vendredi 13 juin 2014

RD Congo/Rwanda : le loup sort enfin du bois

Le vent commence enfin à éclaircir les ténébreux nuages ayant sans cesse masqué le visage du principal auteur de nombreux conflits armés qui déstabilisent la région du Kivu. En effet, depuis deux journées consécutives, des tirs à l’arme lourde retentissent à la frontière entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo. Il s’agit des premiers accrochages directs entre les FARDC[1] et les FRD[2].

La main du diable

Le gouvernement congolais, les organisations humaines, la société civile et les institutions onusiennes ont sans arrêt dénoncé la main manipulatrice du président rwandais, Paul Kagamé, dans la déstabilisation de la région du Kivu. Les éléments des forces  de défense du Rwanda ont toujours opéré dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Ils l’ont fait officiellement à travers l’opération « Umoja wetu »[3] et, officieusement, par le biais de toutes les actions armées menées par CNDP[4], le M23[5] et d’autres milices hostiles au pouvoir en place à Kinshasa. Les marionnettes comme Laurent Nkunda, Bosco Ntaganda, Jules Mutebusi et tant d’autres ont chaque fois agi à la demande de l’homme fort de Kigali.

La fin de l’alibi

La neutralisation des éléments du M23 par la Munusco et les FARDC devait en principe permettre la pacification de la région du Kivu. Encore faut-il enlever au Rwanda le seul alibi qui lui permet de s’ingérer dans les affaires intérieures congolaises, en vue de l’annexion d’une grande partie du Kivu. Effectivement, comme par hasard, l’affrontement direct entre les FARDC et les FRD se déroulent au moment où l’option a été prise de désarmer les éléments des FDRL[6].
Cette fois-ci, il n’est plus question de mener, contre les éléments des FDLR, des opérations semblables à « Kimia I et II »[7], ainsi qu’à « Amani leo »[8]. D’une part, leur rapatriement vers le Rwanda enlèvera tout prétexte à Paul Kagamé dans le soutien aux différents groupuscules armés qui sévissent dans le Kivu. D’autre part, le président rwandais sera contraint d’initier une réconciliation inter-rwandaise afin d’éviter une catastrophe humanitaire, qui risquerait d’aboutir à l’implosion de pays, sans pour autant empêcher la fin de son régime politique.

Les conséquences de cet affrontement

L’affrontement directe entre les forces armées congolaises et rwandaises confirme de facto les mauvaises intentions ayant toujours animé le président Paul Kagamé. Comment peut-on continuer à œuvrer dans les institutions régionales avec un voisin qui, pour mettre à exécution son agenda caché, viole sciemment les conclusions de l’accord-cadre d’Addis-Abeba ?
Le pot-aux-roses étant maintenant découvert, on devra avoir le courage de mettre définitivement fin à l’hypocrisie qui est à l’origine du génocide congolais. Kinshasa devra tirer toutes les conséquences possibles, quant à la coopération diplomatique et aux échanges commerciaux entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko

Notes :
[1] Forces armées de la République Démocratique du Congo.
[2] Les Forces rwandaises de défense.
[3] Une opération militaire conjointe entre les armées nationales rwandaises et congolaises
[4] Le Congrès national pour la défense du peuple, créé et dirigé par le criminel Laurent Nkunda.  Après l’assigné de ce dernier à résidence à Kigali par le Rwanda en novembre 2008, Bosco Ntaganda, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI), l’a remplacé et a accepté d’orienter le mouvement vers la paix. En mars 2009, le CNDP s’est converti en parti politique et 3 000 à 4 000 de ses combattants ont intégré l’armée congolaise.
[5] Le mouvement du 23 mars était un groupe créé suite à la guerre du Kivu. Il était composé d’anciens rebelles du CNDP qui avaient réintégré l’armée nationale congolaise à l’issue d’un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Ils se sont ensuite mutinés en avril 2012.
[6] Forces démocratiques de libération du Rwanda représentent un groupe armé formé en 2000 en République Démocratique du Congo. Opposées au président Paul Kagamé ayant remplacé l’Armée de libération du Rwanda. Elles compteraient dans leurs rangs des responsables du génocide rwandais.
[7] Les opérations « Kimia I et II » avaient été menés avant l’année 2010 dans les provinces du Nord Kivu et du Sud-Kivu comme objectif la destruction de tous les sanctuaires » des FDLR, ces rebelles rwandais installés dans l’Est de la République Démocratique du Congo depuis 1994 et à qui l’attribution les exactions contre les populations congolaises ainsi que l’exploitation illégale des ressources naturelles de la région.
[8] L’opération « Amani leo », qui signifie en swahili « La paix aujourd’hui », visait notamment la traque des rebelles hutus rwandais en vue de leur éradication par des actions pointues menées par des unités conjointes FARDC-Monuc sur le terrain.

mardi 10 juin 2014

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20140610/00015 relatif à l’éventualité de la révision constitutionnelle en RD Congo

Selon Radio France Internationale, à la suite d’un conseil des ministres extraordinaire qui s’est tenu le 9 juin 2014, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a annoncé avoir l’adoption d’un projet de révision constitutionnelle en rapport avec les élections de 2015 et 2016. Il est évident que, en droit, les faits précèdent la loi. De ce fait, le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) ne peut guère s’opposer systématiquement à l’éventualité d’une révision de la Loi fondamentale. En effet,

Au vu des anomalies et des contractions qui émaillent la Constitution du 18 février 2006 ;

Au vu de la présence des clauses contradictoires, donc conflictuelles ;

Au vu des dispositifs préjudiciables aux droits à la fois des Congolais de l’étranger et des Congolais d’origine détenant des citoyennetés étrangères ;

Au vu des clauses relevant des lois organiques, ainsi que d’application, et non d’une Constitution ;

Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) estime que, tout en préservant les dispositifs verrouillés de toute modification, la Loi fondamentale devra être révisée dans le but :
- de rétablir l’égalité effective de tous les Congolais au regard de la Loi ;
- d’harmoniser le texte de la Constitution ;
- de renforcer l’aspect initial relatif au caractère impersonnel.

Néanmoins, la Constitution étant un texte qui fixe l’organisation et le fonctionnement d’un organisme, généralement d’un Etat, sa modification devra respecter les voies légales, conformément à l’article 218, et tenir compte des limites fixées par le législateur. Ainsi le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo s’oppose-t-elle aux amendements des articles 219 et 220.

Aucune révision constitutionnelle ne pouvant porter atteinte à l’intégrité du territoire, ni à la forme républicaine des institutions étatiques, le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo rappelle que seul un référendum légitimera l’abrogation des dispositifs verrouillés par le législateur. Toute initiative qui passera outre la voie référendaire constituera un coup d’Etat constitutionnel.

Fait à Paris, le 10 juin 2014

Pour le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo,

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole

jeudi 5 juin 2014

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20140605/00014 relatif à la problématique des éléments des FDLR en RD Congo

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République Démocratique du Congo, Martin Kobler, a lancé à partir de Kinshasa, le 4 juin 2014, un dernier appel aux combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Ainsi leur a-t-il demandé de déposer leurs armes au risque d’y être contraints par les forces onusiennes et l’armée nationale congolaise et rappelé. Dans la foulée, il a précisé que les commandants de cette rébellion rwandaise accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devraient répondre de leurs actes.

Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) soutient l’initiative du représentant des Nations Unies en République Démocratique du Congo. Par conséquent, s’agissant des crimes contre l’Humanité, force est de constater que la stabilisation de la région du Kivu dépend également :
- de l’extradition du criminel Laurent Nkunda vers Kinshasa ;
- de la cessation en approvisionnement en armes des rebelles congolais à partir du territoire rwandais ;
- de la non-infiltration des éléments des armées rwandaise et ougandaise dans le territoire congolais, ainsi que du soutien de la communauté internationale aux Forces armées de la RDC (FARDC) dans leurs actions relatives au maintien de la paix dans la région du Kivu ;
- de l’acceptation du rapatriement vers Kigali de tous les éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) censées se trouver dans le territoire congolais, ou alors de leur extradition sans condition dans un pays non limitrophe de la République Démocratique du Congo ;
- du dialogue inter-rwandais ;
- de la capacité du gouvernement congolais à déployer les moyens nécessaires en vue de la sécurisation du territoire national.

Le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo est convaincu de la nécessité d’une armée citoyenne capable de sécuriser les frontières nationales et d’assurer la défense du territoire congolais en cas d’agression, d’où qu’elle vienne. De plus, seul le rétablissement d’une paix durable et le respect des valeurs universelles permettront la démocratisation, ainsi que la reconstruction de la République Démocratique du Congo.

Fait à Paris, le 5 juin 2014

Pour le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC),

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole

lundi 2 juin 2014

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20140602/0013 relatif à la dignité des citoyens de la RD Congo

Le Président de la République Démocratique du Congo a reçu le samedi 31 mai 2014, au Palais de la Nation, les Ambassadeurs ainsi que le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies accrédités auprès du gouvernement de Kinshasa. A cette occasion, le premier magistrat a évoqué le comportement des « combattants  » vivant surtout dans les pays occidentaux qui « se [caractériseraient] par des actes de délinquance et/ou de criminalité contre leur pays, sous l’alibi d’une lutte pour la démocratie ». Ainsi a-t-il estimé incompréhensible que des pays amis [comme la France, la Belgique, l’Angleterre et les Etats-Unis, NDLR] qui partagent avec le peuple congolais la nécessité d’éradiquer, au besoin par les armes, les Idéologies négatives, dangereuses pour l’existence même desdits peuples et de la nation congolaise puissent tolérer ou encourager, sur leurs propres sols, de telles attitudes chez « des délinquants en provenance de la République Démocratique du Congo ».
Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) reconnaît au président de la République Démocratique du Congo la totale liberté d’exprimer son point de vue à l’attention des Ambassadeurs et du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, en l’occurrence Martin Kobler. En revanche, au moment où nos compatriotes sont humiliés, traités comme moins que rien et refoulés comme du bétail par les autorités du Congo-Brazzaville, un tel discours, de la part de celui qui est censé être le garant du respect à l’égard de son peuple, ne peut qu’encourager encore plus les expulsions de nos compatriotes vivant à l’étranger. Ainsi le RDPC regrette-t-il que les déclarations du président de la République puissent cautionner davantage l’attitude inadmissible des autorités du Congo-Brazzaville, avant même la tenue de la commission mixte entre les deux Congo, et encourager les refoulements massifs de nos compatriotes vivant hors des frontières nationales.
En conséquence, le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo rappelle le devoir patriotique en vue de la dignité et de la responsabilité de nos compatriotes au regard de tous ceux qui, sans aucune exception, encouragent la haine entre les différentes populations de la République Démocratique du Congo et incitent par leurs discours, ainsi que leurs actes, à la chosification du peuple congolais.

Fait à Paris, le 2 juin 2014

Pour le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC),

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole

lundi 19 mai 2014

Expulsion vers Kinshasa : Lettre ouverte au président Denis SASSOU NGUESSO



Monsieur le Président de la République,

Nous souhaiterions attirer fraternellement votre attention sur l’opération « Mbata ya mokolo » initiée par les administrations de la République du Congo à l’encontre des migrants originaires de la République Démocratique du Congo.

Notre inquiétude ne réside pas dans le fait d’avoir expulsé plus de 83 000 de nos compatriotes qui séjournaient sur votre sol, votre pays étant souverain. Ce sont plutôt les éventuelles conséquences des informations sur les violations des droits fondamentaux de la personne humaine qui nous préoccupent davantage.

Par conséquent, nous, membres de la diaspora RDCongolaise, nous nous demandons avec force et vigueur si les expulsés sont victimes d’un règlement de compte entre Kinshasa et Brazzaville. Nous nous interrogeons sur les véritables motivations de ces refoulements, dans la mesure où les extraditions judiciaires auraient été le processus le plus approprié.

C’est parce que nous privilégions la sagesse que nous voulons connaître les tenants et les aboutissants, ayant débouché sur l’humiliation de nos compatriotes ; c’est parce que nous prenons en compte la dimension étatique que nous souhaitons le rassemblement sur les deux rives du fleuve Congo, au vu des relations millénaires entre nos deux peuples, de tout ce qui est épars ; c’est parce que nous sommes des humanistes que nous avons à cœur de soutenir toute initiative favorable au plus grand bienfait de nos populations et tenons à ce que tout soit entrepris dans le meilleur délai afin de mettre un terme au climat de haine qui s’installe entre nos deux peuples ; c’est parce que nous tenons à sauvegarder les intérêts de nos compatriotes vivant dans votre territoire que nous recourrons à la voix diplomatique en vue de la résolution pacifique, en toute fraternité, des conséquences dues à l’expulsion des plus de 10 % d’entre eux ; c’est parce que nous sommes conscients que l’on ne résout pas positivement les rapports entre Nations par la passion que nous prenons en compte, dans notre démarche, les obligations morales qui cimentent nos rapports, ainsi que l’amélioration et la poursuite d’un bon voisinage.

Aucune entrave au principe inhérent aux obligations morales et fraternelles ne doit être tolérée. La violence n’ayant jamais rien arrangé, l’objectif de notre initiative consiste à chercher la vérité en vue de la solidarité.

Nous estimons que, dans ce moment difficile, nos cœurs devront plutôt se rapprocher en même temps que nos mains pour que la grandeur de ce geste et son sens profond puissent lier davantage, comme dans le passé, nos deux peuples dans le temps présent et dans le futur.

Votre tâche, qui consiste à faire en sorte que nos deux peuples vivent en harmonie, n’est pas au-dessus de vos forces – à la condition qu’elle devienne ce qu’elle doit être : l’humanisme au service des populations. L’harmonie, tout comme le bien, se diffuse.

Ainsi espérons-nous avoir des interlocuteurs responsables en vue d’un échange constructif sur des mesures susceptibles de répondre aux pratiques inhumaines ayant porté atteinte à l’honneur d’un peuple frère.

Nous pensons que seules la tolérance mutuelle, ainsi que le respect des autres et de soi-même faciliteront les échanges culturels, traditionnels et économiques, ainsi que l’entente cordiale entre Kinshasa et Brazzaville.

Espérant pouvoir compter sur les relations fraternelles ayant toujours liées nos deux peuples et sur votre compréhension, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.

Fait à Paris, le 19 mai 2014

Les signataires :
Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Ferdinand Lufete, Modeste Mputu-Mulenda, Emmanuel Mutombo-Lupetu, Samuel Tambue-Kanyuka

Contact :
- congolaisdefrance@gmail.com
- 0033612066872

lundi 5 mai 2014

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko

1. Comment réagissez-vous à l’ opération « Mbata ya mokolo » initiée par les autorités du Congo-Brazzaville ?
La dénomination de l’opération menée à l’encontre de nos compatriotes lui confère une connotation provocatrice. Les expulsés sont-ils victimes d’un règlement de compte entre Kinshasa et Brazzaville ? S’agit-il d’une concertation régionale, dans la mesure où l’Angola menace à son tour d’expulser de force nos ressortissants en situation irrégulière ? Faudra-t-il voir, à travers les positions de Brazzaville et de Luanda, une volonté manifeste dans l’espoir d’un mécontentement populaire à Kinshasa, ou alors un acte prémédité consistant à infiltrer des éléments subversifs dans notre territoire ? J’ose espérer que la sagesse reprendra le dessus. Je souhaite que, sur les deux rives du fleuve Congo, l’on sache rassembler tout ce qui est épars. Par conséquent, je demande personnellement aux présidents Denis Sassou Nguesso – l’aîné que je reconnais comme tel – et Joseph Kabila de pendre en compte, dans les relations entre nos deux pays, la dimension étatique en vue du plus grand bienfait de nos populations.

2. Approuvez-vous la démarche des autorités de Kinshasa qui ne recherchent que des issues diplomatiques et pacifiques à cette opération au lieu d’une réplique musclée, comme le souhaite la population ?
Nos 50 000 expulsés en trois semaines représentent, aux dires de Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement de Kinshasa, 5 à 8 % seulement de nos ressortissants vivant au Congo-Brazzaville dont les documents administratifs ne sont pas en règle. Pays souverain, le Congo-Brazzaville est en droit de décider librement de sa politique en matière d’immigration. De ce fait, la position de Kinshasa est compréhensible. On ne résout pas les rapports entre Nations par la passion. La fraternité entre nos deux peuples nécessite que les expulsions se fassent dans le respect des droits fondamentaux de la personne humaine. En effet, nos dirigeants respectifs doivent avoir présentes à l’esprit les obligations morales qui cimentent nos relations. La concorde régionale doit être prise en compte dans l’amélioration et la poursuite d’un bon voisinage. Aucune entrave à ce principe ne doit donc être tolérée. Les dirigeants de nos pays doivent sans arrêt chercher la vérité en vue de la solidarité. La violence n’a jamais rien arrangé. Dans ce moment difficile, nos cœurs devront plutôt se rapprocher en même temps que nos mains pour que la grandeur de ce geste et son sens profond puissent lier davantage nos deux peuples dans le temps présent et dans le futur. La diplomatie et les échanges commerciaux doivent rapprocher encore plus nos populations respectives. Il faudra travailler sans relâche à conserver les liens millénaires ayant toujours unis les Congolais de Brazzaville et ceux de Kinshasa.

3. Les tortures, les tueries, les insultes, les vols, les viols…Les RD Congolais ne sont-ils pas devenus  la risée du monde et de l’Afrique ?
Tout en n’étant pas mobutiste, je reconnais que, sous le règne du maréchal Mobutu, nous n’avons jamais été humiliés de la sorte par nos voisins. C’est l’absence de l’Etat qui fait que nous soyons devenus la risée de tout le monde. Nos voisins ne nous prendrons en considération que lorsque nous nous respecterons nous-mêmes. Ainsi devons-nous bâtir un Etat de droit et tabler nos relations avec les pays limitrophes sur la base du droit international.

4. En tant qu’acteur politique RD Congolais , quelles mesures préconiseriez-vous pour répondre à ces pratiques barbares qui n’honorent pas le genre humain ? 
Seules la tolérance mutuelle, ainsi que le respect des autres et de soi-même faciliteront les échanges commerciaux entre Kinshasa et Brazzaville. Ils permettront une complicité, sur le plan diplomatique, entre nos deux pays dans les différentes initiatives d’ordre régional. Il faudra surtout éviter les actions susceptibles d’amplifier le climat de défiance, ou d’hostilité, comme l’opération qui vient d’être diligentée contre nos concitoyens. Par conséquent, tout doit être entrepris en vue des réparations inhérentes aux biens mobiliers et immobiliers, ainsi qu’à la torture morale. Brazzaville devra régler de manière politique tout problème d’ordre économique, et selon la Convention de Genève, tout contentieux relevant du droit l’asile.

5. Comment interprétez-vous l’indifférence de la communauté internationale et le silence des médias occidentaux devant ces actes ignominieux ?
La communauté internationale a d’autres chats à fouetter en ce moment, notamment en Ukraine. Elle est très occupée par l’éventualité de la candidature de Bachar El Assad à la prochaine élection présidentielle en Syrie. Les médias occidentaux sont focalisés sur les élections européennes. En France, l’avènement de Manuel Valls est encore d’actualité et les tristes événements de Bangui mobilisent la politique africaine. Je suis de ceux qui pensent que les Congolais sont les premiers gardiens de leurs intérêts. Raison pour laquelle je déplore le silence de notre Parlement, face aux tergiversations du gouvernement dans la résolution du refoulement de nos compatriotes.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

Gaspard-Hubert Lonsi Koko,
porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC).

mercredi 2 avril 2014

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko

1. Que vous inspire l’initiative de la majorité présidentielle en RDC de changer le mode de scrutin des députés provinciaux, passant du suffrage universel direct au suffrage indirect ?

La sincérité démocratique et l’honnêteté intellectuelle supposent que l’on ne change pas les règles du jeu à l’approche des joutes électorales. À travers l’initiative de la majorité présidentielle, on est en train de revivre une sorte de « remake » du changement du mode de scrutin présidentiel des deux tours à un seul, dans la seule optique de permettre la réélection du candidat sortant. Plusieurs facteurs, par exemple d’ordre financier ou alors structurel, peuvent effectivement conduire à la modification du mode de scrutin. Mais au-delà de la confiance que l’on puisse accorder ou non à l’institution censée agir dans ce sens en cas de nécessité, les nouveaux dispositifs ne devront en aucun cas entrer en vigueur avant un délai raisonnable. Plus explicitement, en cas de modification du mode de scrutin, il vaudrait mieux que les nouveaux dispositifs ne s’appliquent pas aux prochaines élections provinciales.

2. Certains membres de l’opposition pensent qu’il s’agit  d’« un prétexte à une révision constitutionnelle plus large destinée à permettre au président Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de 2016 ». C’est aussi votre point de vue ? 

Une Constitution n’est pas un fourre-tout. La Loi fondamentale d’un Etat  définit les droits et les libertés des citoyens ainsi que l’organisation et les séparations du pouvoir politique. Elle précise, de ce fait, l’articulation et le fonctionnement des différentes institutions qui composent l’Etat. Or, il existe dans la Constitution congolaise des dispositifs qui n’y ont pas leur place, puisqu’ils relèvent des lois organiques et d’application. Cette anomalie nécessitera un jour, pour l’intérêt général, la modification du texte adopté le 18 février 2006. Dès lors que les faits précèdent la loi, la Constitution peut évoluer. Encore faut-il que cela ne se fasse pas chaque fois que les intérêts du pouvoir en place sont menacés. En ayant prévu des dispositifs bloqués, notamment l’article 220, le législateur avait prévu l’inconstitutionnalité de tout acte qui ne tiendrait pas compte de cette interdiction. Seule l’abrogation de l’actuelle Constitution peut permettre de passer outre les dispositifs non révisables. On ne pourra y parvenir que par coup d’Etat.

3. L’opposition parle d’un « coup d’Etat constitutionnel en préparation ». Partagez-vous cet avis ?

Je ne peux que partager l’avis de l’opposition, pour ce qui est du « coup d’Etat constitutionnel en préparation ». Mais une opposition crédible ne change pas d’avis et d’attitude au gré des intérêts politiciens. Or, en RD Congo, on constate que l’expression « bonnet blanc, blanc bonnet » illustre les liaisons dangereuses entre la majorité et l’opposition. Par conséquent, au lieu de se lamenter systématiquement face aux injustices et aux bidouillages de la Constitution pour des intérêts personnels, entre la complicité de quelques opposants et les membres de la majorité présidentielle, les peuple congolais doit avoir le courage d’assumer sa responsabilité en tant que souverain primaire.

4. Organiser un référendum pour modifier la Constitution ou changer le mode de scrutin des élections provinciales censées avoir lieu en 2015 serait sans doute  souhaitable. Comment interprétez-vous le flou artistique qu’entretient la majorité présidentielle à ce sujet ?

Tout le monde sait que la RD Congo est de nos jours dirigée grâce à une ambiguïté qui veut que la majorité présidentielle soit en réalité composée d’une minorité électorale. Dans une telle conjoncture, en organisant un référendum en vue d’adapter la Constitution à ses intérêts immédiats, le pouvoir en place à Kinshasa subira un désaveu cinglant. Le régime kabiliste a intérêt à s’appuyer davantage sur des institutions à sa solde pour consolider son pouvoir, plutôt que de scier la branche sur laquelle il est confortablement assis.

5. Ne craignez-vous pas que l’opposition s’incline devant la loi de la majorité et finisse par approuver cette initiative ?

Cette éventualité m’inquiète sérieusement. Comme à son habitude, dans sa plus grande majorité, l’opposition a grosso modo failli quant à la défense des intérêts du peuple congolais. Seul l’esprit de lucre guide ses actions. Tant que les populations congolaises ne comprendront pas qu’il faille renouveler complètement la classe politique congolaise, opposition et majorité comprises, elles se feront toujours rouler dans la farine. Ainsi la démocratie restera-t-elle une arlésienne, au détriment des institutions de la République. Il ne suffit donc pas de faire émerger de nouvelles coalitions, avec les mêmes opposants qui sont d’une manière ou d’une autre complices du régime en place, mais de soutenir des femmes et des hommes consciencieux en vue du triomphe de la démocratie, du progrès social et économique, de la sécurité et de la pacification, ainsi que du bonheur du peuple congolais. Je suis partisan d’un sursaut idéologique, d’une conjonction patriotique et citoyenne, de l’union des Congolais de l’intérieur et ceux de la diaspora, en vue d’une alternative crédible.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

(*) Porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)

lundi 3 mars 2014

Le budget gouvernemental, un sérieux handicap à la stabilité et à la sécurisation de la RD Congo

Le budget 2014 a été récemment adopté par le Parlement et promulgué par le président de la République Démocratique du Congo, sans aucune inquiétude des institutions habilitées à l'améliorer. Dans un pays qui est en proie à l’insécurité et à une crise sociale, ainsi qu’à la menace d’un démembrement territorial, le budget gouvernemental aurait dû logiquement consacrer une part considérable à l’armée, à la gendarmerie, à la police et aux services de renseignements. Or, au Congo-Kinshasa, la programmation budgétaire des actions gouvernementales a attribué seulement 6,8 % à la réforme de l’armée et 3 % à celle de la police, les sommes allouées au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité étant de presque 115 millions USD et d’à peu près 415 millions USD pour le ministère de la Défense nationale sur un budget global de 8,9 milliards USD.

Un budget cohérent

La stabilité de la République Démocratique du Congo dépend avant tout de l’inviolabilité de ses frontières et de la sécurisation de son territoire national. Ainsi le budget des ministères de la Défense nationale aurait dû s’élever au minimum à 1,36 milliards USD tandis que celui de l’Intérieur à 748,7 millions USD pour un budget global d’au moins 10,2 milliards USD.
Dans ce cas, la défense nationale aurait représenté 12,75 % et la sécurité nationale 7 % du budget gouvernemental lequel aurait dû être, dans l’absolu, de 10,2 milliards USD. Pour atteindre une telle ambition, le budget qui avait été proposé par le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, aurait dû être globalement amélioré de 1,3 milliards USD. Cela aurait permis d’allouer respectivement, pour plus d’efficacité, 65 millions USD aux secteurs relatifs à la défense et à la sécurisation du sanctuaire national.

Arrière-pensées politiques

Pourquoi le Parlement congolais a-t-il alors adopté un budget qui, connaissant très bien les impératives auxquelles est confrontée la République Démocratique du Congo sur les plans sécuritaire et défensif, un budget peu ambitieux ? La réponse à cette question permettra au peuple congolais, qui plus est le souverain primaire constitutionnellement parlant, de comprendre le rôle que joue la classe politique congolaise, celle qui est représentée dans les institutions étatiques, dans l’instabilité chronique qui ne cesse de déstabiliser la partie orientale, notamment les régions du Kivu et de l’Ituri, ainsi que la province minière du Katanga.
Il est évident que la balkanisation de ce grand géant ancré au cœur du continent africain ne pourra se matérialiser qu’à cause de la complicité interne. Ainsi la corruption des acteurs politiques siégeant dans les institutions de la République reste-t-elle le moyen le plus efficace d’assouvir les appétits expansionnistes de quelques pays régionaux, du point de vue économique et géostratégique, à la grande satisfaction des intérêts extracontinentaux.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko

lundi 17 février 2014

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko

1. François Hollande vient d’effectuer une visite d’Etat aux Etats-Unis, la première du genre depuis 18 ans. En tant qu’ancien cadre du parti socialiste français, comment analysez-vous aujourd’hui les relations entre la France et les Etats-Unis ?
La nouvelle géopolitique pousse les Américains et les Français à respecter leurs zones d’influence respectives, pour mieux faire face aux ambitions chinoises et à une éventuelle émergence de l’axe Sud-Sud. Il y a une évolution considérable, constate-t-on, par rapport à la présidence de Nicolas Sarkozy. A l’exception du couac syrien, le soutien américain apporté aux actions de la France au Mali et en Centrafrique en est l’illustration parfaite. Un autre exemple : vous aurez  remarqué que les Etats-Unis n’entravent jamais les initiatives françaises au Conseil de sécurité des Nations unies, par rapport à la catastrophique situation en cours dans ce grand territoire francophone qu’est la République Démocratique du Congo. Ces deux pays sont déterminés à garder leur rang, en tant qu’alliés de longue date, au plan mondial. Ils sont condamnés à s’entendre et à se coordonner.

2. François Hollande n’a pas apprécié que Barack Obama veuille consulter le Congrès sur le dossier syrien, alors que la France lui avait déjà apporté son soutien. Cela semble être la vraie raison de cette visite. Qu’en pensez-vous ?
Le contexte politique américain ne pouvait pas permettre à Barack Obama d’engager les troupes américaines en Syrie. Ainsi a-t-il été obligé de faire faux bond à la France plutôt que d’affronter le Congrès qui était défavorable au dossier syrien. Fort, d’une part, du fait que la pression diplomatique française a contraint la Syrie à revenir sur certaines positions et, d’autre part, avantagé par la maladresse américaine dans l’affaire des écoutes, François Hollande, en fin stratège, a su tirer habilement profit de la dette morale que son homologue américain avait désormais envers lui, de la même façon que les Américains ont toujours rappelé aux Français, dans les moments de tension, qu’ils auraient prié un autre Dieu si les GI (soldats américains, ndlr) n’avaient pas débarqué en France en 1945. L’objectif du voyage de François Hollande a consisté, entre autres, à peaufiner avec son homologue les règles à ne pas enfreindre et à fixer les limites à ne pas franchir dans le cadre de la nouvelle donne.
3. Le scandale des écoutes n’a-t-il pas aussi assombri les relations entre la France et les Etats-Unis ?
Il était nécessaire de renforcer, après cette maladresse, le partenariat en matière de politique étrangère. Le scandale, qui a semblé assombrir les relations entre les deux pays, ne pouvait que très difficilement rompre les liens historiques franco-américains, dont la profondeur et les intérêts communs ont marqué les grands événements planétaires. De plus, les Etats-Unis et la France ont besoin de s’épauler dans le rôle qu’ils comptent jouer à l’avenir sur le plan mondial. « Alliés, nous l’étions au temps de Jefferson et de La Fayette, alliés nous le sommes encore aujourd’hui […] amis nous le sommes pour toujours », a expliqué François Hollande. Cette déclaration montre que l’affaire des écoutes n’a en rien affecté l’amitié sempiternelle qui lie les deux Nations. Par ailleurs, le voyage de François Hollande a permis d’harmoniser les rapports tendus, ces derniers temps, entre le gouvernement Ayrault et quelques entrepreneurs français très actifs dans la Silicon Valley. Enfin, faisant d’une pierre deux coups, le président français en a profité pour améliorer l’image de la France auprès des entreprises américaines.

4. Barack Obama et François Hollande revendiquent « une relation personnelle de qualité ». Est-ce vraiment le cas, selon vous ?
Les présidents français et américain ne peuvent que s’accorder sur un bon nombre de dossiers – contrairement aux relations entre Ronald Reagan, George H. W. Bush et François Mitterrand – car ils ont en partage l’idéal social-démocrate. Le fait de s’être rendu ensemble dans l’Airbus présidentiel à Charlottesville, en Virginie, est un symbole fort qui confirme la qualité de cette relation personnelle. Aucun président américain en exercice n’a visité Monticello, dans le passé, en compagnie d’un dirigeant étranger. Les passionnés de l’histoire des Etats-Unis savent que l’ancien maître de ces lieux, Thomas Jefferson, fut ambassadeur à Paris et considéré comme l’un des plus francophiles des dirigeants américains au même titre que Gilbert Motier, marquis de La Fayette.

5. La France est-elle devenue le partenaire privilégié des Etats-Unis en Europe ?
Les rapports franco-américains, de Charles de Gaulle à François Hollande, d’Eisenhower à Barack Obama, au-delà de leur diversité et de leurs contradictions, ont toujours fonctionné par rapport aux relations personnelles et aux préventions, selon les circonstances et le pragmatisme, entre l’admiration et une concurrence loyale. Cela a permis aux diplomaties américaine et française de faire des concessions, de trouver des terrains d’entente et d’adapter leurs points de vue en se partageant les rôles, chaque fois que les intérêts communs l’exigeaient. Au moment où Barack Obama a réduit l’effectif militaire dans quelques régions, la « belliqueuse » attitude de François Hollande pourra bien l’arranger.

PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE

(*) Essayiste, acteur politique congolais et ancien cadre du parti socialiste français.

jeudi 13 février 2014

Crimes ethniques ou génocide en RD Congo ?

Le lundi 10 février de cette année, Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale, a accusé l'ancien chef de guerre Bosco Ntaganda, ainsi que sa milice composée de l’Union des patriotes congolais (UPC) et des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), de crimes « ethniques » dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Par conséquent, elle doit convaincre les juges de la solidité de son dossier en vue de l’ouverture d’un procès. La persécution des civils sur « des bases ethniques » n’était pas le fait du hasard dans la mesure où elle visait délibérément la population non-Hema de l’Ituri dans l’optique de faire main basse sur l’Ituri, une région riche en ressources naturelles.
D’aucuns n’ignorent que Bosco Ntaganda doit répondre de crimes contre l'Humanité et de crimes de guerre commis en 2002 et en 2003 en Ituri par les FPLC, dont il était le chef militaire. L’accusation de la procureure Fatou Bensouda à l’encontre du « Terminator des Grands Lacs » nécessite que l’on s’interroge sérieusement sur les raisons qui poussent à privilégier, dans ce cas précis, les crimes « ethniques » au détriment des crimes contre l’Humanité.

Une nouvelle infraction en droit pénal international ?

Crimes « ethniques » ? Est-ce une nouvelle infraction en droit pénal international ? Qu'est-ce qui les différencie de crimes contre l’Humanité ou crimes de génocide ? Ainsi s’est interrogé judicieusement, sur l’espace social Facebook, le journaliste Joël Asher Lévy.
En effet, pourquoi ne doit-on parler de crimes contre l’Humanité, ou crime de génocide, que lorsqu’il s'agit de certaines populations et utiliser le terme exclusif de « crimes ethniques » quand il est question des populations congolaises ? On a l’impression que l’on essaie de minimiser les crimes commis dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo pour renvoyer l’ascenseur à quelqu’un qui a tout simplement été mandaté de faire le sale boulot au profit des Etats régionaux, lesquels sont des représentants officieux des puissances économiques extracontinentales.
Ainsi est-il inhumain de vouloir utiliser le droit international pour confiner en crimes ethniques les actes qui relèvent normalement des crimes contre l’Humanité. Rien n’est plus injuste que lorsque la loi génère des injustices, ne cessait de clamer Cicéron.

Le crime contre l’Humanité

Tout le monde sait qu’un crime contre l’Humanité désigne une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un individu ou d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux ». S’il n’existe pas pour les crimes contre l’Humanité de définition généralement admise, en dépit de la complexité quant aux crimes punis sur les plans international et national, on doit néanmoins respecter le principe juridique selon lequel les faits précèdent la loi.
Rappelons que le génocide des Tutsis a été officiellement reconnu, et à juste titre, du fait qu’il fut commis dans le cadre d’une guerre civile ayant opposé le gouvernement rwandais, constitué de Hutus, au Front patriotique rwandais (FPR), considéré par les autorités nationales d’être essentiellement « tusti ». D’ailleurs, l’accusation de la procureure Fatou Bensouda à l’encontre de Bosco Ntaganda repose sur le fait que les actes visant les non-Hema étaient délibérés.

Une tentative d’émigration forcée ou d’extermination

Il est évident que les différentes crises civiles et armées qui déstabilisent l’Est de la République Démocratique du Congo n’est pas du tout étranger aux aspects fonciers. Le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi essaient de s’approprier, par tous les moyens, les régions congolaises riches en ressources naturelles alors que les puissances économiques extracontinentales s’intéressent aux matières premières. Le processus de balkanisation ne peut être atteint que si lesdites contrées sont majoritairement peuplées de populations en provenance des pays aux velléités expansionnistes.
Ainsi faudra-il provoquer soit l’émigration forcée des populations autochtones, soit parvenir à leur extermination. Le fait que les populations congolaises sont tuées du simple fait d’être nées congolaises relève, qu’on le veule ou non, du génocide. Cette logique est à la base, aussi bien dans la région du Kivu que dans la province orientale, des violences sexuelles contre les femmes et les enfants, des violations systématiques des droits fondamentaux de la personne humaine, de la volonté de priver les Congolais d’origine détenant une citoyenneté étrangère de leur nationalité congolaise…

La partialité et la complicité des institutions internationales

Le fait de reconnaître officiellement le génocide congolais risque de mettre en branle toute une mécanique susceptible de clarifier les complicités locales, nationales, régionales, continentales et internationales relatives au génocide commis dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
A contrario, le fait de vouloir protéger les auteurs des crimes contre l’Humanité, de s’activer dans des institutions internationales pour réduire les actes génocidaires en banals « crimes ethniques » ne fait que confirmer la partialité de la Cour pénale internationale et la complicité des Nations Unies au détriment de la République Démocratique du Congo en particulier, et des peuples bantouphones en général.
En tout cas, le fait d’avoir été une victime ne doit pas donner le droit de devenir à son tour un bourreau. Cela ne doit en aucun cas octroyer le permis de violer, de piller, d’humilier et de tuer impunément.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko