vendredi 24 février 2012

RD Congo : Ousmane Paye confirme la tenue à Kinshasa du 14ème sommet de la Francophonie »

Ousmane Paye : « Au nom de l’Organisation, je vous confirme la tenue à Kinshasa, du 12 au 14 octobre 2012, du 14ème sommet de la Francophonie ». Cette déclaration a été faite au cours d’une interview qu’il a acceptée d’accorder à notre correspondant en France. Le Conseiller spécial du secrétaire général de la Francophonie chargé de l’organisation des sommets, M. Ousmane Paye, confirme ainsi le déroulement à Kinshasa du sommet de la Francophonie 2012. Optimiste, il croit en la volonté des acteurs politiques congolais, toutes tendances confondues, de voir leur pays organiser le Sommet francophone et à la capacité technique de la République démocratique du Congo de le réussir.

- Interview.

Confirmez-vous la tenue à Kinshasa en octobre prochain du 14ème sommet de la Francophonie ?

Au nom de l’Organisation, je vous confirme la tenue à Kinshasa, du 12 au 14 octobre 2012, du 14ème sommet de la Francophonie. Les travaux de préparation sont bien avancés. Depuis le début de l’année 2011, après la désignation de Kinshasa comme ville hôte du 14ème sommet de la Francophonie et la confirmation de celle-ci en 2010 à l’occasion du sommet de Montreux, les missions que j’ai eues à conduire à Kinshasa ont servi d’abord à évaluer la capacité technique de la RDC d’organiser ce sommet, ensuite à voir la mise en place d’un comité congolais d’organisation en charge de la préparation de cette rencontre.
A l’issue des travaux de la 27ème Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF) qui s’est tenue ici à Paris les 1er et 2 décembre 2011, la RDC, représentée par M. Raymond Tshibanda, ministre de la Coopération internationale et régionale, président du Comité national d’organisation du sommet de Kinshasa, a repris le flambeau de la présidence de la CMF après Mme Micheline Calmy-Rey, présidente de la Confédération Helvétique. Lors d’une mission à Kinshasa, j’ai eu à remettre officiellement à M. Tshibanda les pré-requis techniques pour l’organisation du sommet en vue de l’élaboration du cahier des charges. Depuis cette date, à l’occasion des réunions de la Commission politique, les émissaires du Comité national d’organisation nous rendent compte régulièrement de l’avancement de leurs travaux de préparation.

Comment expliquez-vous cette rumeur persistante autour d’un report, voire d’une annulation de la tenue de ce sommet en RDC ?

Puisque je n’en suis pas l’auteur, je ne peux pas me l’expliquer et elle ne m’est même pas parvenue. Moi je suis le président du Comité de pilotage en charge pour l’OIF d’organiser le sommet en partenariat avec le Comité national congolais. Et nous sommes au travail.

Certains pays voisins envisagent déjà le transfert du sommet chez eux…

C’est possible, mais c’est vous qui me l’apprenez.

Dans l’hypothèse où il y aurait report, annulation du sommet ou transfert dans un pays tiers, quelles pourraient en être les vraies raisons ?

Je suis très optimiste quant à la tenue à Kinshasa du 14ème sommet de la Francophonie, car il me paraît que c’est la volonté de tous les Congolais d’organiser cette grande rencontre chez eux. J’en déduis donc que ce sommet aura bel et bien lieu. J’ai eu l’avantage de rencontrer beaucoup de responsables politiques congolais, toutes tendances confondues, il n’y en a pas un seul qui remet en question cette opportunité qui s’offre à la RDC de recevoir sur ses terres les 75 délégations francophones. Je voudrais vous rappeler que la RDC est le pays francophone le plus important sur le continent africain, autant sur le plan démographique que géophysique. Et vous savez quelle place occupe la langue française dans ce pays. Donc, il est tout à fait légitime, aujourd’hui, que la RDC ait son sommet et à travers elle l’Afrique centrale. C’est la volonté clairement affichée par le président de la République, le gouvernement ainsi que tous les acteurs politiques congolais que j’ai eus l’honneur de rencontrer.

La RDC est-elle prête pour organiser un tel sommet, selon vous ?

Oui, parce que les Congolais en ont la volonté et la RDC en a la capacité technique. J’ai visité des lieux où peuvent se dérouler les travaux ; des lieux où les délégations peuvent se loger ; des capacités de transport des délégués ; autant d’instruments indispensables à l’organisation d’un sommet qui fondent mon optimisme.

Vous semblez très optimiste, non ?

Du point de vue de l’organisation technique, tout se passe comme nous l’avons toujours fait dans la préparation de tous les sommets. De ce point de vue, tout se déroule selon nos prévisions. Si vous voulez faire allusion à la tension postélectorale qui prévaut en RDC, je vous dis tout de suite que cela relève de la gestion des acteurs politiques congolais qui n’en sont pas à leur première difficulté de politique intérieure. C’est une situation qu’ils ont toujours pu surmonter par le biais du dialogue ou de la médiation. Mais là n’est pas ma responsabilité en tant que président du Comité de pilotage. Je suis, pour ma part, totalement dans mon chronogramme. Voilà la raison objective pour laquelle j’affiche cet «optimisme de la volonté» comme aime à le dire souvent le secrétaire général de la Francophonie, le président Abdou Diouf.

La tension postélectorale qui prévaut en RDC ne pourrait donc compromettre la tenue de ce sommet…

La stabilité politique et sociale est indispensable pour organiser de grands rendez-vous. Et connaissant relativement bien l’histoire de ce pays, mon optimisme m’emmène à penser que les Congolais trouveront une solution consensuelle pour surmonter les difficultés politiques qu’ils rencontrent et ils en sont capables.

N’êtes-vous pas inquiet de la situation politique en RDC ?

Inquiet, non mais plutôt attentif à tout ce qui s’y passe. En raison de cette importante échéance que nous avons devant nous.

Quel regard portez-vous sur le déroulement des élections du 28 novembre 2011 en RDC ?

Je n’étais pas au Congo, notre organisation non plus. Donc, je ne peux porter un jugement quelconque sur le déroulement du processus électoral. J’en ai simplement eu des échos. Des observateurs sur le terrain ont constaté et dénoncé, ici et là, des dysfonctionnements voire des irrégularités. Les résultats définitifs de la présidentielle ont été publiés et le chef de l’Etat a été officiellement investi. Maintenant que les résultats provisoires des législatives sont également publiés et que la session parlementaire vient de s’ouvrir, l’heure est à l’examen des recours déposés. Je vous rappelle que dans un communiqué publié à l’issue des élections du 28 novembre 2011 en RDC, le secrétaire général de la Francophonie a demandé d’user des voies légales pour toute contestation pour déposer des recours en recommandant leur examen objectif et minutieux par la Cour suprême de justice avant la proclamation des résultats définitifs. Et ceci en écartant toute violence et en privilégiant le dialogue et le respect de la légalité.

Concrètement, quel rôle entend jouer l’OIF pour apaiser la tension postélectorale en RDC ?

Le secrétaire général le dit à maintes occasions : l’OIF est à la disposition de tous ses pays membres, y compris la RDC qui peut comme tout autre solliciter son expertise, sa facilitation et sa médiation.

Pensez-vous que le dialogue est possible entre la majorité présidentielle et l’Opposition, notamment l’UDPS d’Etienne Tshisekedi ?

Oui, je le pense profondément, et j’en parle depuis le début de notre entretien.

Les autorités congolaises ne sont-elles pas en train de commettre la même erreur qu’en 1991 lorsque le sommet de la Francophonie prévu en RDC, Zaïre à l’époque, avait été délocalisé pour des raisons politiques ?

Ce n’est pas vraiment la même situation. En 1991, j’étais moi-même conseiller du président de la République et secrétaire général de la Commission de la Francophonie du Sénégal. En cette qualité, j’ai eu le privilège de faire partie de la délégation qui a œuvré dans le transfert du 4ème sommet de Kinshasa à Paris pour d’autres raisons que celles que vous évoquez aujourd’hui et en parfait accord avec les autorités congolaises.

Les Congolais ne risquent-ils pas de déchanter cette fois-ci encore ?

Je ne le pense pas, car au moment où je vous parle, je travaille harmonieusement avec le comité préparatoire en charge du 14ème sommet. Ici à l’OIF, nos services, notamment les conférences internationales, œuvrent à la préparation de différents schémas protocolaires, logistiques et d’accréditation. Et je vous redis ma foi dans la capacité des hommes politiques de la RDC à surmonter leurs divergences par le biais de la concertation et du dialogue. Ils savent tous que ce dialogue sera la source d’une stabilité politique susceptible de créer les conditions et le cadre du développement économique et social dont ce peuple congolais a tant besoin.

Le peuple congolais peut donc continuer à y croire ?

Je le pense bien sincèrement.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire