la République Démocratique du Congo. Ainsi propose-t-il de réviser le salaire minimum sur la base de l’accord de Mbudi et du coût de la vie.

La direction du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)

Fait à Paris, le 16 mai 2012

© RDPC

jeudi 10 mai 2012

Louis Keumayou a reçu Gaspard-Hubert Lonsi Koko sur Télésud



Le 10 mai 2012, à 19 h 00 (heure de Paris), Gaspard-Hubert Lonsi Koko, l'auteur de Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique, a été l'invité de Louis Keumayou dans L'entretien du jour sur Télésud.

Plusieurs problématiques ont été abordées à cette occasion, le processus électoral en RD Congo : la situation en cours dans la région du Kivu, le sommet de la Francophonie...


lundi 7 mai 2012

RDC : Le degré zéro de la politique ?


Candidat aux dernières élections législatives, Gaspard-Hubert Lonsi Koko analyse dans son dernier ouvrage le processus électoral chaotique de novembre 2011 et l'incurie de la classe politique congolaise. Dans "Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique" (*) Lonsi Koko appelle à une recomposition de l'opposition et trace les contours d'une nouvelle classe politique congolaise qui a "urgemment besoin d'inventeurs d'avenir". Afrikarabia l'a rencontré à Paris.


- Afrikarabia : Vous êtes retourné en République démocratique du Congo pour vous présenter aux élections législatives de novembre 2011 à Madimba, dans le Bas-Congo. Dans votre ouvrage vous écrivez avoir reçu "un choc" en retournant à Madimba ? [lire la suite]

Propos recueillis par Christophe RIGAUD

(*) "Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique" de Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Editions L'Harmattan - avril 2012 • 152 pages - 15,50 euros

© Afrikarabia

jeudi 3 mai 2012

Lettre ouverte à la classe politique et aux forces vives de la Nation congolaise


Selon l’article 78-1 de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, « le Président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation de celle-ci ». Cela renvoie d’emblée à l’appartenance politique d’Augustin Matata Ponyo Mapom. Ainsi sommes-nous en droit de nous interroger sur la conformité de sa nomination, à la Primature, au regard des dispositifs constitutionnels.

La nomination d’Augustin Matata Ponyo Mapom, comme Premier Ministre, oblige de lever l’équivoque. En effet, la majorité parlementaire concerne la formation politique qui détient la majorité, relative ou absolue, au sein du Parlement. Quant à la majorité présidentielle, elle a trait à la coalition des forces politiques soutenant, au sein de cette institution, l’action du Président de la République. Rappelons surtout que la nomination du Chef de Gouvernement est fonction des élections législatives, donc de la composition de l’Assemblée nationale.

En conséquence, le président Joseph Kabila aurait dû nommer au poste de Premier Ministre un membre de la formation politique majoritaire au sein de la coalition présidentielle représentée à la chambre basse. Le fait de ne pas avoir agi de la sorte, laisse supposer qu’il ne détient aucune majorité identifiée à l’issue des élections législatives du 28 novembre 2011. Or, conformément à l’article 78-2 de la Constitution du 18 février 2006, « si une telle majorité n’existe pas, le Président de la République confie une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier une coalition ».

Le facilitateur Charles Mwando Nsimba a-t-elle constaté l’absence de majorité parlementaire, à l’issue des consultations voulues par le Président de la République, au point de proposer un Premier Ministre émanant de la majorité présidentielle ? Même si c’était le cas, fallait-il pour autant violer la Constitution ?

Nous mettons donc en cause l’acte présidentiel, dont les conséquences risquent de provoquer, d’une manière ou d’une autre :
- une crise politique ;
- la paralysie des institutions de l’État ;
- l’insécurité ;
- la partition du pays…

C’est par souci de respect de la Constitution que nous demandons au président Joseph Kabila de démettre l’actuel Premier Ministre de ses fonctions et d’en nommer un autre qui sera issu de la majorité parlementaire, et non présidentielle, conformément à la Constitution de 2006.

C’est aussi par souci de bon fonctionnement des institutions de la République que nous nous adressons à la classe politique pour que l’Assemblée nationale, au cas où la situation resterait inchangée, adopte une motion de censure conformément à l’article 146-2 de la Constitution pour violation, par le Président de la République, du dispositif constitutionnel relatif aux articles 74-2 et 78.

C’est également par souci de cohésion sociale, de sécurité, de paix et d’unité du pays que nous interpellons les forces vives de la Nation pour que la classe politique n’hypothèque pas l’avenir du peuple congolais.

Fait en Europe, le 27 avril 2012

Pour le Collectif des Démocrates Congolais (CDC)
Augustin Mukamba
Gaspard-Hubert Lonsi Koko

Contact : lonsikoko75015@gmail.com ou auguymu@yahoo.fr

Lettre ouverte à la classe politique et aux forces vives de la Nation congolaise

jeudi 26 avril 2012

Michelino Mavatiku Visi a le vent en poupe


Attendu à Cannes et en Martinique

Invité à donner un concert jeudi 26 avril à l’Espace « Miramar » dans le cadre de la 9ème édition du Festival International du Film Panafricain à Cannes ( du 24 au 28 avril 2012), Michelino Mavatiku Visi - qui se fera accompagner par son groupe « Congo All Stars » - a le vent en poupe. Il annonce dans la foulée son prochain spectacle en Martinique le samedi 12 mai, sollicité par l’association « Pont sur le Congo » qui fête son premier anniversaire.


Il estime que 2012 est l’année  bénie par Dieu. Après le concert qu’il livrera le 26 avril à l’Espace « Miramar » à Cannes, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), pour agrémenter la fête du cinéma africain , Michelino Mavatiku Visi et son groupe « Congo All Stars » s’envoleront pour la Martinique, sur l’invitation  de l’Association « Pont sur le Congo » qui regroupe les ressortissants de deux rives du fleuve Congo (Kinshasa et Brazzaville).

Dans ce département d’outre-mer français Michelino Mavatiku Visi et son groupe auront l’honneur d’animer un déjeuner dansant le samedi 12 mai pour le premier anniversaire de l’association au quartier Régal (Rivière-Pilote) en la salle Fezanda.
Organisé sous le patronage Madame Josette Manin, présidente du Conseil général de la Martinique, et de Madame Yvette Galot, présidente de la Commission Culture et Patrimoine au Conseil régional du département, ce moment de convivialité s’annonce époustouflant et inoubliable.

Quand il évoque ces deux rendez-vous musicaux , le virtuose de la guitare, Michelino Mavatiku Visi, est encore plus motivé que jamais. Fort de son expérience et du succès de ses précédentes prestations en Afrique, en Europe et dans le monde, ce grand compagnon de route de Luambo Makiadi Franco et du seigneur Tabu Ley Rochereau veut se donner  à fond pour prouver qu’il est l’un des héritiers incontestés de ces deux baobabs de la musique congolaise moderne, celui qui a su faire la synthèse entre les styles OK Jazz et Fiesta.

Ce n’est pas hasard, répète-t-il à l’envi, qu’il ait été choisi par les deux grands artistes susnommés pour former en 1982 le groupe « Lisanga ya ba Nganga » créé à l’initiative de feu Jules Lusangi Fataki , plus connu sous le nom de Tchika-Tchika (Prince d’XL).

Pour le géniteur de la chanson « Moussa » - interprétée  par Tabu Ley Rochereau et l’African Fiesta National sur la scène de l’Olympia en 1970 -, Cannes et Martinique sont les symboles de la splendeur retrouvée. Il n’entend pas s’arrêter là et promet des bonnes choses pour très bientôt. La surprise est de taille.

Au cours de ces deux concerts qui s’annoncent haut en couleurs, et dont la presse en Europe s’est fait largement l’écho, l’inventeur du rythme « mi- composé » interprétera –sans doute- les meilleures de ses chansons qui ont marqué sa riche carrière.

De l’orchestre Rica Jazz (1960) à la formation du groupe « Lisanga ya ba Nganga » (1982) en passant par Comet Mambo (1964), Grand Micky (1965), African Fiesta Sukisa du « Docteur » Nico Kasanda (1966), African Fiesta National de Tabu Ley Rochereau (1967), Festival des Maquisards (1968) , Afrisa International de Tabu Ley Rochereau (1972), TP Ok Jazz du défunt grand Maitre Franco (1975), Makfé, dont il était le patron fondateur (1978), cet auteur-compositeur au talent indéniable a émerveillé les mélomanes avec les chansons telles que : « Yambi chérie », « Moussa », « Cassius Clay », « Marthe Maboke », « Kiki Kigoma », « Ozone », « Makfé »,  « Salima », « Lifoka », « Prince d’XL » et « Mutambula Mpimpa ».
Les Cannois et les insulaires (Martinique) seront bercés par le rythme de la rumba congolaise que manie avec dextérité Michelino Mavatiku Visi dont l’ingéniosité - le mot n’est pas fort- en matière de musique force le respect.

Robert Kongo, journaliste correspondant en France du quotidien « Le Potentiel », présentateur et responsable de rédaction à la Radio Vexin Val de Seine (96.2FM).

jeudi 12 avril 2012

Processus électoral en RD Congo : atouts et faiblesses


Comment s’est déroulé le processus électoral congolais du 28 novembre 2011 ? Dans quel climat ? Quels furent les points faibles et les points forts de ce processus ? Quels enseignements pour les scrutins à venir ?


Rencontre autour de ces questions avec Gaspard-Hubert Lonsi Koko, porte-parole du rassemblement pour le développement et la paix au Congo et auteur de « Congo-Kinshasa : Le degré zéro de la politique » récemment paru aux Éditions l’Harmattan.

Date : 4 mai 2012
Heure : 19 heure précise
Lieu : Maison de l’Afrique, 7 rue des Carmes - 75005 Paris (France)
Métro : Maubert-Mutualité

Nota Bene : L’auteur dédicacera son ouvrage à cette occasion.

mardi 10 avril 2012

Indépendance de l’Azawad


De l’islamisme et de la partition du Mali
Par  Le Potentiel
Bien qu’un accord-cadre ait été conclu le 7 avril entre la junte militaire malienne et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) - les putschistes s’engagent à rendre le pouvoir aux civils après la démission d’Amadou Toumani Touré - pour freiner le relent indépendantiste des rebelles touaregs dans le Nord, la situation du Mali reste extrêmement préoccupante. Le risque de voir les islamistes s’installer au Sahel est bien réel. La partition annoncée du pays si elle se réalisait, entraînerait un grand chambardement dans la région et au-delà des limites traditionnelles de la zone sahélienne.


Trois semaines après le coup d’Etat qui a mis le Mali dans l’impasse, l’Azawad- immense territoire aride d’une surface équivalente à celle de la France et de la Belgique réunies, situé au Nord du fleuve Niger et qui comprend les trois régions administratives de Kidal, Tombouctou et Gao -, est tombé en trois jours aux mains du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), du mouvement islamiste Ansar Dine (défenseurs de l’islam) appuyé par des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes.
Très vite, les islamistes et des groupes criminels ont pris le dessus sur le MNLA, selon divers témoignages, relativisant la déclaration unilatérale d’indépendance des rebelles touaregs qui ne semblent pas en mesure de contrôler « leur » territoire.
Si Mossa Ag Attaher, chargé de communication du MNLA, affirme dans les médias que leur mouvement est prêt à combattre Aqmi dans le cadre de la mise en place « d’un partenariat international », Omar Hamaha, chef militaire d’Ansar Dine, qui a pris le contrôle de Tombouctou, affirme, à son tour, mener une guerre «contre l’indépendance» de l’Azawad et «pour l’Islam», dans une déclaration dont les télévisions françaises et étrangères se sont procurées les images.
«Notre guerre, c’est une guerre sainte, une guerre légale, au nom de l’islam. Nous sommes contre les rébellions. Nous sommes contre les indépendances. Toutes les révolutions qui ne sont pas au nom de l’islam, nous sommes contre », a-t-il dit.

AQMI S’INSTALLE A TOMBOUCTOU

C’est un secret de polichinelle de dire que le Mali subit les conséquences de la guerre déclenchée en Libye. L’Otan (composée essentiellement des militaires français et britanniques) a vu les armes et les mercenaires passer par la frontière vers le Niger puis vers le Mali.
Aucune information n’a, en effet, vraiment filtré sur le mouvement de ces rebelles, qui ont abondamment puisé dans les stocks d’armes laissés par Kadhafi (l’ancien guide libyen), pour mener leur offensive au Mali.
L’alliance conclue entre les groupes rebelles et les djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), eux-mêmes confortés idéologiquement par le courant salafiste qui traverse le monde arabe, est aussi l’un des facteurs explicatifs de cette situation. Le Nord du Mali est isolé : Tombouctou est aux mains d’Aqmi.
En face, il n’y a pas grand-chose. A Bamako, le vide est vertigineux. Le président Amadou Toumani Touré – qui a officiellement démissionné dimanche « sans pression du tout, «de bonne foi» - s’est longuement désintéressé de ce qui se passait dans le Nord de son pays qu’il «aime» tant. «Le problème sécuritaire du pays semblait dépasser le président», a déclaré Aminata Dramane Traoré, femme politique et écrivaine malienne, sur l’antenne de RFI.
L’armée malienne s’est effondrée. Elle s’est trouvée confrontée à des gens totalement aguerris et, en plus, une communauté qui parle la même langue, les Touaregs. Que ce soit l’ancien président Amadou Toumani Touré ou la junte, ils sont totalement incapables de reprendre le Nord d’autant que -il faut le savoir- dans l’armée malienne les principaux chefs Touaregs qui y avaient été intégrés ont déserté.
L’enjeu est considérable. Les Touaregs voulaient une autonomie. Ils exigent aujourd’hui un Etat indépendant sur le vaste territoire qu’ils revendiquent.
Quant à leurs alliés islamistes, comme Al-Qaïda l’avait fait en Afghanistan avec les talibans, ils profitent de la rébellion touareg et cherchent à installer un califat (territoire sous la gouvernance d’un souverain musulman) au cœur de l’Afrique de l’Ouest.

RISQUE DE PARTITION DU MALI

Tous menacés, les pays de la région ne souhaitent nullement la partition du Mali et veulent éviter que le Sahel ne devienne un nouveau sanctuaire pour les terroristes d’Al-Qaïda.
Le Mali, de par son histoire et sa configuration géographique, constitue un facteur de stabilisation positive dans une région convoitée pour son potentiel minier inexploité. Le Mali peut jouer (s’il en a les moyens) le rôle d’antidote à la balkanisation de l’Afrique de l’Ouest.
A l’instar des voisins du Mali, membres de la Cedeao, l’Algérie, voisin du Nord et puissance militaire régionale dont six diplomates ont été enlevés jeudi dernier à Gao, clame son attachement à l’intégrité territoriale de ce pays et craint l’effet domino. Le risque existe bel et bien.
Face à ce risque de partition du Mali, l’Algérie a réagi, dimanche 1er avril dernier, en appelant «de manière pressante et solennelle » à l’arrêt des hostilités, qui connaissent, selon Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, « une dérive inquiétante ». Alger engage tous les acteurs à « faire preuve de retenue et à s’inscrire dans une logique politique qui soit en harmonie avec les aspirations des populations et les efforts des pays voisins visant à accompagner le Mali dans la voie du recouvrement de la légitimité et de la stabilité».
Pour rétablir l’ordre constitutionnel, le recours à la force brandi par la Cedeao n’est pas la panacée et surtout ne mettra pas fin à la visée séparatiste du MNLA -qui ne date pas d’aujourd’hui- et des islamistes du mouvement Ansar Dine d’Iyad ag Ghali, appuyé par Aqmi.
La solution ne peut être que politique. Un effort militaire pourrait aggraver une situation déjà fragile et bien complexe. A preuve, la France et les autres puissances occidentales, témoins du drame qui secoue aujourd’hui le Mali, restent impuissantes.

A QUI LE TOUR DEMAIN ?

L’histoire est un perpétuel recommencement : cette affirmation que l’on attribue à l’historien grec Thucydide peut nous laisser penser qu’à l’avenir les Africains connaîtront probablement les redécoupages de leurs territoires de manière différente. En effet, la partition de certains Etats d’Afrique semble clairement inscrite dans le projet des dominants pour assurer leur hégémonie.
La domination des maîtres du monde s’effectue en toute bonne conscience néocoloniale (le mot n’est pas fort). Elle est rendue possible grâce à l’instrumentalisation des conflits qui autorise, sur le terrain, la présence de forces militaires extracontinentales afin de veiller à la sauvegarde des intérêts des multinationales.
Hier le Sud-Soudan, aujourd’hui le Nord-Mali et demain ? l’Est de la RD Congo, peut-être ! Car, pour tout observateur sérieux, ce territoire du Congo n’est pas encore sorti de l’auberge.
Depuis le 1er avril, les mouvements irréguliers d’hommes armés- partisans du général Bosco Ntaganda, selon les autorités congolaises- observés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu inquiètent la population. Un début d’une nouvelle rébellion ? Une énième insurrection pour déstabiliser l’Est de la RD Congo ? Seul l’avenir le dira. Ne feignons pas d’ignorer que le processus de balkanisation de la RDC est toujours en cours. N’en déplaise à ceux qui persistent de croire le contraire.

Robert Kongo, correspondant en France

vendredi 6 avril 2012

Robert Kongo sur Radio France Internationale

Journaliste correspondant en France du journal « Le Potentiel » (RDC), présentateur et responsable de rédaction à la Radio Vexin Val de Seine (RVVS - 96.2 FM - http://www.rvvs.fr), Robert Kongo sera l’invité de l’émission  « Le débat du jour » sur Radio France Internationale (RFI  89FM  http://www.rfi.fr), le mardi 10 avril à 19h (heure de Paris).
 
Observateur invétéré, Robert Kongo débattra – avec Seiddik Abba, journaliste correspondant à Paris de l’agence africaine « Panapress » et Eugène Yabouet, journaliste correspondant à Paris du quotidien « Le nouveau réveil » (Côte-d’Ivoire) – du regard que porte les Africains sur la campagne présidentielle française.

                                                          LA REDACTION
                                                            RVVS 96.2 FM

mardi 3 avril 2012

A propos de « Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique »


Gaspard-Hubert Lonsi Koko : « Je me suis intéressé à un pays où il faut imaginer d’autres voies, un système politique adéquat en vue du bien-être des populations en proie à la misère»
Par  Le Potentiel
C’est le premier entretien que Gaspard-Hubert Lonsi Koko accorde à la presse depuis les élections du 28 novembre 2011 en RDC. Homme de conviction et d’action, il s’est présenté comme candidat indépendant à la députation dans la circonscription de Madimba (Bas-Congo). Rentré en France, quelque peu dépité, cet écrivain au style raffiné publie chez l’Harmattan un livre intitulé : « Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique », œuvre dans laquelle il analyse férocement la situation en RDC. Avec la verve qu’on lui connait, il a accepté de répondre aux questions de notre correspondant en France.

Vous publiez bientôt chez l’Harmattan un livre au titre qui ne peut laisser indifférent : « Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique ». Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
J’ai voulu faire le point, en tant que candidat à la députation nationale, sur les élections dans un pays africain où le processus démocratique est en plein balbutiement, un pays où l’économie peine à décoller, où les droits fondamentaux de l’être humain sont bafoués, où les infrastructures font défaut. Je me suis penché sur le cas d’un pays où le chômage ne cesse de battre des records inimaginables, un pays où l’État a démissionné depuis longtemps. Oui, je me suis intéressé à un pays où il faut imaginer d’autres voies, un système politique adéquat en vue du bien-être des populations en proie à la misère.

Que recouvre la formule « le degré zéro de la politique » en parlant de la République démocratique du Congo ?
La carence dans la formation des membres de la CENI, le manque de formation des témoins de partis politiques et de candidats indépendants ont démontré l’irresponsabilité des acteurs politiques dans les nombreux déficits ayant hypothéqué le processus électoral. On ne doit pas excuser les faits graves concernant les électeurs dont les noms ne figuraient nulle part et la mise en place des bureaux fictifs. L’improvisation et le retard dans l’envoi du matériel ne doivent être tolérés au prétexte que l’on était confronté au défaut d’infrastructures et à la défaillance en matière des transports. Je n’exagère donc pas, à propos du degré zéro de la politique qui caractérise notre pays. Vous dites que « le Congo est un bateau ivre »…
Au-delà de la description rimbaldienne, la RD Congo ressemble à un navire qui vague vers un futur incertain. Son équipage, en ayant pris en otage les passagers, a bafoué les institutions. Il s’est moqué de la morale, dès lors qu’il a transformé une défaite électorale en une victoire à la Pyrrhus.

Vous parlez d’un futur incertain pour le Congo. Selon vous, le pays n’est pas dirigé par des acteurs politiques capables de le sortir du bourbier dans lequel il se trouve ?
Des forbans, qui ne se soucient guère du bien mal acquis, sont aux commandes du bateau ivre qu’est devenu le Congo-Kinshasa. Nous devons empêcher le naufrage, pour nous épargner un investissement titanesque. Notre pays a besoin d’hommes et de femmes en mesure d’offrir une autre perspective que le bricolage.

Avez-vous une ou des solutions pour cela ?
Je dispose de toute une panoplie de solutions en vue de la liberté, l’égalité, la prospérité et la paix. Encore faut-il que nos compatriotes privilégient le projet de société aux promesses chimériques, que la conscience politique prenne le dessus sur la politique du ventre, que la gestion de la chose publique l’emporte sur l’esprit de lucre. Les mentalités doivent évoluer. L’avenir ne dépendrait que de la capacité des différents acteurs à bâtir un havre où prédominerait la vraie joie de vivre.

Que vous inspire les noms de vos ascendants que vous évoquez dans votre livre : les Nlasa Ngandu, les Vuzi di Nkuwa, les Kimuakasa et les Nsala Nkanga ?
Je suis à la fois mfumu Nlasa Ngandu, fils des Vuzi di Nkuwa, petit-fils des Kimuakasa et des Nsala Nkanga. Mes ascendants confirment mes quatre identités claniques propres aux Bantous. Le troisième alinéa de l’article 10 de la Constitution du 18 février 2006 constate, en effet, la nationalité congolaise d’origine. Celle-ci est inaliénable. Ainsi prime-t-elle sur une autre citoyenneté. Quelle leçon tirez-vous de votre expérience de candidat à la députation dans la circonscription de Madimba ?
Le bilan est globalement négatif. Néanmoins, la campagne électorale que j’ai faite dans le Bas-Congo constitue le premier pas vers l’espérance à venir. Je la considère comme étant l’échec le plus honorable de mon parcours politique, car les forces de la vie finiront par faire oublier la défaite. Les temps des épreuves ne pourront que me rendre digne du temps des victoires. Socialiste jaurésien à tendances blumiste et mitterrandiste, j’essaie toujours de concilier l’idéal et le réel. Je n’ai ni regret pour le passé, ni remords pour le présent mais une confiance inébranlable pour le futur.

Tout le monde a décrié le travail réalisé par la CENI et soutient qu’il faut recadrer cette institution ou mettre en place une nouvelle CENI pour les élections futures (les provinciales, les sénatoriales...). Quel est votre avis ?
Le double scrutin du 28 novembre dernier n’a été, sur le plan national, qu’une mascarade censée permettre la réélection de Joseph Kabila, et lui donner une majorité confortable au Parlement. La CENI n’a-t-elle pas cautionné la nomination des députés du cru 2011 ? Il est indispensable de réformer cette institution, pour éviter d’autres déboires électoraux.

Que pensez-vous de l’ouverture prônée par Joseph Kabila ?
C’est la majorité parlementaire qui gouverne. La politique de la main tendue prouve que le président sortant est électoralement minoritaire. S’imposer sur le plan légal ne donne pas forcément la légitimité, laquelle s’acquiert par la reconnaissance populaire. C’est la raison pour laquelle Joseph Kabila veut associer l’opposition à son probable échec.

Etes-vous pour un gouvernement d’union nationale avec une majorité recomposée ?
La manipulation, la contestation, la suspicion et le rejet des résultats des élections sont dus au laisser-faire. Cette négligence concernait la bataille liée à l’articulation du processus électoral, le manque de confiance à l’égard de la CENI et d’autres institutions qui étaient impliquées dans la démarche, la méfiance entre les acteurs politiques majeurs, l’attitude des élites. Elle est aussi due à la manipulation des populations et à l’instrumentalisation des institutions, à l’opacité des conditions de transfert et de compilation des résultats, aux arrière-pensées politiques dictées par l’angoisse et les incertitudes, quant à l’avenir et au devenir tant individuel que collectif. Ces facteurs ont poussé les uns et les autres à perturber ce processus électoral pour aboutir à des négociations en vue d’un nouveau partage du pouvoir dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale, ou de transition. Joseph Kabila n’aura aucun mal à débaucher au sein de l’opposition, moyennant quelques postes ministériels et d’autres avantages matériels. Non, je ne suis pas favorable à un gouvernement d’union nationale. Il faut mettre la soi-disant majorité présidentielle au pied du mur et la laisser se décomposer au profit d’une opposition crédible, dont je préconise instamment la mise en place.

On prendrait le risque de dire que le débauchage, s’il en est un, affaiblirait ou fragiliserait l’Opposition qui sera incapable de jouer son rôle de contre-pouvoir. Est-ce qu’en RDC l’Opposition a-t-elle déjà été à la hauteur d’un quelconque enjeu ?
Si l’opposition congolaise n’avait rien entrepris durant la mandature 2006-2011, alors qu’elle détenait plus d’élus qu’à l’issue du scrutin du 28 novembre dernier, elle serait davantage inexistante face à l’actuelle majorité concoctée pour la tranquillité de Joseph Kabila.

Pour calmer la tension politique entre la majorité présidentielle et l’Opposition, d’aucuns souhaitent que soit nommer un premier ministre issu de l’opposition. Qu’en pensez-vous ?
Que fera un Premier ministre qui ne détiendra aucune majorité au Parlement ? De quelle marge de manœuvre disposera-t-il ? Je m’insurgerais volontiers contre une telle nomination.

Selon vous, comment créer les conditions d’un dialogue possible entre la majorité présidentielle et l’Opposition ?
Il y a quelque chose de malsain au Congo-Kinshasa. Mais une jurisprudence bantoue recommande de façonner l’argile pendant qu’elle est humide. Ainsi est-il important de réfléchir à d’autres voies pouvant permettre au peuple congolais de connaître des lendemains meilleurs. Il faudrait créer les conditions favorables à des alternances politiques qui ne souffriraient d’aucune contestation. Et cela passerait par le fait de juguler en urgence la crise politique actuelle et de permettre l’émergence de nouveaux acteurs à l’étoffe d’hommes et de femmes d’État. Les Congolais devraient obliger la classe politique à tendre vers l’excellence.

Continuez-vous votre combat politique ?
Le processus électoral tant décrié en RD Congo ne doit guère décourager les femmes et les hommes de bonne volonté, dans la recherche des voix salutaires en vue de l’amélioration matérielle et du rayonnement intellectuel. Il est des moments où l’on doit faire l’impasse sur une injustice quelconque pour ensuite cheminer en toute quiétude vers l’aube de la démocratie. À l’instar de Josué, fils de Nun, qui avait jadis su patienter avant de se lever et de traverser le Jourdain, j’ai fait le choix de franchir le Congo... Quand on fixe un cap, il faut le suivre.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France