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Le Bureau d’Union du Congo
Fait à Paris, le 11 décembre 2009
Plate-forme d'associations congolaises et associées œuvrant pour la solidarité internationale, le développement durable - économique et culturel - ainsi que la paix en République Démocratique du Congo. Site : http://unionducongo-rdc.org - E-mail : unionducongo@gmail.com - N° de dossier Préfecture de Paris : 00189343 P - N° d'ordre : 08/4523
L’Eglise catholique de Bukavu est encore en deuil. Une religieuse, la soeur Denise Kahambo Murahirwa a été tuée par balle, lundi soir à 19 h 30 locales, par des hommes armés en uniforme. Selon le responsable de la commission justice et paix de l’archidiocèse de Bukavu, les assaillants ont attaqué le monastère Notre Dame de la Clarté de Murhesa situé à 20 kilomètres de la ville de Bukavu, en territoire de Kabare, rapporte radiookapi.net
Alertés, le vice-gouverneur et le commandant de la police se sont immédiatement rendus sur le lieu du drame. Un point de presse est prévu ce mardi matin par le vice-gouverneur de province tandis qu’une messe se tiendra sur place à Murhesa.
Deux religieux abattus à moins de 48 heures
L’assassinat de la soeur survient deux jours seulement après le meurtre d’un prêtre de la paroisse de Kabare. L’abbé Daniel Cizimia a été abattu lui aussi par des hommes armés dans la nuit de samedi à dimanche, dans sa chambre du couvent de la paroisse de Kabare. En signe de protestation de cet assassinat, les écoles publiques conventionnées du secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel de Bukavu n’ont pas ouvert leurs portes lundi. Cet arrêt de travail irait jusqu’à l’enterrement ce mardi du prêtre assassiné. Les obsèques étaient initialement prévues lundi ont été reportées à mardi, en attendant l’arrivée à Bukavu de Mgr Maroyi. Le corps de l’abbé Cizimia est exposé à la cathédrale Notre Dame de la paix où plusieurs personnes défilent pour lui rendre leur dernier hommage. Pendant ce temps, la police continue à auditionner trois suspects. Leur évacuation de Kabare à Bukavu a entraîné dimanche la mort d’une autre personne et cinq blessés. Le drame a eu lieu au moment où la foule voulait lyncher ces suspects. Elle a été dispersée par des coups de feu, tirés à balles réelles, par des FARDC en faction à Kabare.
D’après le président provincial du Syndicat national des écoles conventionnées protestantes du Sud-Kivu, M. Munganga Muzegekwa cette décision se justifie par le fait que les assassinats se multiplient au jour le jour, sans que cela ne puisse inquiéter les gouvernants. « Nous trouvons que nous sommes en danger. Si on doit tuer un pasteur, un prêtre, de surcroît un enseignant, nous pensons qu’il y a un danger qui nous guette. Nous devons donc nous mobiliser tous, la vie humaine est sacrée, elle doit être protégée par n’importe qui, et même par le pouvoir. », déclare-t-il.
Des religieux, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme, sont particulièremet visés
Il faut dire que l’insécurité n’épargne aucune catégorie sociale au Sud Kivu, et plus particulièrement à Bukavu et ses environs. Déjà, en octobre 1996, l´archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Muzirhwa, avait été abattu par les soldats de l´AFDL. Dans le domaine des droits de l’homme, en juillet 2005, on assistait à l’assassinat de l’activiste de Pascal Kabungulu, activiste des droits de l’homme bien connu. Sa perte avait suscité un émoi dans l’opinion, à Bukavu et dans tout le pays. Le procès sur cet assassinat avait été suspendu en décembre 2006, le tribunal de Bukavu s’étant déclaré incompétent. En juillet 2007, soit exactement 2 ans après la disparition brutale de Pascal Kabungulu, les activistes de droits de l’homme avaient manifesté à Kinshasa, non seulement pour exiger la réouverture du procès, mais aussi sa délocalisation, de Bukavu à Kinshasa. Depuis lors, plus rien.
Les malfaiteurs n’ont pas désarmé. Cette fois, leur nouvelle cible était des journalistes. C’est ainsi que le 13 juin 2007, Serge Maheshe, journaliste de Radio Okapi, avait été assassiné. Sa disparition attrista toute la corporation et un procès fut ouvert à Bukavu et le verdict rendu. Mais les organisations de défense des droits de l’homme et des professionnels de la presse avaient dénoncé des irrégularités dans le déroulement de ce procès. Et en novembre 2008, c’était le tour de Didace Namujimbo, un autre journaliste de Radio Okapi/Bukavu d’être abattu par des hommes armés non autrement identifiés jusqu’à ce jour. Le procès n’a jamais eu lieu. Enfin, toujours à Bukavu, Bruno Koko Chirambiza, 24 ans, journaliste présentateur du journal en Swahili à la radio Star, une radio locale émettant de Bukavu, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche 13 aôut 2009 au quartier Kasali dans la commune de Kadutu alors qu’il rentrait chez lui.
A Union du Congo, nous avons toujours été favorables à une solution humaniste par rapport aux violations des droits fondamentaux sans cesse en cours à l’Est de la RD Congo. Le Mur pour la Paix étant inspiré du Mur des Lamentations de Jérusalem, les visiteurs peuvent déposer sur place leurs messages de paix dans les interstices du Mur prévus à cet effet. Partisans de la Paix, nous avons choisi ce lieu hautement symbolique pour interpeller le gouvernement congolais et la communauté internationale par rapport au non-respect de la dignité des femmes et des enfants congolais. Notre interpellation a concerné aussi l’arrestation de Bosco Ntaganda et son extradition à la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité, ainsi que le transfert de Laurent Nkunda à Kinshasa afin d’y être jugé pour les même motifs.
2. Union du Congo a suffisamment sensibilisé l’opinion nationale et internationale à ces faits. Avez-vous l’impression de ne pas être entendu ?
Nous ne serons pas complices des actes barbares dont sont victimes nos compatriotes du simple fait d’être nés Congolais. Je pense plutôt que nous sommes très entendus et nos actions sont suivies à la loupe non seulement à Kinshasa mais aussi en Occident. J’en veux pour preuve, la présence de l’ambassadeur chargé des droits de l’Homme au Quai d’Orsay, François Zimeray, au rassemblement organisé par Union du Congo. La présence de ce diplomate est tout simplement une reconnaissance de la lutte que nous menons.
3. En effet, la présence de M. François Zimeray a été remarquée. N’est-ce pas hypocrite de la part d’un gouvernement qui n’ignore pas ce qui se passe au Congo ?
Nous avons appris, en tant que société civile, à faire de la très haute politique. Je ne pense pas que le ministère français des Affaires étrangères a dépêché l’un de ses hauts fonctionnaires par simple hypocrisie. Si le gouvernement français n’avait pas envoyé son représentant, cela aurait montré sa complicité avec les forces négatives qui cherchent à déstabiliser notre pays. Il ne faut surtout pas voir de l’hypocrisie dans la présence de son Excellence François Zimeray, mais plutôt de la reconnaissance de la France envers une structure soucieuse du bien-être du peuple congolais. Pour l’avenir de notre pays, nous devons avant tout compter sur nous-mêmes. En effet, nous devons être les premiers gardiens de nos intérêts. Si nous sommes cohérents vis-à-vis de nous-mêmes, les puissances étrangères ne pourront que prendre acte et abonder dans notre sens.
4. La diaspora congolaise ne semble-t-elle pas indifférente à ce qui se passe à l’Est du pays ?
Nos compatriotes, aussi bien ceux de la diaspora que de l’intérieur, sont très préoccupés par les tristes événements qui se déroulent dans la région du Kivu et dans la province orientale. D’ailleurs, sans le réveil de la conscience congolaise, le Congo aurait déjà été balkanisé. Tous les moyens qu’on a mobilisés n’ont pas suffi à désunir notre peuple. Avant le rassemblement devant le Mur de la Paix, nous avons parrainé au mois de septembre à Paris le concert des Bantunani pour dénoncer les violences sexuelles à l’encontre des femmes et des enfants. Nos prises de positions permettent aux opinions congolaise et internationale d’être informées sur ce drame humanitaire. Notre rôle, ainsi que celui de nos partenaires congolais, c’est de continuer à conscientiser nos populations, y compris la diaspora.
5. Au Congo, des manifestations sont également organisées pour dénoncer les mêmes faits. Certaines sont pilotées au plus haut sommet de l’Etat. Une façon de couper l’herbe sous le pied d’Union du Congo ?
C’est bon signe que les Congolais de l’intérieur prennent des initiatives consistant à dénoncer les barbaries auxquelles sont exposées nos compatriotes de l’Est. Union du Congo, en tant que société civile, ne peut qu’agir de la sorte. En revanche, il est consternant de constater que ceux qui dirigent le pays soient réduits à dénoncer ces méfaits au lieu d’agir efficacement pour les enrayer. Cela montre leur incapacité à rétablir l’ordre, à imposer la présence de l’État à travers le territoire national. Tout le monde a constaté que ces derniers temps le gouvernement ne cesse d’adopter nos propositions. C’est le cas pour la délivrance de la carte d’identité, encore faut-il que cela soit le résultat d’un recensement sérieux de la population. C’est aussi le cas pour le projet relatif à la mise en réseau des médecins, etc. Le constat est évident. Union du Congo est une véritable force de proposition pour un Congo meilleur et davantage éclairé.
PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE.
Président d’Union du Congo