jeudi 23 mai 2013

Le périple de Ban Ki-moon dans la région des Grands lacs africains


« Le temps est venu pour la paix et le développement pour le peuple de la République Démocratique du Congo et ceux de la région », a déclaré à Kinshasa le mercredi dernier Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, à l'issue de son entretien avec le président Joseph Kabila. Cette rencontre s’est déroulée dans un climat tendu par la reprise d’affrontements[1] entre les FARDC[2] et la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) dans le Nord-Kivu. Outre la ville de Goma, Ban Ki-moon se rendra à Kigali, la capitale rwandaise.

Une mise sous-tutelle déguisée ?

D’après un nouveau rapport des Nations Unies, publié le 8 mai 2013, des graves violations des droits de l’Homme ont été perpétrées en novembre et décembre 2012. Selon les critères de la CPI[3], ces exactions[4] « peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité ». La situation en cours au Kivu est tellement complexe que la contribution des Nations Unies et la bonne foi des pays des Grands lacs sont indispensables à la stabilité régionale. Mais la pacification de la République Démocratique du Congo n’est avant tout fonction que d’une réelle volonté politique et du patriotisme des Congolais eux-mêmes. Ainsi l’Etat congolais, en tant que pays souverain, devra-t-il conforter dans l’urgence la cohésion nationale et conditionner l’assistance militaire des forces onusiennes à un soutien sans faille aux FARDC. Cela évitera l’éventualité d’une mise sous-tutelle qui se profile à l’horizon, dans l’optique de mieux exploiter, dans la légalité cette fois-ci, les richesses de la région du Kivu.

Un stratagème malhonnête ?

Accompagnant le secrétaire général des Nations Unies, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a confirmé une aide d’un milliard de dollars supplémentaire pour la région des Grands Lacs, dont la République Démocratique du Congo. Cette aide au développement sera destinée à des projets concernant l’énergie, l’agriculture, le commerce transfrontalier, la santé et l’emploi. Fallait-il commencer par détruire pour pouvoir imposer un quelconque développement, dans des conditions avantageuses aux bailleurs de fonds, à des pays complètement fragilisés ? S’agit-il d’un énième stratagème malhonnête ? Une aide véritable, semble-t-il, est celle qui permet de relever le bénéficiaire et non de l’humilier davantage. Ainsi l’aide au développement que compte apporter la Banque mondiale aux pays des Grands lacs ne doit en aucun cas servir à les endetter encore plus dans le but de faire main basse sur leurs ressources naturelles.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

Source : Jolpress





[1] Lesquels ont fait fuir plus de 30 000 personnes des camps situés près de la zone des combats, selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU.
[2] Forces armées de la République Démocratique du Congo.
[3] Cour pénale internationale.
[4] Le document de 17 pages est le fruit d'une longue enquête, lors de laquelle 350 témoins et victimes ont été entendus. Les faits se sont produits avant, pendant et après la chute de Goma aux mains du M23, tombée sous le regard impuissant des casques bleus de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (Monusco), et alors que les FARDC battaient en retraite.

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