Nul
n’ignore que la majorité kabiliste est prête à tout, comme dans le
passé, pour se maintenir au pouvoir. Que peut faire, dans pareille
circonstance, les opposants à la révision de l’article 220 de la
Constitution ? De prime abord, pour contrer les velléités de la majorité
présidentielle, deux alternatives sont possibles.
La pétition
La
première alternative consiste à s’appuyer sur quelque dispositif
constitutionnel. Il est évident que l’opposition doit profiter de la
volonté de la majorité présidentielle pour imposer légalement le rapport
de force. De plus, l’article 27 de la Constitution du 18 février 2006
accorde à tout Congolais le droit d’adresser individuellement, ou
collectivement, une pétition à l’autorité publique qui y répond dans
les trois mois. Ce procédé a l’avantage de protéger les auteurs de la
pétition contre toute « incrimination, sous quelque forme que ce soit, pour avoir pris pareille initiative ».
En agissant de la sorte, l’opposition évaluera ses véritables capacités
à se mobiliser et à se rassembler autour d’une cause commune. La
réussite d’une telle entreprise lui sera davantage bénéfique pour les
prochains enjeux électoraux. Les signes du temps laissent supposer que
l’opposition, si elle s’y prend bien, pourra obtenir gain de cause. En
effet, le fait pour la Commission électorale nationale indépendante de
vouloir imposer un scrutin indirect en vue des prochaines élections
laisse supposer l’impopularité du régime en place à Kinshasa.
Le référendum populaire
La
seconde alternative consiste à laisser la majorité présidentielle
recourir au référendum populaire en vue de la révision
constitutionnelle. De ce fait, le régime kabiliste étant cette fois-ci
décrié par la communauté internationale, celle-ci devra surveiller
attentivement le déroulement du processus qui pourra aboutir à une large
victoire de l’opposition. Dans cette perspective, le pouvoir en place à
Kinshasa sera désavoué et n’aura que la démission, aussi bien du
président de la République que du gouvernement, comme seule possibilité.
Si elle est risquée pour l’opposition, cette option peut néanmoins
représenter l’issue fatale susceptible de provoquer les conditions du
sabordage, avant l’année 2016, du bateau ivre qu’est devenu le régime
congolais.
La crédibilité de l’opposition
Dans
ces deux cas de figure, la crédibilité de l’opposition est en jeu.
Celle-ci se trouve de facto confrontée à un dilemme. Soit elle parvient à
mettre la majorité présidentielle sous l’éteignoir, et la voie menant
vers l’alternance politique s’ouvrira pour le plus grand bonheur du
peuple congolais. Soit elle brille encore une fois par sa médiocrité, et
les kabilistes risqueront de se maintenir au pouvoir pour longtemps
avec ce que cela comportera comme souffrance, appauvrissement et
humiliation des Congolaises et des Congolais. Cette cornélienne
situation est une épreuve décisive dans la mesure où elle pourra
permettre à l’opposition congolaise de gagner enfin en crédibilité, de
faire oublier l’inertie et l’amateurisme qui ne cessent de la
caractériser.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Notes
[1] Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie.
[2] Cet article interdit toute modification du mandat du président de la République qui plus est limité à deux.
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