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mercredi 3 décembre 2014

Une réelle volonté politique pour le développement du Congo-Kinshasa

Le Conseil des ministres de la République Démocratique du Congo a prouvé le 10 novembre 2014 le dossier relatif à la liquidation des 8 entreprises publiques[1]. Ainsi une commission a-t-elle été instituée pour déterminer les modalités de cette privatisation, ainsi que de sa durée. Contrairement aux choix du gouvernement Matata Ponyo, les réponses à la crise économique ne résident pas dans la liquidation systématique des entreprises publiques ou ayant une telle vocation. Ainsi est-il plus dynamique de préconiser, dans les différents domaines, les choix stratégiques – à court, moyen et long terme – en vue des solutions idoines.

Les choix stratégiques

Pour ce qui est de la conservation et de la gestion des ressources naturelles, les choix stratégiques du gouvernement congolais auraient dû tenir compte de la meilleure connaissance et de la compréhension de la biodiversité, du partage intelligent des connaissances, de l’évaluation des bénéfices et des coûts de préservation de services rendus par la nature. De plus, il est indispensable de tout entreprendre pour réduire les pressions sur les écosystèmes et les ressources naturelles. En effet, l’objectif consiste à lutter efficacement contre l’artificialisation des espaces et la banalisation des paysages.

L’eau et l’électricité

Il va falloir fixer un prix unique de l’eau consommée et remplacer, dans le meilleur délai, le réseau vétuste. Dans cet ordre d’idées, il faudra améliorer de façon considérable la qualité de l’eau et faciliter son accès à toute la population. Voilà pourquoi, dans les villes et les grandes agglomérations, le gouvernement congolais doit soutenir toute initiative relative à un système d’assainissement de l’eau des sources ainsi que sa potabilisation. Il doit aussi encourager la récupération de l’eau de pluie pour les latrines et d’autres usages domestiques.
Dans une logique tout à fait humaniste, compte tenu d’énormes ressources dont dispose le pays, l’électricité doit être vulgarisée dans l’ensemble du territoire national. Son prix doit être banalisé et harmonisé pour faciliter son accessibilité. C’est la raison pour laquelle le barrage d’Inga doit être valorisé, modernisé en augmentant sa capacité en vue de la consommation nationale et de l’exportation. Enfin, par rapport au nombre impressionnant de cours d’eau qui quadrillent la République Démocratique du Congo, on doit à tout prix réhabiliter et créer des centrales hydrauliques, des mini-barrages, pour électrifier les quartiers et les villages enclavés, les localités et les zones rurales.

Les infrastructures

Le développement tous azimuts de la République Démocratique du Congo et l’essor de l’emploi nécessitent un effort considérable dans la programmation de grands chantiers publics, ou travaux d’infrastructures. Cela passera, entre autres, par le désenclavement total d’un bon nombre de localités : d’où l’obligation de lutter contre le déséquilibre territorial. Pour cela, il faut encourager un nouveau modèle de développement rural en construisant des routes de desserte agricole et facilitant l’évacuation des produits vivriers vers les grandes agglomérations.
Le gouvernement congolais doit aussi s’adonner à la réhabilitation et à l’électrification de 2 500 km de voies ferrées, à la création d’au moins 1 000 km de voies routières, à la formation des équipes et techniciens locaux dans le domaine du génie civile, ainsi qu’à l’investissement dans les matériels roulants pour le transport des voyageurs et des marchandises. Pour atteindre un tel objectif, il va falloir adopter une politique innovante susceptible d’attirer les investisseurs étrangers et les entrepreneurs de la diaspora congolaise, sans oublier les multinationales. Enfin, un effort en faveur de nouvelles technologies de l’information et de la communication rapprochera davantage les populations congolaises.

Les minerais

Au regard du respect de l’environnement et des préoccupations sociales des populations, il est plus efficace d’agir en faveur de la responsabilité juridiquement contraignante et de la régulation des acteurs privés pour une gestion durable des ressources naturelles. A cet effet, les entreprises, qui ont l’exclusivité de l’exploitation des minerais congolais, doivent être tenues par un cahier des charges. Cela ne pourra que faciliter, au-delà des préoccupations d’ordre environnemental, la transparence dans l’industrie extractive conformément à d’autres lois qui ont été votées dans les pays développés, comme la loi américaine Dodd-Frank sur les minerais[2].
Il est important d’attribuer l’exploitation des ressources naturelles et minérales, stratégiques et précieuses de la République Démocratique du Congo par voie de concession, cession ou capitalisation. Ainsi un code légal, pour une utilisation responsable et consciencieuse de ces ressources, doit-il être adopté par le Parlement. Par conséquent, il va falloir attribuer leur gestion à un organe permanent de contrôle qui agira de manière autonome. Par ailleurs, dans le cadre de l’amélioration de la gestion des ressources naturelles, il faudra exiger aux entreprises du secteur minier le respect des lois congolaises et internationales telles que la loi des Etats-Unis concernant la pratique de la corruption à l’étranger[3], ou les recommandations de la Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales.

Un Fonds de développement

Bien entendu, les pays africains sont contraints de trouver des voies et moyens qui puissent permettre leur épanouissement économique, facteur indispensable à la paix sociale et à l’évolution démocratique. Cela nécessitera de l’audace, de l’innovation, de l’inventivité, du pragmatisme et une réelle volonté politique. Mais au lieu de se contenter de privatiser les entreprises de différents secteurs économiques, le gouvernement congolais devrait plutôt procéder à un inventaire en vue de leur évaluation par la Banque africaine de développement, ou alors par la Banque mondiale, et pourquoi pas par l’Union européenne. Cette opération ne pourra qu’aboutir concrètement à la création d’un Fonds de développement pour le Congo (FDC), lequel sera ouvert à des investisseurs publics, ou privés, dont les parts seront détenues sous forme d’actions et cotées en bourse. Ce Fonds sera alimenté par des capitaux émanant des partenaires nationaux, ou étrangers, désireux de participer activement au développement économique de la République Démocratique du Congo.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko 



[1] Office national du logement (ONL), CCIC, Société nationale de trading (SONATRAD), Société nationale des chemins de fer (SNCZ), Compagnie cotonnière du Congo (COTONCO), Office des biens mal acquis (OBMA), SOTRACO, SIZARAIL.
[2] Cette loi porte sur l’exigence de traçabilité des minerais dans l’espoir d’établir un peu de transparence et de discipline dans l’exploitation des minerais de l’Est de la République Démocratique du Congo. Les minerais sont analysés avec un système d’étiquetage au niveau régional, mis en œuvre dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
[3] Foreign corrupt practice act.

lundi 20 janvier 2014

La diaspora dans le développement économique de la RD Congo

Quels choix pratiques, au profit de la République Démocratique du Congo, par rapport au patriotisme et aux actions politiques de ses émigrants ? Cette interrogation dépasse, à n’en pas douter, la simple approche propre à la diaspora et aux stratégies, ainsi qu’aux initiatives que celle-ci peut impulser de manière efficace par son engagement patriotique.
Il ne s’agit pas du tout question de monter une faction de la population contre une autre, ni de donner tort aux uns et raison aux autres, ni d’ailleurs d’attiser le feu. Mais il est plutôt question d’essayer de relever les faiblesses dans les relations entre la diaspora et le gouvernement, pour pouvoir valoriser et matérialiser davantage les atouts susceptibles de contribuer à l’émergence d’une République Démocratique du Congo solide, sur le plan étatique, et performante, du point de vie socio-économique.

Les inconvénients

L’exclusion d’une certaine catégorie des Congolais du processus électoral, sous prétexte qu’ils vivent en dehors du territoire national, ne cesse de détériorer le rapport entre le gouvernement et ses citoyens ayant émigré. Cette attitude est contraire aux dispositifs constitutionnels – tels que les articles 5 alinéa 3, 12, 50 et 66 – favorables aux droits humains, aux libertés fondamentales, aux devoirs du citoyen et de l’État.
Par ailleurs, sur le plan légal, l’existence du conflit entre les articles 10 et 72 de la Constitution, et le 1er alinéa de l’article 4 de la loi du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise, ne cesse d’empoisonner les rapports entre les Congolais de la diaspora et les gouvernants. En effet, les alinéas 3 de l’article 10 et 1er de l’article 72 de la Constitution du 18 février 2006 évoquent le caractère inaliénable de la nationalité congolaise d’origine, tandis que le 1er alinéa de l’article 4 de la loi du 12 novembre 2004 fixe la perte de la nationalité congolaise à l’acquisition de la nationalité étrangère par toute personne de nationalité congolaise.
Deux constats s’imposent à première vue. Primo, il est injuste que les Congolais de l’étranger concernés à la fois par le jus sanguinis et le jus soli puissent perdre la nationalité congolaise d’origine du fait de détenir une citoyenneté étrangère. Secundo, la terre en République Démocratique du Congo appartient aux tribus. Or, personne ne reniera les membres de sa famille parce qu’ils ont acquis une citoyenneté étrangère. Ainsi risque-t-on de s’exposer à des conflits fonciers, au cas où on leur contesterait injustement la nationalité congolaise.
Force est de constater également que l’insécurité à travers le territoire national ne facilite guère la libre-circulation des biens, des personnes et des capitaux, facteur indispensable au développement économique, à la liberté d’entreprendre et d’investir.
Sur le plan des infrastructures, l’enclavement du pays et le déséquilibre territorial, la carence des routes et des outils de communication constituent un handicap considérable quant à l’essor de l’emploi et au développement des activités commerciales. Enfin, la diaspora congolaise, qui plus est variée, n’est pas a minima structurée [lire la suite].
Gaspard-Hubert Lonsi Koko