Le
samedi 19 octobre à l’Assemblée nationale française a été lancé un collectif
qui rassemble tous les élus français d’origine congolaise, quelle que soit leur
couleur politique. Un public nombreux était venu assister à cet événement.
Grégoire Mukendi, président du CEFOCK |
Les élus locaux
français originaires du Congo-Kinshasa (CEFOCK) ont lancé, le samedi 19 octobre
en la salle Colbert au 1er étage du Palais-Bourbon (Assemblée
nationale française) à Paris, un collectif
appelé à « réfléchir sur leur rôle d’élu local français »
certes, mais également débattre des problèmes du Congo.
L’objectif est de
« réfléchir sur notre rôle d’élu local dans la société française métissée »,
a déclaré son président, Grégoire Mukendi, adjoint au maire d’Aulnay-sous-Bois
en charge des archives, documentation, mémoire de la ville et propreté de
l’espace public. Et d’ajouter : « Nous voulons également parler du
Congo et de son développement. En notre qualité d’élus locaux français d’origine
congolaise, nous entendons mettre notre savoir-faire et nos acquis au service de
l’avancement du Congo. Mais il faut souligner que notre intention n’est pas d’interférer dans la
politique congolaise. »
COOPERATION DECENTRALISEE
Dans le cadre de la décentralisation des pouvoirs politiques en France et l’importance croissante des relations internationales, les collectivités locales françaises se sont lancées dans des actions de coopération au développement. Une cinquantaine de départements français est aujourd’hui engagée dans de telles actions ainsi que, à des degrés divers, la quasi totalité des régions françaises et environ 1500 à 2000 communes. Cette coopération entre collectivités locales s’inscrit dans un contexte d’évolution institutionnelle des pays occidentaux, d’Europe centrale et orientale, mais également du sud, notamment l’Afrique.
Pour le CEFOCK , la
France devra accroître et intensifier sa coopération avec le Congo. Il soutient
sans ambigüité « la coopération décentralisée et les actions de solidarité
et de partenariat entre la France et le Congo. »
Dans cette optique, il entend
« travailler en collaboration avec les associations de la diaspora
congolaise œuvrant sur les actions de solidarité et de développement. » L’objectif
affiché est de sensibiliser les Congolais de l’étranger aux enjeux du
développement afin de les encourager à s’impliquer davantage dans le processus
de l’essor du Congo (par le choix judicieux des actions à mener).
EXPOSES SUR LE CONGO
Membres du CEFOCK au Palais Bourbon, le 19 octobre 2013 |
Cette cérémonie a été également l’occasion pour le public, venu nombreux , de suivre deux excellents exposés sur le Congo réalisés par Jean-Paul Sapu, membre de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), et Anicet Mobe, chercheur en sciences sociales.
Pour Jean-Paul Sapu , qui
a évoqué la situation des droits de l’homme en RDC, ce vaste territoire est « un
cas d’école » en la matière. Selon lui, tous les experts sont unanimes
pour reconnaître que le problème des droits de l’homme se pose avec acuité dans
l’Est, mais également dans l’Ouest et ailleurs, en ce pays.
De graves exactions
sont commises tous les jours : exécutions sommaires, pillages, viols des
jeunes filles et femmes. « Les viols, malheureusement considérés comme une
arme de guerre dans l’Est, sont monnaie courante et restent impunis »,
a - t-il déploré.
« En tant que
femme, je suis très sensible aux atrocités que subissent nos mamans et nos
sœurs au Kivu. Je le ressens en moi. Le cas du Congo doit interpeller la
conscience internationale. Le CEFOCK sera le porte-voix de ces gens-là et donnera
une réponse appropriée à cette situation, dans le cadre du droit à la paix, à
la sécurité et au développement », a assuré Claire Tawab, adjointe au
maire de Grigny en charge des conseils d’écoles et des situations de handicap.
« Il est vrai, les
Congolais paient très cher pour la paix, la sécurité et le développement de
leur pays », s’est indigné Jean-Paul Sapu. « Ces guerres et conflits
par procuration », a-t-il dit, ont une seule cause : « l’absence
d’un leadership fort. » « Près
d’un demi-siècle après la traite négrière, la paix pour le peuple congolais
reste une denrée rare », poursuit-il, et de conclure : « Le
Congo est un cas qu’il faut considérer avec attention, car nous aurons des
comptes à rendre aux générations futures. Que leur dirions-nous ? »,
s’est-il interrogé.
Anicet Mobe a établi un
parallèle intéressant entre l’histoire coloniale belge au Congo et l’histoire
entre la France et le Congo , à travers les actions menées par le résistant Charles
de Gaulle , qui s’intéressait de très près à ce pays.
Il a relaté quelques unes
des escapades du général au Congo dans les années 40, à la suite de la
vaillance éprouvée des soldats congolais pendant la guerre, aux côtés des
français, pour combattre le gouvernement de l’Etat français, installé à Vichy
(10 juillet 1940-20 août 1944).
« Les Belges
voyaient d’un mauvais œil ce rapprochement entre les Français et les Congolais.
A cet effet, ils ne manquaient pas l’occasion de dénoncer l’intrusion française
dans leur colonie », a-t-il expliqué.
Anicet Mobe a également
dépeint l’histoire de la coopération militaire française au Congo depuis
l’indépendance à nos jours. Il a évoqué les deux guerres du Shaba gagnées par
Mobutu, grâce notamment à l’assistance des forces militaires françaises, contre
le Front national de libération du Congo (FNLC), avec le soutien gouvernemental
d’Angola, du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et
l’implication possible des troupes de Cuba.
Pour clôturer son
exposé, il a salué en ces élus « le produit de l’intelligence de
l’histoire ». « Vous êtes sur la voie des personnalités
prestigieuses, les anciens élus de France venus d’Afrique et des DOM-TOM »,
a-t-il déclaré , et a exhorté le CEFOCK à
« œuvrer au renforcement de la coopération entre la France et le
Congo ».
Les membres du CEFOCK
sont les suivants : Grégoire Mukendi (Maire adjoint), Jean-Henri Kinda (Conseiller municipal), Félix Bokassia (Conseiller municipal), Dario Maleme (Conseiller
municipal), Félicien Ndombele (Conseiller municipal), José Nzolani (Conseiller
municipal), Colette Ilunga(Conseillère municipale), Bernadette Shungu (Maire
adjointe), Claire Tawab (Maire adjointe), Jean-Claude Makengo (Maire adjoint)
et David Onakaya-Menge (Conseiller municipal).
On espère que la contribution
de tous ces élus sera d’une haute facture aux résolutions des problèmes qui se
posent actuellement au Congo-Kinshasa, leur mère patrie.
Robert Kongo, correspondant en France
© Le Potentiel
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