mardi 24 septembre 2013

CONCERTATIONS NATIONALES : LA DIASPORA MEPRISEE

Des participants aux concertations nationales à Kinshasa
La participation des délégués de la diaspora congolaise aux concertations nationales suscite des interrogations. L’opinion que les Congolais de l’étranger se font de cette organisation est négative : les individualités ayant travaillé sur ce projet ont été délibérément ignorées au profit des gens entretenant des relations supposées ou réelles avec quelques hiérarques du régime et des partis de l’opposition.        
Concertations nationales ? Dialogue national ? Peu importe les mots au contenu incertain. Seule certitude : la démarche des organisateurs de ces assises est contraire à l’objectif défini par son initiateur, le président Joseph Kabila, dans son discours sur l’état de la nation, prononcé le 6 décembre 2012, devant les deux chambres réunies en congrès.
A preuve, toutes les composantes de la diaspora congolaise dans le monde n’ont pas été conviées à ce « mess » censé apaiser les divergences et de favoriser l’émergence d’une cohésion nationale. La diaspora congolaise a été sans réserve et sans condition ignorée.
Sur quels critères ont-ils fait le choix des délégués  qui représentent la diaspora à ce forum ? Quelle a été leur contribution aux travaux préparatoires de ces assises ? Quelles ont été leurs propositions ? Sous quels numéros ont été enregistrés leurs besoins, leurs exigences ?
Pourtant, plusieurs structures des Congolais de l’étranger dans le monde, notamment en Europe, ont sérieusement travaillé sur ce projet.  Elles ont même fait parvenir aux services du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, leur cahier des charges aux propositions bien ficelées et finalisées. Pourquoi n’ont-elles pas été invitées ?
Dieu sait que bon nombre de membres de ces structures ont été critiqués, insultés, vilipendés, menacés, pour avoir soutenu - dès le début et sans réserve- le projet du président Joseph Kabila par ceux-là mêmes qui ont été désignés par les organisateurs comme délégués de la diaspora, et qui ont longtemps boudé la tenue de ces assises. Si le ridicule pouvait tuer !

ENFANTS PAUVRES DE LA NATION

Le choix des organisateurs va encore plus attiser les tensions qui existent entre le gouvernement et les Congolais de l’étranger considérés, plus grossièrement, comme citoyens de seconde zone, voire traitres à la patrie, malgré de liens conservés avec le pays.
Nul ne nierait en effet que ces enfants pauvres de la nation participent très activement aux débats sur la situation politique, économique, sociale, et sécuritaire du pays. Et sans leur activisme, la RDC serait aujourd’hui morcelée. Loin des yeux, ils se situent plus près du cœur de la nation.
Nombre d’Etats, émergents et développés, mettent en œuvre des politiques de lien avec leurs ressortissants à l’étranger. C’est précisément l’exemple que devrait suivre le gouvernement congolais. La diaspora est une mine d’or pour la RDC.

DECEPTION

Certes, l’objectif  essentiel assigné aux concertations nationales par le président Joseph Kabila est de gagner le combat de l’unité et de la cohésion nationale face aux périls qui mettent en danger  l’existence  même de la RDC. Mais le choix des organisateurs pour les délégués des différentes composantes devrait se fonder sur le mérite et la compétence.
Une déception pour les Congolais de la diaspora qui ont longtemps cru - à juste titre d’ailleurs- que ces notions étaient  indispensables à la participation des représentants  à ces assises. Cette gifle, reçue en pleine figure, est d’une violence inouïe.
Les délégués qui représentent la diaspora à ces assises ont-ils mérité leur place ? Ont-ils les capacités reconnues pour débattre des sujets brûlants de la situation actuelle  en RDC ? Ou ont-ils des accointances avec quelques personnalités – de la majorité et de l’opposition-  bien placées dans l’organisation de ces assises, comme cela se dit dans le landernau politique congolais ? 

ABERRATION

On a la nette impression que le copinage, le clientélisme et la logique politicienne auraient pris ici le dessus  sur des considérations objectives. Une aberration, car celui qui s’adonne à ces pratiques est un ennemi de la démocratie ou, au mieux, un idiot utile de l’injustice sociale.
L’élite congolaise de la diaspora, la vraie, celle qui a cru jouer un rôle important à ce forum pour l’honneur, la gloire et l’avenir de la RDC,  celle qui a milité pour la tenue de ces assises, et y a travaillé depuis l’annonce par le chef de l’Etat d’organiser ces rencontres, n’a pas été conviée. Les invitations  auraient été adressées aux familles, amis, connaissances et membres du parti.   
De plus, sur le plan national, on a noté le retour sur le devant de la scène politique des poilus du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), fossoyeurs du déclin du Congo, les thuriféraires de l’Alliance de forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) et les caciques du gouvernement de transition (formule 1+4). Pour une nouvelle vision politique de la RDC, on veut faire du neuf avec du vieux. Ahurissant ! En tout cas, si c’est le prix à payer pour sceller l’unité et la cohésion nationale, on a tout faux. Ne dit-on pas que la grandeur d’un pays se mesure à l’aune de ses dirigeants ?

ACTIVISME
Les membres de la DCFD
 Si la Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue (DCFD) n’existait pas, il faudrait l’inventer. Sa proposition pour la reconnaissance du droit de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger reste indispensable. Et son activisme, incomparable, comme le montre le travail remarquable abattu depuis décembre 2012 sur cette question. Elle souhaite ardemment que les concertateurs planchent sur cette thématique.
Le cahier des charges de la DCFD enregistré sous le n° 95, et ayant été retenu par les services compétents, contient des propositions intéressantes sur la situation socio-économique et politico-sécuritaire du pays, voire elle recommande des solutions possibles pour sortir le pays de ses difficultés et en faire un grand Etat.
En misant sur le copinage et le clientélisme plutôt que sur le mérite et la compétence ; en pariant sur la logique politicienne quitte à se couper d’une bonne partie de l’élite congolaise, les organisateurs des concertations nationales ont loupé le coche.
                                                         
Robert Kongo, correspondant en France

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