L’image choc de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak dans le box des accusés -jugé pour meurtre et corruption- a captivé le monde entier. Nombreux sont ceux qui saluent la tenue de son procès comme une victoire de la volonté des peuples arabes en faveur du processus de démocratisation. Dans la région, la date du 3 août 2011 s’est transformée en quelque chose qui ressemble à un rêve parce que personne n’imaginait qu’un autocrate puisse s’asseoir derrière les barreaux. Une leçon égyptienne pour tous ces dirigeants qui se croient maîtres et non serviteurs de leurs peuples.
La photo de l’ancien homme fort de l’Egypte, couché sur une civière dans une cage grillagée, a fait le tour du monde et frappé les esprits dans une région où les dirigeants sont d’ordinaire tout-puissants et ne rendent que rarement des comptes.Ironie du sort, le président Moubarak se retrouve dans la même cage qu’ont occupée des militaires présumés assassins d’Anouar El-Sadate, auquel il a succédé. La cage est vraisemblablement une « tradition » chez les Egyptiens. Le raïs, comme aime à l’appeler le peuple, est réduit à néant.
A la télévision ou sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, de nombreux arabes, du Maroc à la Jordanie, ont suivi le procès en direct, stupéfaits et admiratifs. Encore impensable il y a six mois, Hosni Moubarak se retrouve dans le box des accusés comme un vulgaire criminel.
Pour les peuples arabes, et par extension des peuples opprimés sous les régimes dictatoriaux d’Afrique noire et d’ailleurs qui demandent liberté, démocratie et justice sociale, ce procès historique a une valeur symbolique. La scène n’est pas glorieuse mais nécessaire : c’est une grande leçon pour les gouvernants inconscients qui s’accrochent au pouvoir par la terreur, la corruption et la tromperie.
Ce procès montre qu’il n’y a pas d’exception devant la justice : la maladie d’Hosni Moubarak ne peut l’empêcher de rendre des comptes sur ce qu’il a fait subir à son peuple, et sa longue contribution à l’action nationale ne lui confère une quelconque impunité. L’audience du 3 août 2011 brise un tabou dans le monde arabe et peut avoir une vertu pédagogique, voire curative, pour d’autres potentats locaux.
C’est pourquoi la première apparition d’Hosni Moubarak depuis sa démission représente malgré tout une victoire pour le mouvement démocratique [lire la suite].
Robert Kongo
© Le Potentiel
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