Attirer les investissements directs étrangers (IDE), en d’autres termes, profiter de la mondialisation pour faire décoller l’économie, tel est l’objectif affiché des dirigeants de la République démocratique du Congo (RDC). Reste à savoir si, dans les conditions actuelles, le pays peut réellement se construire dans cette mondialisation. Et si la population congolaise, dans son ensemble, peut vraiment en tirer partie.
Au cours des dernières années, la RDC a largement ouvert ses portes aux investisseurs étrangers. Profitant de l’aubaine, ceux-ci se sont engouffrés dans le pays, au point de devenir très visibles dans tout le tissu économique. Et pour cause. Peuplé de quelque 70 millions d’habitants et doté d’importantes ressources naturelles (minières, pétrolières, gazières, forestières, hydrauliques hydro-électriques et autres), ce pays continent, où tout est à construire, est un marché très attractif. Donc très convoité.
L’implantation étrangère s’est parfois opérée dans la violence, comme en témoignent les conflits armés dans l’est du pays, qui ont été l’occasion d’en piller les ressources minières - coltan et or notamment. Opérée dans un « cadre légal », cette implantation précède ou suit les missions d’hommes d’affaires et les accords de partenariat économique - basés, affirment les autorités, sur le respect de la souveraineté de chaque partie et dans un esprit « gagnant-gagnant » – que la RDC signe avec des pays émergents tels que la Chine et l’Inde…
La recherche tous azimuts d’IDE, qui fait du pays une porte ouverte sur le monde, suffit-elle à bâtir une stratégie de développement ? Pas pour Mwayila Tshiyembe, docteur en droit et en sciences politiques et directeur de l’Institut panafricain de géopolitique de Nancy, qui rappelle que cette ouverture renoue avec un héritage ancien : « La RDC est une émanation de l’État indépendant du Congo, qui a été créé en tant qu’espace géopolitique ouvert aux États signataires du traité de Berlin en 1885. Ainsi, la liberté du commerce et l’exploitation des richesses, supposées à l’époque car elles n’étaient pas encore recensées, sont inscrites dans cet acte de naissance. Dès le départ, il était évident que le monde était déjà au Congo et que le Congo faisait déjà partie de la communauté internationale. Aujourd’hui, les entreprises étrangères accourent. C’est bien, mais sur quelles bases sont-elles sélectionnées ? ». Force est de constater que la sélection s’opère sur la base des investissements à réaliser, mais s’accompagne rarement d’exigences fortes en matière de technologies innovantes, de quota d’emplois pour les nationaux et de transfert de savoir-faire. Quand ces exigences figurent dans les clauses des contrats, leur application est bien souvent laissée à la discrétion de l’entreprise. De quoi vider de son sens le concept « gagnant-gagnant » [lire la suite].
Muriel Devey
© AEM
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire