jeudi 4 février 2010

Débat à Paris sur le bilan de Joseph Kabila à mi-mandat

Dans le cadre de ses émissions spéciales du samedi, Radio Vexin Val de Seine a organisé le 30 janvier dernier un débat sur le bilan du président Joseph Kabila à mi-mandat entre Delphin N’Zamba Afri-Ku-Nyeng, président honoraire du PPRD/France, le parti présidentiel, et Gaspard-Hubert Lonsi Koko, président de l’Union du Congo, futur candidat à l’élection présidentielle de 2011.
Delphin N’Zamba Afri-Ku-Nyeng, a indiqué que, le 6 décembre 2006, date d’investiture de Joseph Kabila à la présidence de la République, est « une journée porteuse d’espoir pour le Congo et le peuple congolais ». Pour Gaspard-Hubert Lonsi Koko, « être élu, c’est une chose. Ce que l’on fait de son mandat en est une autre ». Le ton était ainsi donné pour un débat entre les deux personnalités sur le bilan de Joseph Kabila à mi-mandat.
Les Cinq chantiers de la République, projet phare du quinquennat de Joseph Kabila, ont constitué l’essentiel du débat. Un projet aux allures herculéennes, et qui ferait le bonheur des Congolais, selon les partisans du kabilisme ; une mystification pour l’opposition qui estime que, trois ans après son investiture à la tête de l’Etat, rien n’est fait pour améliorer les conditions de vie des Congolais.
Pour Delphin N’Zamba, «il faut être juste et reconnaître l’état de décrépitude dans lequel se trouvait le Congo avant le 6 décembre 2006. Les travaux des Cinq chantiers ont déjà commencé et sont en cours de réalisation.»
Le président honoraire du PPRD/France cite, à titre d’exemple, la réfection des infrastructures routières, notamment entre Kinshasa-Matadi-Muanda, Ilebo-Kananga, Kikwit-Tshikapa, Kananga-Mbuji-Mayi, etc.
« Il n’y a pas que des routes dans le projet des cinq chantiers de M. Kabila. D’ailleurs, il faudrait vérifier si les travaux auxquels vous faites allusion sont bien en cours de réalisation », lui rétorque G-H Lonsi Koko. Qui poursuit :« A ma connaissance, ce projet comporte bien d’autres points et non des moindres comme l’eau, l’électricité, le logement, la santé, l’éducation et l’emploi. Qu’en est-il de tout cela ? Les Cinq chantiers, c’est de la fumisterie, une escroquerie politique. On veut faire croire au peuple congolais que le pays va dans le bon sens, alors qu’en réalité, rien n’est fait depuis trois ans. »
Si Delphin N’Zamba reconnaît qu’il y a beaucoup à faire pour redresser la situation du Congo, il soutient que les travaux relatifs aux Cinq chantiers ont bel et bien commencé et sont en cours de réalisation, mais ne pourraient être réalisés en un seul jour. « Il faut du temps et des moyens », estime-t-il, avant de soutenir que « Joseph Kabila a fait en trois ans ce qu’aucun homme politique congolais n’a fait pour le Congo ». Et d’ajouter : « Si Joseph Kabila décide de se représenter en 2011, ce que je souhaite de tout cœur, et si le peuple congolais juge positif son bilan, il va être réélu et personne ne lui fera de l’ombre. » Le président de l’Union du Congo prend Delphin N’Zamba au mot, déduisant que « si le peuple congolais estime aussi qu’il n’a rien fait pour assurer son bonheur, le président de la République acceptera de partir, sans tergiverser ». Le président honoraire du PPRD/France, qui ne croit d’ailleurs pas à l’échec de son champion en 2011, dit simplement que « c’est la loi de la démocratie ».
Pour G-H Lonsi Koko, «le peuple congolais n’a plus de temps à perdre. A mi-mandat, le bilan de M. Kabila est négatif. Il a fait des promesses auxquelles il n’a pas tenu. Il lui reste un an et demi, et je ne vois pas comment, en si peu de temps, il pourra honorer ses promesses et défendre son bilan pour la prochaine présidentielle.»
Delphin N’Zamba objecte que ce bilan est « positif » et Joseph Kabila devra poursuivre ce qu’il a commencé. Il ira jusqu’au bout de sa démarche, a-t-il fait savoir
Sur la gestion de la crise dans l’Est du Congo, Lonsi Koko, note que J. Kabila ne fait pas vraiment ce qui est de son devoir pour mettre un terme à la crise qui sévit dans cette région … Et ce n’est pas en violant constamment la Constitution sur la gestion de cette crise qu’il y parviendra, fait-il observer. Pour sa part, Delphin N’Zamba affirme que le chef de l’Etat mène de main de maître cette crise. Néanmoins, il regrette que le Congo, sous embargo d’armes, ne soit pas suffisamment armé pour lutter contre ces agressions. « Dès lors que les militaires sont sur le terrain et se battent contre l’ennemi, on suppose qu’ils sont bien armés », lui répond son interlocuteur qui déplore l’irresponsabilité de la classe dirigeante sur cette crise. Pour Lonsi Koko, le vrai problème réside dans le fait que « les militaires ne soient pas suffisamment payés pour être motivés ».
Quant à la souveraineté du Congo, les deux débatteurs émettent sur la même longueur d’ondes : « Non à la balkanisation de la RDC. Car on ne pourra rien contre la volonté d’un peuple »…
Par ailleurs, les nombreux auditeurs qui sont intervenus au cours du débat étaient bien évidemment partagés. Certains soutenant Delphin N’Zamba dans sa défense en faveur de l’action présidentielle ; d’autres, partisans du changement, à la manière de G-H Lonsi Koko, ont vivement critiqué le bilan de Joseph Kabila à mi-mandat.

ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE

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