La réélection controversée de Joseph Kabila à la tête de la République Démocratique du Congo ouvre une période de grande incertitude dans un pays où, depuis l’indépendance, l’instabilité politique est devenue la norme.
On aimerait voir dans le quinquennat qui s’ouvre une opportunité de changement. Mais on voit mal un président battu dans les urnes, dos au mur œuvrer avec foi en un avenir meilleur pour le pays qui l’a rejeté sans autre forme de procès. Une aubaine pour se montrer toujours aussi incapable d’opérer le vrai changement attendu par le peuple Congolais depuis la fin du régime Mobutu en 1997.
« Le peuple ne veut pas de moi, je continue à travailler pour préserver et faire fructifier les intérêts de mes protecteurs et de mes affidés. Tant pis pour le reste », comme dirait une célébrité du théâtre français parodiant avec délectation, et d’une manière caustique, le comportement des présidents-dictateurs et prédateurs africains.
Sans élément d’appréciation de la situation calamiteuse du Congo sur le plan économique, les sbires du Kabilisme parle du Congo comme d’un futur pays émergent dès l’année 2016 et développé d’ici 2050. Mais c’est sans compter sur le manque d’entrain et d’imagination de leur chef qui ne se sent pas investi d’une telle mission ! Le pari est vraiment osé !
Depuis 5ans, où en est le Congo dans ses fameux travaux de reconstruction et de développement, dénommés les cinq chantiers ? Les 5 années à venir n’y changeront rien. Ce n’est pas lui faire injure que de dire Joseph Kabila n’a pas l’étoffe d’un bâtisseur. Son projet -s’il en est un- rabâché au peuple Congolais durant la campagne est creux et sans intérêt (déjà, il parle à peine). C’est du réchauffé.
JOSEPH KABILA N’A JAMAIS GAGNE AUCUNE ELECTION
Joseph Kabila n’a jamais été élu président de la République Démocratique du Congo. En 2006, il a été battu par Jean-Pierre Bemba Gombo (MLC). Le feu Cardinal Frédéric ETSOU, qui exigeait en son temps le respect de la volonté du peuple Congolais exprimée dans les urnes, a payé de sa vie cette recommandation.
Le 28 novembre 2011, c’est Etienne Tshisekedi Wa Mulumba (UDPS) qui a été élu. Toutes les missions d’observations nationales et internationales ont relevé avec effroi de graves irrégularités et le manque de transparence dans le processus électoral. La fraude et la tricherie ont été planifiées de longues dates : Kabila 100% sûr, n’est pas un slogan au hasard.
Pour avoir manifesté le 12 décembre 2011 la même exigence que son prédécesseur ETSOU, 5 ans plus tôt-le recomptage des voix-, le Cardinal Laurent Monsengwo est devenu la bête noire des Kabilistes prêts à s’attaquer à quiconque qui toucherait à un seul cheveu de leur champion. Gênés aux entournures, ils refusent les analyses, commentaires et critiques sur le déroulement de la présidentielle du 28 novembre . C’est la victoire du ridicule.
Chargés de superviser l’enrôlement des électeurs et de l’organisation des différentes élections devant se tenir en RDC, l’abbé Apollinaire Malu Malu (CEI-2006) et le pasteur Daniel Ngoy Mulunda (CENI-2011) sont les maîtres d’œuvre de la sordide opération « hold up » qui a émaillé les élections en RDC depuis 5 ans. Avec la bénédiction de la nébuleuse Communauté internationale .
Si Apollinaire Malu Malu a été remercié depuis la dissolution de la Commission Electorale Indépendante (CEI) en 2010, Daniel Ngoy Mulunda, en service commandé pour la présidentielle de 2011 a réédité l’exploit de son frère en christ en procédant à l’annonce des faux résultats des urnes. Il lui faut maintenant apporter-dans les jours et mois à venir - à l’homme de Kingakati une large majorité à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les Assemblées provinciales ou locales pour que sa mission s’accomplisse. Et la fête continue.
Ainsi le pouvoir se sert de l’Eglise chrétienne- qu’elle finira par diviser( si ce n’est pas déjà le cas) - pour asseoir son hégémonie partisane et tribale au nez et à la barbe des Congolais. Comme sous le régime Mobutu, les Congolais sont en train de se faire flouer à nouveau. Hélas !
RISQUE D’INSTABILITE POLITIQUE
La clairvoyance et la détermination d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, qui a rejeté la réélection de Joseph Kabila et a prêté serment vendredi 23 décembre en tant que président élu de la RDC, suffiront-t-elles à renverser l’ordre des choses ?
En tout cas, tel est le souhait des Congolais qui l’ont élu et ceux de la diaspora qui se sont mobilisés nuit et jour pour lui apporter leur soutien. Sans faille.
Les efforts fournis ne resteront pas vains. Et la mobilisation à l’extérieur continue et s’intensifie. Jusqu’à ce que Joseph Kabila, ses sous-fifres et la Communauté internationale reconnaitront la victoire de l’homme de la 10ème rue. Sinon, c’est l’instabilité politique assurée : le retour à la case départ comme il y’a 50 ans.
Robert Kongo, journaliste.
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