mardi 24 novembre 2009

Paris : Manifestation du 21 novembre 2009 contre les violences sexuelles faites aux femmes en RD Congo


Intervention du CRID (*)

Je remercie les organisateurs de nous accorder la parole. J’interviens ici au nom du CRID : Convention pour le République, les Institutions et le Développement. Un parti légalement enregistré en RDC et ayant participé aux deux scrutins législatifs récemment organisés : élections législatives nationales et provinciales.
Aussi discret qu’il soit, notre mouvement est connu par la plupart des participants de cette manifestation car depuis 13 ans il n’a cessé de dénoncer les crimes qui font que nous nous réunissons aujourd’hui. Il suffit de vous rappeler le nombre d’interventions faites par son président sur RFI, Africa N°1, Radio Notre Dame, Agence PANA, l’Autre Afrique et tant d’autres.
Durant ces treize années nous avons en effet dénoncé :
Le massacre de Makobola qui souvenez-vous un jour de la Saint Sylvestre alors que tout le monde célébrait le nouvel an les habitants de tout un village Makobola avaient été massacrés.
Souvenez-vous aussi que dans la foulée de la marche de l’AFDL vers Kinshasa, des femmes avaient été enterrées vivantes dans un autre village du Sud-Kivu : KASIKA.
Des images ont circulé sur les massacres de MASISI. Encore une fois c’est grâce au CRID que ces images macabres ont pu être vues malheureusement sans presque de réaction ni compassion.
Rappelez-vous également nous avons dû déplorer des massacres et traitements inhumains et dégradants, la coupure d’électricité à Kinshasa entraînant, la mort de malades et des bébés dans les hôpitaux.
L’assassinat de Mgr MUNZIHIRWA et l’exil forcé de Mgr KATALIKO font également partie de cette stratégie de déstructuration et déstabilisation de notre pays. Ces prélats ont été assassinés pour avoir prêché la paix à l’Est en dénonçant les violences et l’agression.

Cette liste macabre n’est malheureusement pas exhaustive et des violences les plus ignobles y compris la sodomisation des pères devant leurs familles, continuent encore aujourd’hui à être perpétrées sans distinction d’âge (de 7 à 77 ans) principalement dans l’Est de la RDC. L’Hôpital de Panzi à Bukavu n’a jamais été aussi surchargé.
Chers amis, participant à cette manifestation. S’il y a une seule conclusion valable à tirer de ces observations nous retiendrons objectivement la conclusion suivante : « LES MÊMES CAUSES PRODUISENT LES MÊMES EFFETS ».

Les violences perpétrées hier par les partisans de l’AFDL ou du RCD, aujourd’hui par les FDLR ou par des éléments incontrôlés des FARDC ont une justification :
Depuis 1997 nous commettons des erreurs sur les personnes
Depuis 1997 nous commettons l’erreur sur les objectifs des uns et des autres
Depuis 1997 nous nous sommes trompés d’ennemi.
Il nous appartient de faire un effort d’autocritique pour déceler ce qui ne va pas chez nous et accepter notre part de responsabilité car « CHAQUE PEUPLE A DES CHEFS QU’IL MÉRITE ».
Si nos mamans, nos grands-mères et nos sœurs ont continué à être violées pendant quinze ans, ne les avons nous pas quelque part condamné nous mêmes ?
Chers amis, chers compatriotes, nous savons tous que les responsables de ces crimes se promènent en toute liberté et certains sont parmi la classe qui gouverne notre pays depuis 17 ans ?
L’une de nos responsabilités c’est de n’avoir pas su évaluer le risque de nos choix politiques. Notre responsabilité ultime c’était d’avoir laissé à d’autres, la gestion de nos problèmes.
CECI DIT, UN HOMME AVERTI EN VAUT DEUX et ce n’est pas par hasard que nous sommes cette fois-ci plus nombreux à dénoncer ces violences faites aux femmes.
Nous aurions bien souhaité que l’on soit nombreux à célébrer la fin des atrocités. Malheureusement encore une fois c’est pour déplorer la recrudescence, la généralisation et leur caractère systématique. Je dis bien caractère systématique.
Chers amis, chers compatriotes. Nous ne soulagerons la souffrance de ces victimes que lorsque nous regarderons les bourreaux les yeux dans les yeux et leur dirons qu’ils sont responsables et qu‘ils doivent payer.
Chers compatriotes, chers amis manifestants, lorsqu’un gouvernement ne peut ou ne sait défendre ses citoyens, lorsqu’il est incapable de se constituer une armée digne de ce nom pour défendre l’intégrité du territoire national, il est considéré à minima incapable et incompétent avec toutes les conséquences qui s’en suivent. On doit aussi s’interroger si cette incompétence flagrante ne peut s’apparenter à une certaine complicité.

Les violences que connaît notre pays depuis toutes ces années ne sont qu'un symptôme du mal profond et de la disparation de l'état. L’état actuel est incapable de sécuriser son peuple car ses animateurs sont occupés par des intérêts privés et rongés par la corruption qui empêche l'avènement de vraies institutions et d'une armée républicaine.

Chers compatriotes, chers amis manifestants permettez-moi de conclure par cette comptabilité macabre que je livre à votre réflexion. Lorsqu’un soldat occidental est tué en Afghanistan, le monde s’en émeut. La RDC a perdu 7 million de civils et plusieurs centaines de femmes sont violées par jour à l’Est du pays avec ses violences ?
7 million de morts c’est la totalité de la population rwandaise
7 million de mort c’est deux fois la population du Gabon
7 millions de morts, c’est le double de la population du Togo
7 million de morts c’est la totalité de la population burundaise
7 million des morts c’est l’équivalent du Congo Brazzaville qui est rayée de la démographie africaine
Pourtant disent les dirigeants du monde, 7 million de morts c’est n’est que 9 % de la population Congolaise, il n’y a donc pas de quoi s’alarmer.
Quant aux femmes violées, leur sort a tout au plus abouti à la création d’une nouvelle activité touristique : « la visite des femmes violées » .
Pourtant des solutions existent et les instruments pour les appliquer existent. Seule la volonté politique manque.
La Cour Pénale Internationale a été créée justement pour que de telles crimes ne restent impunies et ainsi éviter leur répétition
La MONUC, force des Nations Unies est fortement présente en RDC avec des effectifs avoisinant les 20 000 hommes. Que représentent les miliciens des FDLR face à une telle force ? Les FDLR sont-ils plus forts que les talibans ?
Les institutions actuelles de la RDC sont tout de même issues des urnes. Manquent-elles de la légitimité pour prendre des mesures énergiques en vue de sécuriser le territoire national ?
Pour terminer je voudrais vous partager ma forte conviction : plus que jamais le CRID est convaincu que le peuple s’est réveillé. Et plus que jamais notre peuple a changé. 2011 sera l’année de la vérité car :
"On peut tromper une partie du peuple tout le temps,
on peut tromper tout un peuple une partie du temps,
mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps".

AU NOM DU CRID, de ses dirigeants, de tous ses militants et des victimes je vous remercie.

(*) Convention pour la République, les Institutions et le Développement.

1 commentaire:

  1. Bravo le CRID et l'Union du Congo d'avoir organisé et rappeller à la responsabilité de tous le devoir de chaque citoyen de ce pays à se reveiller! Que vos deux formations ne se fatiguent pas la révolution commence toujours par un groupe d'éclairé quand les autres sont occupés à piller le pays!!

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