jeudi 23 juin 2011

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo a pêché par naïveté

Politicien madré redouté par tous ses adversaires, le «boulanger» Laurent Gbagbo a fini par se faire rouler. Il a été naïf et a commis de nombreuses erreurs qui ont provoqué sa chute.

Bluffé en 2000 par la façon dont Laurent Gbagbo lui avait soufflé le pouvoir à la suite d’une élection présidentielle tumultueuse, le général putschiste Robert Gueï l’avait surnommé le « boulanger » qui « roule tout le monde dans la farine ». A juste titre d’ailleurs. Pendant les dix années qu’il a passées à la tête de son pays, alors qu’il n’avait été élu que pour un mandat de cinq ans, Laurent Gbagbo a toujours réussi à retourner en sa faveur les situations à priori les plus défavorables. Un exemple parmi tant d’autres: en janvier 2003, le président français Jacques Chirac croit lui avoir «tordu le bras» en lui faisant signer les accords de Marcoussis censés mettre fin à la grave crise née de l’invasion du Nord et d’une grande partie du centre de la Côte d’Ivoire par les rebelles emmenés par Guillaume Soro. Accords que l’opposant historique à Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire (1960-1993), s’évertue à détricoter méthodiquement dès son retour à Abidjan. Avec un argument qui fait mouche.

La France qui, à l’en croire, ne l’aurait jamais accepté parce qu’il est un vrai nationaliste, lui a forcé la main. Sa réputation d’homme politique madré quasiment invulnérable lui collait tellement à la peau que peu d’observateurs le voyaient perdre l’élection présidentielle de novembre 2010. Si après un deuxième mandat « cadeau », comme disaient les Ivoiriens, Laurent Gbagbo s’est enfin décidé à accepter la tenue du scrutin, c’est qu’il était sûr de le gagner, murmurait-on sous cape, y compris dans de nombreux milieux autorisés. Il faut dire que l’ancien chef de l’Etat ivoirien était tellement convaincu lui-même de son succès que son slogan de campagne était sans ambiguïté : « On gagne ou on gagne ». En clair pour lui, une défaite n’était même pas envisageable. Une certitude frisant l’arrogance qui lui a fait commettre une série d’erreurs qui lui ont été fatales [lire la suite].

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