Le vendredi 3 mai dernier, après plusieurs tentatives infructueuses, l’Assemblée nationale a finalement voté la loi libéralisant le secteur de l’électricité en République Démocratique du Congo. La Société nationale d’électricité (Snel) perd de facto le monopole de production et de commercialisation de l’énergie électrique. L’objectif de l’initiative gouvernementale consiste à améliorer, grâce à la concurrence, la qualité du service de desserte en électricité. Ainsi le ministre des Ressources hydrauliques et Electricité, Bruno Kapanji, espère-t-il que la concurrence obligera les intervenants dans le secteur concerné à fournir des services de qualité aux clients.
Sur les traces du gouvernement précédent
Le 20 mai 2011, le ministre de l’Energie de l’époque, Gilbert Tshiongo, avait présenté à la plénière de l’Assemblée nationale un projet de loi relatif au code d’électricité en République Démocratique du Congo. Parmi les innovations qui étaient proposées par ce projet figurait, entre autres, la libéralisation dudit secteur : c’est-à-dire la fin du monopole de la Société Nationale d’Electricité. Selon l’ancien ministre de l’Energie, l’ouverture du marché de l’électricité à d’autres opérateurs améliorerait à terme la desserte et attirerait des investisseurs, car il s’en suivrait l’émulation et la concurrence.
La loi du plus fort
Pour le ministre des Ressources hydrauliques et Electricité, Bruno Kapanji, la Snel, qui gère jusqu’à nouvel ordre la quasi-totalité des infrastructures, continuerait à offrir ses services même si le secteur était libéralisé. Néanmoins, il conviendrait de rappeler que le libéralisme n’a cessé de profiter de la faillite de l’Etat congolais pour faire davantage main basse sur les secteurs clés de l’économie : l’eau, l’électricité, l’alimentation, les transports en communs (cf. le récent décret gouvernemental sur l’importation des voitures d’occasion)… Impuissant, le gouvernement de Mata Ponyo subit le libéralisme à outrance qu’imposent les bailleurs de fonds et d’autres institutions comme la Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
Le respect des règles étatiques
Il ne faudra surtout pas que la lutte contre le libéralisme, compte tenu de l’incapacité de l’Etat congolais à créer des emplois, se fasse au détriment de la libre-entreprise et de la libre-concurrence. Les réalités locales étant ce qu’elles sont, il faudra plutôt recourir à quelque garde-fou : notamment le respect des règles qui seront définies par un État soucieux de l’aisance, du confort matériel et moral, ainsi que du bien-être du peuple. En conséquence, le gouvernement de Matata Ponyo devra harmoniser, dans l’urgence, les prix des biens de première nécessité – l’eau, l’électricité, la santé et la nourriture – sur le marché. Ainsi agira-t-il sur l’ensemble du territoire national en faveur de leur vulgarisation, l’objectif étant d’uniformiser les prix pour faciliter leur accessibilité.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Source : Jolpress
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